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Politique - Page 159

  • Hold-up électoral

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    "Ce fut une double victoire : celle de la démocratie sur elle-même ; et contre ses extrêmes." écrit Jean-Marie Colombani dans le Le Monde de cet après-midi.

    Certes les Français se sont déplacés en masse. Et sur ce point, nous autres Suisses, qui avons tué le rituel des urnes au profit d'un banal pli postal, avons quelques leçons de civisme à prendre.

    En revanche, question démocratie, l'Hexagone nous a offert le plus bel hold-up de suffrages de son histoire. Car le résultat des urnes ne reflète que bien mal la diversité politique du pays. Au point qu'on peut se demander si le scrutin de 2002 n'a pas peint une France plus réelle que celui d'hier. Le vote utile dont se réjouissent les vainqueurs du jour - on les comprend - signifie tout simplement que des millions de Français ont en fait renié leur choix initial, et ce en raison d'un système électoral fabriqué pour favoriser l'affrontement.

    Le scrutin parlementaire à venir du mois de juin produira de la même manière une caricature politique de la France. Et favorisera préalablement les tractations obscures entre les deux grands partis. Ce sont eux qui vont distribuer les investitures et les circonscriptions gagnantes aux fidèles des champions du jour, ne laissant que quelques miettes, chèrement payées, aux partis minoritaires devenus leurs vassaux.

     

  • La racaille et les accidentés de la vie

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    La force tranquille, la fracture sociale, la France d'en bas, quelle est le poids électoral d'un slogan qui fait mouche? A ce petit jeu des petites phrases, il faut bien l'admettre, Sarkozy tient la corde. La racaille, les accidentés de la vie et le ministère de l'identité nationale lui ont permis de récupérer 5 à 6 points sur l'extrême droite.

    Quels mots lui permettront-ils de séduire les électeurs centristes? La France qui gagne? La France qui travaille? L'Europe qu'il n'a pas citée hier soir, contrairement à Ségolène Royal qui en a fait le socle de la grandeur future de la France?

    La France fraternelle? La France qui croit en l'avenir? Les paris sont ouverts. En l'état le slogan sarkozyste "Ensemble, tout devient possible" (c'est bien ce que d'aucuns craignent) et le royaliste "La France présidente" (qui ne veut rien dire) n'ont pas fait tilt.

  • Qui sont les électeurs de Bayrou?

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    Qui sont les électeurs de Bayrou et pour qui vont-ils voter le 6 mai? Sarkozy ou Royal? Deux questions qui détermineront l'avenir de la France.

    Ils sont pour une partie membres ou proches de l'UDF. Un parti créé en 1978 par Lecanuet et Servan-Schreber dont Giscard d'Estaing fit son beurre. Ce fut le mariage de raison entre des centristes hétitiers de la démocratie chrétienne (dont les Français Lamennais au XIXe siècle, Maritain et Mounier au début du XXe ont été le précurseur et les penseurs) et des libéraux bercés par l'idée du progrès et de l'Amérique démocratique et égalitaire. Un parti indépendant des églises catholiques et protestantes, mais dont les membres sont des croyants actifs. Mariez, à Genève, le PDC et la branche humaniste des libéraux et vous aurez une UDF à la genevoise.

    A ce fond commun idéologique, se greffent en fonction des opportunités, de l'histoire, du charisme d'un homme ou de la détestation d'un autre, des franches de population séduites par l'idée que la politique est au fond plus affaire d'équilibres dynamiques que de confrontations. Que la recherche du compromis n'est pas détestable, mais au contraire gage de bien commun, de paix et de justice. Que le clivage gauche droite n'a pas de sens à l'heure où, la planète a pris la dimension d'un village.

    Certes la propriété du capital détermine encore et pour longtemps le pouvoir réel qu'un homme ou un clan peut exercer sur ses semblables. En ce sens il nourrit l'opposition classique gauche droite. Mais le capital intellectuel et créatif, qui aujourd'hui fabrique plus de valeur que la possession de la terre ou des usines, ne s'hérite pas, ne s'accumule pas ou difficilement, ne crée pas des dynasties, est foncièrement démocratique.

    La population "éclairée", la classe moyenne de petite fortune, souvent décriée, car parfois petite bourgeoise, apeurée par la mondialisation, mais de bonne volonté et même consciente qu'un effort de solidarité est indispensable pour qu'émerge un monde plus juste vote Bayrou. Plus soucieuse de redistribuer les fruits de la croissance, elle votera Royal. Plus encline à créer les conditions de la croissance économique, elle votera Sarkozy. La différence est au fond infime.

    Voilà pour la tête. Mais on vote aussi avec ses tripes, selon sa famille, sa culture, ses atavismes. Flirter avec le camp adverse et aussitôt vos frères vous traitent de traitre. Les clés de l'élection du 6 mai sont dans les mains des élus UDF. Leurs électeurs basculeront dans un camp ou dans un autre en fonction des sièges au Parlement que les socialistes ou l'UMP accepteront de céder aux centristes, car le système majoritaire est cruel pour les minorités.