"Ce fut une double victoire : celle de la démocratie sur elle-même ; et contre ses extrêmes." écrit Jean-Marie Colombani dans le Le Monde de cet après-midi.
Certes les Français se sont déplacés en masse. Et sur ce point, nous autres Suisses, qui avons tué le rituel des urnes au profit d'un banal pli postal, avons quelques leçons de civisme à prendre.
En revanche, question démocratie, l'Hexagone nous a offert le plus bel hold-up de suffrages de son histoire. Car le résultat des urnes ne reflète que bien mal la diversité politique du pays. Au point qu'on peut se demander si le scrutin de 2002 n'a pas peint une France plus réelle que celui d'hier. Le vote utile dont se réjouissent les vainqueurs du jour - on les comprend - signifie tout simplement que des millions de Français ont en fait renié leur choix initial, et ce en raison d'un système électoral fabriqué pour favoriser l'affrontement.
Le scrutin parlementaire à venir du mois de juin produira de la même manière une caricature politique de la France. Et favorisera préalablement les tractations obscures entre les deux grands partis. Ce sont eux qui vont distribuer les investitures et les circonscriptions gagnantes aux fidèles des champions du jour, ne laissant que quelques miettes, chèrement payées, aux partis minoritaires devenus leurs vassaux.
Commentaires
Parfaitement d'accord. On peut même se demander si les élections parlementaires ont encore un sens puisque les candidats à la présidence ont présenté des programmes qui ne laissent guère de place au travail des députés. Le Je présidentiel se substitue à l'initiative et à la compétence législative du parlement.