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Politique - Page 164

  • Votez ERO!

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    Savoir gérer une ville n'est pas à la portée du premier venu. L'idée de confier cette tâche délicate à des élus pas formés, pas testés, peu ou pas expérimentés fait partie de ces scories que trimbalent la politique. Comme s'il suffisait pour être génial de recueillir un maximum de suffrages d'une population, dont un membre sur trois n'a pas le droit de vote et deux électeurs sur trois s'abstiennent.

    Il faut que ça change! Place au City Manager! Affaires publiques, le magazine de la nouvelle gestion publique nous dit comment. Il faut nommer un ERO (entraîneur, rassembleur, organisateur). En deux mots un véritable professionnel, pas le premier quidam venu, un patron au charme fou, capable de nous faire avaler des couleuvres, beau parleur évidemment et doté de pouvoirs quasi discrétionnaires et d'une bourse bien garnie. Le ERO est l'homme ou la femme de l'art, à qui les édiles sont priées de confier les clés du centre-ville. Sa mission, relooker, en français faire tout beau, tout joli le coeur de la cité, avec cette touche de personnalité qui le propulsera au sommet des charts (pardon du palmarès) de la Star Ac des cités branchées.

    Je renvoie les amoureux des détails en pied de ce billet où je cite quelques extraits de l'article "City Management". Lausanne a son city manager, Genève y songe (le radical Michel Ducret a déposé une motion à ce sujet le 25 juin 2001. Le 24 janvier dernier, la motion était toujours pendante devant la commission de l'aménagement et de l'environnement).  Dieu nous en préserve donc. Dans le genre "institution qui ne sert à rien", la Cour des comptes suffit.

    Deux questions à ce stade.

    1) La démocratie à la sauce helvétique est-elle compatible avec ce genre de mini-dictateurs technocratiques éclairés?

    2) Nos édiles municipaux sortants et futurs sont-ils prêts à céder encore un peu de leur pouvoir, eux qui n'en ont guère et qui sont déjà passablement corsetés par les lois cantonales et fédérales et l'exécution tatillonne de l'armée des fonctionnaires chargés de les mettre en oeuvre?

    Prochaine idée pour faire des économies: placer des statues de cire autour de la table des conseils administratifs à la phyisionomie de nos cinq maires urbains.

    City Management
    Effet de mode ou tendance lourde

     

    in Affaires publiques no 1/2007, cp 56151211 Genève 11.

     

    (...) Au-delà des grands principes évoqués plus haut, le City Management, c'est d'abord le City Manager. Celui-ci est la cheville ouvrière, le moteur du centre-ville et de sa revitalisa­tion. Ce «ERO» - Entraîneur, Rassembleur.Organisateur - du centre-ville doit avoir des aptitudes de leader, il doit savoir questionner, écouter et déléguer, il doit être visionnaire, capable de gérer dans l'adversité et promouvoir le changement. II n'existe actuellement pas de profil type du City Manager. Se dégagent néanmoins trois types de formation: juriste, économiste, géographe. II s'agit pour lui de développer un réseau d'acteurs favorisant le développement du centre-ville; de créer des lieux d'échange et de concertation entre tous ces acteurs; de donner un avis objectif sur les grandes orientations prises par le secteur public en matière de gestion urbaine; de développer un environnement urbain favorable aux investisseurs et aux utilisateurs. Par sa nature transversale aux secteurs d'activité traditionnels, le City Management semble être l'expression d'un diagnostic pertinent: les belles idées restent trop souvent à l'état d'idées, faute d'une coordination efficace entre services, d'une bonne communication entre édiles et acteurs clés de la société civile, voire d'un consen­sus politique. Mais favoriser l'interaction entre services, puis entre services et acteurs privés, ne suffit pas. Nous avons dit plus haut que l'un des enjeux, ambitieux, en matière de gestion de centre-ville consistait à savoir faire une place à l'innovation. Quatre défis attendent ainsi les City Managers. Le premier est le poids des traditions et des cultures propres à chaque métier, public ou privé. Un métier reconnu comme tel - architecte, ingénieur ou commerçant - représente un mode de pensée propre, qui distribue les pouvoirs et stabilise les relations à l'interne de chaque métier. Dit simplement, une structure corporatiste a horreur du changement. Malheureusement, une interaction efficace entre métiers n'induit pas forcément une meilleure attitude face au changement. Le deuxième défi est lié au degré de dépendance du City Manager à l'égard du pouvoir qui le mandate. Faire preuve d'initiative face à tant d'acteurs présuppose une réelle liberté de manoeuvre, liberté qui ne saurait se déployer dans les tréfonds d'un organigramme communal en forme de pyramide. Le troisième défi réside dans le développement viral des principes du «New Public Management» dans les administrations publiques: les pires ennemis de l'innovation sont la planification stratégique outrancière et l'obsession du reporting, attisée par les cabinets d'audit financier. Ce type de reporting et de planification peuvent constituer un non-sens dans le cadre d'une démarche innovante, qui par nature est itérative et donc peu prévisible. Le quatrième défi, lié à l'idée d'innovation, est pour le City Manager de faire admettre qu'innover consiste à partir d'un concept duquel se déduit l'agencement de nouvelles connaissances qui ne correspondent ni aux compétences traditionnellement présentes dans la commune, ni à l'organigramme de cette dernière, ni aux procédures prévues. Or, nous avons majoritairement tendance à penser que c'est la présence de connaissances organisées et de compétences cristallisées dans des cahiers des charges précis qui potentialise l'innovation: c'est l'inverse.

