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Politique - Page 156

  • De bonnes raisons d'être contre la 5e révision de l'AI?

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    Samedi dernier, c'était, outre le 20e des Caves ouvertes à Genève, une journée d'action contre la 5e révision de l'AI. Je suis tombé tardivement sur le communiqué du comité contre cette révision et vous en livre ici l'essentiel. Intéressant, non!?

    Depuis sa création en 1960, l’assurance invalidité a pour mandat de réintégrer les personnes handicapées dans le monde du travail plutôt que de leur verser une rente. Au lieu de se demander pourquoi les Offices AI n’ont pas réussi à remplir ce mandat, la 5e révision LAI propose de doter cette infrastructure d'un demi-milliard supplémentaire et d'augmenter de manière unilatérale la pression sur les personnes handicapées. En l'absence de mesures concrètes et efficaces pour augmenter les places de travail pour les personnes handicapées, l'intégration restera un vœu pieu. Les personnes handicapées veulent s’intégrer dans le monde du travail et se battent au quotidien pour vivre de manière autonome. Il est choquant de constater que même auprès des employeurs publics la proportion de personnes handicapées employées par les administrations fédérale et cantonales est dérisoire : Confédération : 45'000 fonctionnaires – 215 postes de travail pour personnes handicapées. Pourcentage des employés handicapés dans l’administration cantonale : Fribourg : 0.2% sur 4'900 employés, Genève : 0.9% sur 13'637 employés, Neuchâtel : 0.8% sur 2’400, Valais 1% sur 3'200 employés. La 5e révision LAI ne prévoit aucune mesures incitatives ou contraignantes pour les employeurs, c’est pourquoi les personnes handicapées et toutes leurs associations refusent cette réinsertion-alibi qui ne leur offrira finalement ni travail, ni rente.
  • Aie, l'AI se casse la figure

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    Les quelque 130 invités des Syndicats patronaux ont failli attendre lundi soir l'arrivée de Pascal Couchepin. Le conseiller fédéral en tournée pour défendre la 5e révision d'une Assurance invalidité surendettée en raison de l'explosion du nombre des invalides psychiques devait simultanément être sur le plateau de Leman bleu et au 98 rte de Saint-Jean. Mission impossible. Le Conseiller fédéral a évidemment choisi les feux de rampes avant de venir discourir devant un parterre acquis à sa cause. Une prestation sans contradicteurs, ni du côté des handicapés, qui réclament des quotas d'embauche, ni de celui de l'UDC qui tire à vue sur les abus.

     

    Jouant les Monsieur Loyal, Michel Barde fit donc patienter l'assistance en passant la parole à Blaise Matthey, son successeur à la tête de la FER, et le ministre de l'économie et de la solidarité François... Longchamp. Tous deux entonnèrent des discours de circonstance. La situation de l'AI est catastrophique. Si rien n'est entrepris, la débâcle pourrait menacer l'AVS elle-même.

     

    Le message est clair. Il s'agit de rameuter les ainés pour s'assurer une victoire le 17 juin prochain. Il faut vaincre les activistes des milieux handicapés, qui en veulent plus que ce que l'économie peut offrir, et qui ont réussi à embarquer les syndicats et les socialistes dans leur référendum. Des traitres ceux là - les syndicats n'ont jamais réclamé d'introduire des quotas d'embauche dans les conventions collectives! Le mot traitre n'est pas prononcé, mais il transpire dans les propos de Pascal Couchepin. Le ministre des affaires sociales n'a toujours pas avalé le piège tendu par les socialistes et l'UDC qui, étrangement unis, ont fait capoter l'augmentation temporaire du financement  de l'AI concocté par les partis centristes.

     

    Reste que la situation est objectivement grave. L'AI a vu le nombre de ses rentiers passer de cent mille en 1990 à 260'000 aujourd'hui. Des rentiers toujours plus jeunes de surcroit, pour qui il faudra dépenser un million de francs pendant 35 ans, avant que l'AVS ne prenne le relais. Intolérable. D'où le thème répété de la 5e: la réinsertion prime sur la rente. Il faut certes lutter contre les abus, mais il faut surtout remettre les invalides au boulot et faire quelques économies. Puis, cette étape franchie, revenir aux Chambres avec une hausse temporaire de la TVA (on parle de 0,7%) pour renflouer le trou de 10 milliards qui augmente au rythme de 4 à 5 millions par jour.

     

    Mais pas question pour les patrons d'instaurer des quotas d'embauche pour les handicapés. Le droit opposable à l'emploi cher à Sarkozy n'est pas la tasse de thé des patrons d'ici. "Il faut compter sur la culture de responsabilité sociale des entreprises suisses", veut parier Pascal Couchepin, qui craint tout de même que les entreprises passées en mains étrangères n'héritent pas de cette culture. Pas question non plus, histoire d'encourager l'emploi des handicapés, d'alléger les charges sociales des entreprises ou de subventionner les emplois handicapés sur le modèle des jobs à mille francs de la conseillère écologiste zurichoise. Ces deux propositions n'ont même pas été évoquées lundi soir.

     

    La Suisse est championne des pays de l'OCDE en matière de réinsertion, ont martelé les débatteurs. Il n'y avait personne pour les contredire. Pourtant la France, l'Italie ou l'Espagne afficheraient des taux d'embauche des handicapés supérieurs au nôtre, prétend le radical non aligné Charly Schwarz. Un propos que semble confirmer Claude Fontaine de l'Assuas. Y aurait-il anguille sous roche? Attrapé au vol, Pascal Couchepin promet de s'informer. Blaise Matthey conseille de s'adresser à l'OFAS. Madame Nicoletta Cacitti de l'Office cantonal de l'AI explique qu'il ne faut pas confondre les invalides qui ont droit à une rente partielle ou totale de l'AI et des handicapés qui peuvent tirer un revenu entier de leur activité. Par exemple, un aveugle dans un Call Center ou une dactylo en chaise roulante.

