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Politique - Page 162

  • Chapeau, les Savoyards!

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    17h45. 76% de participation en Haute-Savoie à 16 heures, selon les premières confidences. Dix minutes plus tard, la Préfecture confirme dans un communiqué: 76,27%. Exceptionnel, s'exclame un collègue frontalier! C'est vingt points de mieux qu'en 2002 renchérit sa collègue, également fontalière. En 2002, la participation en Haute-Savoie plafonnait en effet à 56,4% pour atteindre finalement 72,7%.

    Question: à qui profiteront les suffrages de ces ex-abstentionnistes? Les avis divergent, mais Bayrou sort en tête des avis dans notre salle d'édition.

  • La France, démocratique?

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    La France élit son président de la République. L'image ci-dessus présente la première page des tracts des douze candidats, distribués au Français cette semaine et disponibles dans les bureaux de vote qui viennent de s'ouvrir. Quatre pages pour faire la France, quelle indigence. Après le déferlement médiatique d'une campagne électorale trop longue et bien ennuyeuse, qui n'a manifester aucune stature, je serais tenté d'écrire: "Plus ringard tu meurs!"

    Extraordinaire, tout de même, cette démocratie tout entière suspendue au choix d'un seul homme, sensé incarné la Nation. Prodigieux raccourci que d'imaginer qu'un seul être peut, le temps d'une législature ou de deux, résumer l'idée de la France et la diversité des Français. Il n'y a guère que les Marianne en plâtre, à l'effigie de stars figées dans leur jeunesse, pour manifester une telle quintescence.

    Quel autre pays abandonne-t-il sa destinée au verdict des urnes d'un seul dimanche de printemps? Aucun. Tous, à ma connaissance, tempèrent l'élection du président ou du premier ministre au choix préalable ou séparé d'une majorité parlementaire. La France fait le contraire. La France nous donne-t-elle une leçon de démocratie (Je n'ajoute pas participative car ce serait créer un pléonasme)? Elle en est convaincu. En fait, elle joue avec le feu du populisme.

     

  • Le ministre des finances de Bayrou à Genève

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    Quand on a été directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy, en 1981, au temps des nationalisations, puis père de deux plans de redressement réussis (c'est lui qui le dit), en 1982 et 1983, mais imposés par la discipline des règles internationales encore en vigueur (dévaluation et pression du FMI). Quand on a été patron successivement de Stern, Suez et l'UAP puis redresseur du Crédit lyonnais à coups de montages financiers acrobatiques et de milliards de fonds publics, quand on continue de fréquenter les allées des pouvoirs, on en connait un bout sur les maux de la France. Jean Peyrelevade était hier soir à Uni Mail un observateur de cette France qui "est le seul pays au monde à se dire majoritairement antilibéral", un expert engagé (il sera ministre des finances du gouvernement Bayrou), à six jours du premier tour de la présidentielle.

     

    Pour la France, sa mesure première sera de forcer l'équilibre du budget. Sans délai, il faudra faire adopter une modification constitutionnelle qui donnera au Conseil constitutionnel le pouvoir de refuser un budget déficitaire.

     

    L’ami très proche du directeur général de l’OMC défend la technique budgétaire en vigueur à Fribourg qui oblige le Conseil d'Etat à tenir le déficit du ménage courant au-dessous de 2% des dépenses. Un vrai frein aux dépenses, pas une mécanique alambiquée à la genevoise, n'est-ce pas Monsieur Hiler!

     

    Notre ministre des finances était hier soir à Uni Mail, avec son compère François Longchamp, des auditeurs silencieux d'un discours de rigueur. Mais très distancié des préoccupations du commun des mortels. Quand on a brassé des milliards, on a vraisemblablement de la peine à vivre les affres des chômeurs ou celles des PME sous-traitantes des sociétés cotées en bourse, seules dignes d'intérêt aux yeux de Peyrelevade.

     

    Pour le reste, dit le professeur d'économie, auteur du Capitalisme total, « il faudra remettre les Français au travail ». Championne de la productivité calculée à l'heure, la France est dernière de la classe des grands pays en termes de productivité par tête d'habitant, « parce que les Français ne travaillent pas assez ». C’est 30% de moins que les Américains. Quant au chômage, c'est avant tout un problème de formation. De charges aussi qui pèsent exagérément sur les entreprises. Peyrelevade propose de les financer par des prélèvements directs sur les revenus et fait feu sur le projet sarkozyste de TVA sociale.

     

    Troisième facteur des années de chômage, le baby boom de l'après-guerre qui heureusement va prendre fin. Déjà plusieurs secteurs de l'économie, le bâtiment, la restauration sont en panne de main-d’oeuvre qualifiée. Quant à la mondialisation, ce n’est pas un mal nécessaire, c’est un bienfait qui tout au plus pourrait être ça et là tempéré. « On en peut pas tolérer que trois milliards d’êtres humains vivent avec deux dollars par jour. »

     

    Sur le plan international, il faudra taxer les carburants des navires et des avions qui naviguent franc d'impôt et même franc d'impôt sur les sociétés, ce qui donnera un petit coup de frein à la mondialisation, bonne par ailleurs. Il faudra réguler la « prétention insensée » des actionnaires qui continuent de réclamer des rendements de 15% sur fonds propres, impossible à réaliser à long terme, en relançant l'épargne salariale. Il faudra harmoniser la fiscalité ou plutôt il faudrait car Peyrelevade ne croit pas trop pouvoir écorner la souveraineté nationale à ce sujet: « Avant de viser la Suisse (pas un mot direct sur la concurrence fiscale), mes amis socialistes feraient bien de s'en prendre au statut fiscal des non résidents sur la place de Londres. »

     

    Sur le long terme, la vieille Europe, qui fait aujourd'hui jeu égal avec les Etats-Unis (chacun environ un quart de la richesse mondiale), sera dans 50 ans devancée par la Chine, qui sera redevenue la première puissance économique du monde (comme au XVIIIe siècle avec 28% du PNB mondial). Suivie des Etats-Unis (25%) et de l'Europe, dont le PNB ne pèsera plus que 17%, autant que celui de l'Inde.

     

    Et le pétrole? Peyrelevade affiche une foi inébranlable: « On aura trouvé à le remplacer par d'autres sources d'énergie! » Et la gouvernance mondiale? « Il faut créer une OME (organisation mondiale de l'environnement) dotée, comme l'OMC, de pouvoirs de sanctionner ceux qui ne respectent pas les règles. » Et l'OIT devrait-elle aussi pouvoir sanctionner les entreprises qui emploient des enfants? Sur ce point la conviction de gendarmer le monde de l'inspirateur de la politique économique du candidat démocrate-chrétien français fut plus molle. « A partir de quel âge peut-on parler de dumping social? »