     

    L'innovation peut certes s'organiser, mais selon d'autres modèles. S'il veut innover et durer, le City Management devra développer des outils pour relever ces quatre défis.

     

    Nicolas Babey, Christine Moichon, Marine Morvan Lembert

  • Mugny va-t-il sauter?

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    Patrice Mugny succombera-t-il à l'audit du Grand Théâtre? L'homme est habile à démontrer que l'exercice byzantin du pouvoir qui s'exerce depuis des lustres derrière les ors et la pourpre de la Place Neuve ne le concerne pas. Et qu'il n'a pas même failli à son devoir de haute surveillance. Il faut l'entendre pour le croire. Ne sont-ce pas les millions de la Ville qui font tourner l'opéra? De l'audit assassin, il ne fut donc pas question lundi soir au foyer de la Comédie, sous prétexte, a expliqué, l'animateur du débat que la salle n'avait pas eu le temps de prendre connaissance des volumineux rapports des auditeurs. On se demande comment le même animateur, quelques minutes avant sur Léman bleu, avait pu consacrer l'essentiel de son émission Genève à chaud à entendre le ministre sortant de la culture Patrice Mugny et le futur ministre de la culture Manuel Tornare gloser sur l'affaire du Grand Théâtre...

    Tornare ministre

    Manuel Tornare, futur ministre de la culture? Le magistrat aux affaires depuis huit ans en rêve assurément. Même si, toujours lundi soir, à la fin d'un débat assez soporifique, il s'est défendu de vouloir bouter son camarade vert hors du seul fauteuil qui compte en Ville, celui de la culture. "Nous voulons d'abord former une équipe", clame le socialiste, qui fut incapable d'en constituer une durant la dernière législature. "Nous parlerons casting le 2 ou le 3 mai une fois élus, ajoute-t-il le sourire gourmand. D'autant que nous voulons restructurer les dicastères de la Ville." Pascal Descaillet, qui parle plus qu'il ne laisse parler les autres, n'en saura pas plus.

    Mugny a réponse à tout

    Et les autres justement? Aucun des sept candidats présents n'a fait mine de briguer le siège du magistrat vert. Son bilan a été a peine esquissé. Maître de ses dossiers, le prince n'a eu aucune peine à contrer les faibles attaques de ses adversaires: trop chères les fêtes populaires? Pas du tout! Trop administratif son département? Oui si l'on considère que le cordonnier du Grand Théâtre et tous les techniciens qui rendent possible, dans l'ombre, les expressions culturelles sont des frais administratifs. Trop dictateur le prince? 210 des 216 millions du budget de la culture sont votés par le Conseil municipal. Et les six millions restant sont alloués avec l'aval des commissions. Et ces commissions, tous des copains, non!? s'est emporté Jean-Luc Bideau. "J'ai bien l'intention de réduire leur composition" se défend Mugny qui a beau jeu de dénoncer la duplicité des "cultureux", prompts à donner des leçons, mais tout aussi prompts à se mobiliser lorsque l'on fait des choix et que l'on coupe des subventions.