     

    Certes, n'empêche que le doute s'installe. La 5e révision de l'AI n'apparait soudain pas aussi simple que ses défenseurs le disent. La bonne volonté des patrons, notamment ceux des PME, qui parfois s'entendent avec les syndicats pour mettre les travailleurs usés à l'AI, suffira-t-elle à inverser la tendance d'une société malade? La détection rapide des risques d'invalidité et la mise en branle simultanément des outils de l'assurance chômage, des aides sociales et de l'AI va-t-elle réellement permettre le retour à l'emploi? François Longchamp veut y croire lui qui vient de lancer un projet pilote à Genève.

     

    Et qu'en est-il des travailleurs valides qui souvent prennent sur eux les absences ou les pertes de rendement de leurs collègues handicapés? La nouvelle loi leur donne-t-elle un quelconque avantage? Il n'en fut pas question non plus au siège de la Fédération des entreprises romandes.

    Selon un sondage SSR/Gfs du 11 mai, 43% des électeurs sont favorables à la révision et 32% s'y opposent. La proportion d'indécis est de 25%.

     

  • Massimo, Monsieur Minaret et les nains de jardin à Infrarouge

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    Stupéfiant débat mardi soir à Infrarouge sur la question des minarets. Mais quelle mouche a donc piqué les managers de notre TV nationale pour donner une pareille tribune à l'Union démocratique fédérale, un parti insignifiant en Suisse romande et totalement inconnu à Genève? Comme l'a écrit un internaute forcément (?) anonyme cité à l'écran au début de l'émission, hier soir, j'ai eu honte d'être suisse.

     

    Massimo Lorenzi qui regardait sa montre sans arrêt, impatient vraisemblablement que cette mascarade se termine, n'a pas facilité le débat en censurant d'emblée le secrétaire de l'UDF. Son principal argument contre les minarets était la réciprocité que les pays musulmans n'offrent pas aux églises chrétiennes.

     

    Si le casting du côté de ceux qui veulent inscrire dans la Constitution suisse (on rêve) l'interdiction des minarets était inquiétant, il n'était guère plus heureux du côté des défenseurs de l'identité musulman. La télévision n'avait invité que des croyants: trois musulmans et un apparatchik catholique. Pas un seul politique pour défendre l'état de droit. Tariq Ramadan, venu de son Université d'Osford où le Genevois enseigne l'islamologie, s'est donc retrouvé défenseur des libertés fondamentales et de la laïcité. L'intellectuel (c'était hélas le seul sur le plateau) balançait entre la consternation et l'amusement.

     

    Que répondre en effet aux arguments surréalistes des nains de jardin? "L'islam c'est la guerre", a déclaré Christian Waber, conseiller national UDF. Son français l'a-t-il trahi ou a-t-il révélé sa pensée profonde? "L'islam est incompatible avec l'état de droit en raison du statut d'infériorité dans lequel il tient les femmes", a tenté de plaider Maximilien Bernhard, président de l'UDF Vaud. Et tous les nains d'affirmer en choeur: "Nous sommes libéraux car nous vous avons permis de manifester sur la place fédérale".

     

    Tariq Ramadan, Erwin Tanner, secrétaire du groupe "Islam" à la Conférence des évêques suisses, Hafid Ouardiri, ancien porte-parole de la mosquée de Genève, et Hedia Renggli, une Helveto-tunisienne (la seule femme sur le plateau) ont eu beau expliquer qu'un minaret n'est qu'un signe distinctif et rien d'autre et qu'il est fou, tout de même, de voir dans les 350'000 musulmans du pays des islamistes, terroristes en puissance.

     

    Rien n'y a fait. Le 11 septembre est passé par là, explique Massimo Lorenzi. Et le journaliste décidément bien mal inspiré de se faire l'interprète des antiminarets: je vous pose deux mauvaises questions, dites-nous, M. Ramadan: êtes-vous d'abord Suisse ou musulman? Et le Coran, est-il compatible avec notre Constitution? Ramadan répond évidemment que le Coran prescrit de respecter la loi du pays (Ce qui ne manque pas de sel quand la loi est la charia).

     

    Avec ces deux questions. on atteint le sommet d'un nouveau Kulturkampf. Au XIXe siècle, durant la guerre du Sonderbund, on accusait les catholiques d'être plus fidèles au Pape qu'à la Suisse. Et vers la fin de ce même siècle, à Genève, le régime radical a fait fermer pendant une génération les églises restées fidèles à Rome. C'est de ces événements qu'est né le parti catholique conservateur, devenu après fusion avec la branche chrétienne-sociale le parti démocrate-chrétien. Sera-t-il nécessaire que les 350'000 musulmans créent le parti démocratique islamique pour être enfin considérés comme des citoyens suisses à part entière?

     

    Pourquoi tant de haine? L'anti-islamisme est-il du racisme? Ramadan le pense à demi-mot. "Entre vous et moi déclare-t-il, un rien menaçant, aux antiminarets, il y a le droit." 

     

    La lecture des nombreux courriels et sms, presque tous anonymes, qu'on peut lire sur le site de la TSR fait froid dans le dos. Est-ce le fidèle reflet de l'opinion suisse sur les musulmans? Je n'ose le croire. Pas plus que le choix des débatteurs d'hier soir était le fidèle reflet des Suisses.