De retour de Sardaigne, je débarque à Genève dimanche et ne lis qu'hier le récit de la manifestation avortée de l'UDC à Berne. Je n'ai nullement le sentiment que la Suisse est à feu et à sang. Les photos que me livre la presse ne me donnent nullement l'impression d'émeutes. Avons-nous donc la mémoire si courte?
Les manifestations anti-G8 sont-elles oubliées? Au début des années 80, les mouvements de jeunes à Lausanne, Berne, Zurich ou les manifestations contre l'installation des fusées américaines Pershing en Allemagne face aux SS20 que les Soviétiques pointaient sur le vieux continent, sans remonter à Mai 68 ou aux manifestations contre la guerre au Vietnam ou contre les régimes dictatoriaux en Espagne ou en Amérique du Sud avaient autrement secoué la Suisse.
Quant à la xénophobie, les initiatives Schwarzenbach contre la surpopulation étrangère, dont la première avait mobilisé 75% du corps électoral au tout début des années 70 ont tenu le peuple suisse en haleine durant des années, sans jamais réussir. C'est donc une injure que de qualifier la Suisse et les Suisse de xénophobes.
Même s'il tient le haut du pavé et prend les médias en otage, non sans innovation et talent, l'UDC reste jusqu'à preuve du contraire un parti démocratique. Et Blocher, pas plus que Mörgerli, s'ils ont parfois la morgue des dictateurs, n'en sont.