     

    Voilà peut-être pourquoi si tous les candidats rêvent d'être ministre de la culture, peu espèrent réellement en endosser l'habit. Gérer la culture n'est pas une sinécure. Encore moins devant quelque deux cents personnes pour l'essentiel des profesionnels qui hier soir ont sagement bu la soupe qu'on leur a servie.

    La faute aux autres

    Feu donc sur le Conseil d'Etat qui veut renforcer le prince en lui cédant les charges et les quelque 20 millions (hors budget des écoles de musique) que le canton alloue à la culture. Il n'était pas là pour se défendre. Feu sur ces communes qui baissent les impôts, thésaurisent et refusent de financer davantage la culture. Pas là non plus. Feu sur le partenariat public privé qui, si il a été mollement défendu par Fontanet, Maudet et von Arx, reste le diable aux yeux du socialiste Tornare. Feu enfin sur le budget de la culture (une socialiste dans la salle qui n'a pas été démentie) si son augmentation se fait au détriment du social.

     

    Chacun des huit candidats présents a exposé ses mythes et son credo: le travailleur écrivain pour Pagani, les 40 théâtres du ghetto de Varsovie pour Tornare, la quête de sens pour Maudet, l'âme et la poésie de la cité pour Mugny. De passion, de coeur, de vision, personne n'a dit mot. Notre démocratie participative n'est décidément pas compatible avec le charisme de personnalités fortes.

    Accélérer le temps démocratique

    C'est peut-être pour cela que la Nouvelle comédie, la Maison des musiques de l'Alhambra, la Maison de la danse (sabordée par un référendum radical à Lancy), le Musée d'ethno au rabais et la rénovation du Musée d'art et d'histoire ne verront le jour que dans 8 à 10 ans. Dixit Mugny. Mais peut-être ne sera-t-il plus en charge et que son successeur saura accélérer le temps démocratique. Seul Pagani s'est plaint de ce temps long, rappelant que la halle 6 de Palexpo avait pu être construite en un temps record. Quand on veut on peut.

  • 49 à 193

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    La Tribune a fièrement annoncé la semaine dernière que les femmes avaient conquis la majorité des sièges au parlement municipal de la Ville de Genève. 2007 est donc une date historique dans notre République. Mais voilà quand il s'agit de partager le pouvoir* pur et dur, la gente masculine joue des coudes et ne laisse que peu de place au sexe dit faible. La gauche sur ce plan n'ayant rien à envier à la droite.

    Le dimanche 29 avril, les Genevois devront donc élire au total 137 maires et maires adjoints pour gouverner leurs 45 communes jusuq'en 2011. 193 candidats sont en lice, dont 49 femmes, soit une candidate pour trois candidats.

    Que faut-il en conclure? Que les femmes sont moins compétentes que les hommes pour gérer les ménages communaux? Que les femmes sont moins ambitieuses que les hommes? Que les hommes (boulot-auto-bistrot-dodo) ont plus de temps que leur moitié (boulot, auto, marmots, dodo) à consacrer à la chose publique? Que les affaires sont les affaires et que les affaires ça n'intéresse pas les filles? Que... (Merci de m'adresser d'autres suggestions).

    * A propos de pouvoir, on peut s'interroger sur la portée des compétences communales. A l'exception des 200 millions annuels distribués à la la culture par la Ville, le pouvoir se réduit en exagérant à peine à l'allure des guinguettes bunkerisées de la rade ou des pissotières à toutes épreuves. Certes la Ville dépense en charges courantes plus d'un milliard de francs par année et l'ensemble des 44 autres communes 726 millions de francs (voir tous les budgets ici). Mais ni la Ville ni les communes n'ont de réelles compétences en matière d'urbanisme, de sécurité, d'emplois, de protection sociale, d'enseignement ou de santé publique. Ou alors, quand elles s'en mêlent, c'est souvent pour contrecarrer l'action du canton. Et même dans leurs domaines de compétences, elles s'avèrent souvent incapables de se mettre d'accord pour doter le canton des infrastructures culturelles et sportives dignes de ce nom.