Atterrissage (09/10/2007)
De retour de Sardaigne, je débarque à Genève dimanche et ne lis qu'hier le récit de la manifestation avortée de l'UDC à Berne. Je n'ai nullement le sentiment que la Suisse est à feu et à sang. Les photos que me livre la presse ne me donnent nullement l'impression d'émeutes. Avons-nous donc la mémoire si courte?
Les manifestations anti-G8 sont-elles oubliées? Au début des années 80, les mouvements de jeunes à Lausanne, Berne, Zurich ou les manifestations contre l'installation des fusées américaines Pershing en Allemagne face aux SS20 que les Soviétiques pointaient sur le vieux continent, sans remonter à Mai 68 ou aux manifestations contre la guerre au Vietnam ou contre les régimes dictatoriaux en Espagne ou en Amérique du Sud avaient autrement secoué la Suisse.
Quant à la xénophobie, les initiatives Schwarzenbach contre la surpopulation étrangère, dont la première avait mobilisé 75% du corps électoral au tout début des années 70 ont tenu le peuple suisse en haleine durant des années, sans jamais réussir. C'est donc une injure que de qualifier la Suisse et les Suisse de xénophobes.
Même s'il tient le haut du pavé et prend les médias en otage, non sans innovation et talent, l'UDC reste jusqu'à preuve du contraire un parti démocratique. Et Blocher, pas plus que Mörgerli, s'ils ont parfois la morgue des dictateurs, n'en sont.
08:07 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Le problème avec les dicateurs, c'est que pour savoir s'ils en sont, il faut les mettre au pouvoir.
Écrit par : Séraphin Lampion | 09/10/2007
Cher Monsieur l'anonyme, Je vous remercie de votre commentaire. Permettez-moi deux remarques. En général, un dictateur prend le pouvoir et tient un discours en conséquence. Citez-moi un fait ou une parole qui démontre que les chefs de l'UDC ont cette intention. Et merci de bien vouloir vous identifier ou m'indiquer par courriel une bonne raison de conserver l'anonymat.
Écrit par : Jean-François Mabut | 09/10/2007
Je crois que beaucoup de personnes ont intérêt à garder l'anonymat s'ils ne veulent être aspérgés de lettres d'insultes et de coups de fils désagréables. Cela est arrivé à l'un de mes amis qui c'était inscrit sur votre blog. Car je crois qu'il y a des fuites à la TDG. Donc si vous voulez des blogs "animés" et qui reflétent réellement ce que pensent les gens il vous faut accepter l'anymat.
Bien à vous,
Anonyme
Écrit par : anonyme | 09/10/2007
Cher Rédacteur. Confirmation nous est donnée encore une fois que vous êtes un journaliste atypique, car en mesure de transmettre vos observations en prenant "de la hauteur et de la distance". Hélas, ce sont vos pairs de la plupart des médias qui jouent la caisse de résonance et favorisent ainsi le climat pourri en ce magnifique automne. Dans une démocratie vivante, il y a forcément des événements et des idées qui plaisent ou déplaisent, mais tous font progresser le pays. Tant les politiques que les médias doivent s'en accommoder et nourrir le débat qui en résulte, mais avec objectivité et sang-froid, tel que vous savez le faire. D'autres, visiblement, préfèrent le chaos....
Écrit par : Paul Marbach | 09/10/2007
Il me semble surtout que le système suisse n'est pas fait pour être bi-polaire.
Or la virulence des campagnes, de part et d'autre d'ailleurs, tend à conduire la Suisse vers ce système.
Il n'y a que le monde anglo-saxon qui puisse fonctionner sur la bi-polarité car il fait bastraction des dogmes.
La bi-polarité est réservée aux pragmatiques, à ceux qui prennent les faits pour seule règle de fonctionnement.
Partout ailleurs, il faut de la nuance, une approche plus fine, mieux "faite sur mesure", pour permettre à chacun de trouver un parti qui convienne à sa propre sensibilité.
Si la Suisse quitte le multi-partisme, il y a de très fortes chances pour qu'elle vole en éclats.
Ses composantes "ethniques" ne sont pas faites pour cohabiter pacifiiquement. la preuve nous nous sommes copieusement envoyé des troncs d'arbres à travers la figure avant de comprendre que cette voie était sans issue.
Si cela a été possible c'est bien grâce à deux éléments indisociables de la Suisse. Le respect des minorités et le respect de l'autre. Le tout au travers du fédéralisme.
On constate que les choses vont mal depuis que, précisément, la majorité ne respecte plus les deux minoritaires et que, d'autre part, un mouvement centralisateur s'est mis au travail.
La Suisse est peut-être bien à la veille de sa descente aux enfers si les Suisses ne veillent pas très attentivement à la préservation des ingrédients évoqués ci-dessus.
Pour ce qui est de Monsieur MABUT, je crois bien pouvoir dire que c'est l'un des meilleurs esprit critique que la politiique suisse ait à disposition en ce moment. Avec toujours une pointe d'ironie qui rend ses propos plus lisibles car plus compréhensibles par tous.
Dans une démocratie telle que la nôtre la clé est la communication, Sans communication intense à l'intérieur du système, il se met à tourner carré!
Merci pour ce nouveau journalisme interactif qui nous montre chaque jour que la démocratie est plus que vivante dans ce pays, et c'est tant mieux!
Écrit par : post lux tenebras | 09/10/2007
A l'attention du post précédent, on dit: "post lucem tenebras" (post+ accusatif).
Ceci étant, pour parler plus sérieusement (et je suis désolé de garder l'anonymat, mais ma profession ne me permet pas de m'exprimer librement), si on ne reconnaît pas chez Blocher et consors des relents clairement facistes et autoritaires (je pèse mes mots, étant docteur en science politique), alors où va-t-on?!?!? Il faut vraiment être constipé du cerveau et des yeux pour n'y voir que de joyeux trublions populistes! HEUREUSEMENT que le système politique suisse est fragmenté et proportionnel, sinon, nous serions dirigés par une clique majoritaire de machistes, autoritaires, racistes et intolérant qui nous imposeraient des lois de préférence nationale et de ségrégation à peine supportables!
Monsieru Mabut, en bon démocrate que vous vous voulez, pensez-vous vraiment que Blocher et Cie ont le même amour que vous de la démocratie et des droits de l'homme?
Écrit par : encore un qui essaye de parler latin... | 09/10/2007