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Mugny va-t-il sauter?

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Patrice Mugny succombera-t-il à l'audit du Grand Théâtre? L'homme est habile à démontrer que l'exercice byzantin du pouvoir qui s'exerce depuis des lustres derrière les ors et la pourpre de la Place Neuve ne le concerne pas. Et qu'il n'a pas même failli à son devoir de haute surveillance. Il faut l'entendre pour le croire. Ne sont-ce pas les millions de la Ville qui font tourner l'opéra? De l'audit assassin, il ne fut donc pas question lundi soir au foyer de la Comédie, sous prétexte, a expliqué, l'animateur du débat que la salle n'avait pas eu le temps de prendre connaissance des volumineux rapports des auditeurs. On se demande comment le même animateur, quelques minutes avant sur Léman bleu, avait pu consacrer l'essentiel de son émission Genève à chaud à entendre le ministre sortant de la culture Patrice Mugny et le futur ministre de la culture Manuel Tornare gloser sur l'affaire du Grand Théâtre...

Tornare ministre

Manuel Tornare, futur ministre de la culture? Le magistrat aux affaires depuis huit ans en rêve assurément. Même si, toujours lundi soir, à la fin d'un débat assez soporifique, il s'est défendu de vouloir bouter son camarade vert hors du seul fauteuil qui compte en Ville, celui de la culture. "Nous voulons d'abord former une équipe", clame le socialiste, qui fut incapable d'en constituer une durant la dernière législature. "Nous parlerons casting le 2 ou le 3 mai une fois élus, ajoute-t-il le sourire gourmand. D'autant que nous voulons restructurer les dicastères de la Ville." Pascal Descaillet, qui parle plus qu'il ne laisse parler les autres, n'en saura pas plus.

Mugny a réponse à tout

Et les autres justement? Aucun des sept candidats présents n'a fait mine de briguer le siège du magistrat vert. Son bilan a été a peine esquissé. Maître de ses dossiers, le prince n'a eu aucune peine à contrer les faibles attaques de ses adversaires: trop chères les fêtes populaires? Pas du tout! Trop administratif son département? Oui si l'on considère que le cordonnier du Grand Théâtre et tous les techniciens qui rendent possible, dans l'ombre, les expressions culturelles sont des frais administratifs. Trop dictateur le prince? 210 des 216 millions du budget de la culture sont votés par le Conseil municipal. Et les six millions restant sont alloués avec l'aval des commissions. Et ces commissions, tous des copains, non!? s'est emporté Jean-Luc Bideau. "J'ai bien l'intention de réduire leur composition" se défend Mugny qui a beau jeu de dénoncer la duplicité des "cultureux", prompts à donner des leçons, mais tout aussi prompts à se mobiliser lorsque l'on fait des choix et que l'on coupe des subventions.

 

Voilà peut-être pourquoi si tous les candidats rêvent d'être ministre de la culture, peu espèrent réellement en endosser l'habit. Gérer la culture n'est pas une sinécure. Encore moins devant quelque deux cents personnes pour l'essentiel des profesionnels qui hier soir ont sagement bu la soupe qu'on leur a servie.

La faute aux autres

Feu donc sur le Conseil d'Etat qui veut renforcer le prince en lui cédant les charges et les quelque 20 millions (hors budget des écoles de musique) que le canton alloue à la culture. Il n'était pas là pour se défendre. Feu sur ces communes qui baissent les impôts, thésaurisent et refusent de financer davantage la culture. Pas là non plus. Feu sur le partenariat public privé qui, si il a été mollement défendu par Fontanet, Maudet et von Arx, reste le diable aux yeux du socialiste Tornare. Feu enfin sur le budget de la culture (une socialiste dans la salle qui n'a pas été démentie) si son augmentation se fait au détriment du social.

 

Chacun des huit candidats présents a exposé ses mythes et son credo: le travailleur écrivain pour Pagani, les 40 théâtres du ghetto de Varsovie pour Tornare, la quête de sens pour Maudet, l'âme et la poésie de la cité pour Mugny. De passion, de coeur, de vision, personne n'a dit mot. Notre démocratie participative n'est décidément pas compatible avec le charisme de personnalités fortes.

Accélérer le temps démocratique

C'est peut-être pour cela que la Nouvelle comédie, la Maison des musiques de l'Alhambra, la Maison de la danse (sabordée par un référendum radical à Lancy), le Musée d'ethno au rabais et la rénovation du Musée d'art et d'histoire ne verront le jour que dans 8 à 10 ans. Dixit Mugny. Mais peut-être ne sera-t-il plus en charge et que son successeur saura accélérer le temps démocratique. Seul Pagani s'est plaint de ce temps long, rappelant que la halle 6 de Palexpo avait pu être construite en un temps record. Quand on veut on peut.

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