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Politique - Page 151

  • Les Suisses, verts de trouille!

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    Temps de bise. Difficile d'écouter ou de regarder les émissions électorales cet après-midi. Les discours sont figés, répétitifs, souvent convenus. Le ton est acerbe. Il faut attendre l'analyse des journalistes pour comprendre les enjeux politiques du scrutin.

     

    Champion du discours de la peur et reflet d'une population vieillissante, l'UDC l'emporte et devient le premier parti à Genève et dans le canton de Vaud. Dans le Jura, le parti de Blocher évince le PDC! Reste que plus de 70% de Suisses ne se reconnaissent pas dans le parti aux discours si souvent xénophobes.

     

    Surfant sur la même vague de la peur - peur du réchauffement climatique, peur des ogm - les Verts ont le vent en poupe. A Genève, il profite de la locomotive Cramer. C'est le parti socialiste qui en fait les frais, sans perdre cependant ses trois élus, et l'extrême gauche émiettée qui ne sera plus représentée à Berne. Un événement.

     

    Les trois partis de l'Entente reculent fortement. PDC et Libéraux perdent chacun près de 2,2 points par rapport à 2003, tandis que les radicaux couchent sur le faible position d'il y a quatre. Au total l'Entente bourgeoise ne pèse plus que 31,8% de l'électorat cantonal. Sa défaite au Conseil des Etats manifeste certes le manque de leaders charismatiques, mais surtout le désarroi d'une classe politique, dont le pouvoir s'amenuise, alors que la mondialisation impose sa loi. L'heure des comptes va être rude surtout pour le PDC, dont le choix des "nouveaux" Gruson et Jobin n'a convaincu personne.

     

    Quant au MCG, il ne renouvelle pas son exploit des élections municipales, malgré la croisade du député Stauffer.

     

    Voici les résultats sur la base du dépouillement provisoire des bulletins compacts et modifiés. L'Entente bourgeoise tombe à moins d'un tiers des suffrages et se voie dépassée par la gauche modérée. Et se retrouve plus que jamais devant le redoutable défi de faire alliance ou non avec l'UDC, si elle veut retrouver ou conserver la majorité politique dans ce canton.

     

     

     

     

  • A l'Italienne!

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    Que pense Claude Blanc de la création du parti démocrate en Italien, ce mariage de raison entre les ex-communistes et la gauche radicale et le flanc social de l'ex démocratie-chrétienne? Claude Blanc fut maire démocrate-chrétien de Meyrin et fit sensation dans les année 70 en s'alliant un temps avec la gauche, dont le parti du travail, pour conquérir la majorité. Sans lendemain à l'époque, la guerre froide faisait encore rage. De l'histoire ancienne.

     

    Une grosse génération plus tard, l'Italie paraît en passe d'achever sa révolution politique. Après l'effondrement d'une démocratie-chrétienne à bout de souffle, la création autour de Berlusconi de Forza Italia, parti de droite sans état d'âme, la coalition centre-gauche de Prodi, dont le pouvoir vacille en raison des tiraillements internes de ses composantes, a-t-elle enfin trouvé l'assise politique qui lui permettra de durer?

     

    Reconnaissons à l'Italie une sacrée capacité d'innovation politique. La désignation du nouveau leader du centre-gauche s'est opérée via un scrutin populaire ouvert à tous. Membres ou non d'un des mouvements du centre-gauche, tous les Italiens, les résidents étrangers y compris, ont pu participer à la désignation du nouveau chef. Résultat 3,4 millions d'électeurs et un plébiscite pour le maire de Rome, l'ex-communiste, mais très consensuel, Walter Veltroni. Exit l'alliance entre les Démocrate-sociaux et la Marguerite, place au parti uni de l'Olivier!

     

    La Suisse et ses cantons sont à cent lieux d'une pareille révolution. Les élections fédérales de ce dimanche prochain reconduiront au pouvoir une grande coalition. D'aucuns songent a bouter un Christoph Blocher trop insolent hors du Conseil fédéral, comme on sort de la classe un élève trop turbulent, mais l'UDC reste bienvenue autour de la table. Les socialistes ne parlent plus de quitter le gouvernement. Même les Verts rêvent désormais tout haut de participer au festin du pouvoir.

     

  • Un triste débat digne d'une élection municipale

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    "Nos sondages ne sont pas scientifiques. Et on peut les manipuler..." Il est près de 23 heures hier soir. Romaine Jean tente maladroitement de redresser une émission ubuesque. Le dernier des six mini-débats qui ont rythmé le grand débat électoral sur la TSR portait sur la question (scandaleuse en soi): Faut-il interdire les minarets en Suisse? Plus populiste, tu meurs! Résultat du sondage par SMS: 68% des téléspectateurs votent oui. Applaudissements de Freysinger et cris d'orfraie de ses malheureux contradicteurs, réduits au rang de faire valoir d'une émission de télé-achat, et d'une flopée de candidats à l'Assemblée fédérale, réduits au rôle de spectateurs potiches et applaudissant.

     

    Télé-achat ou télé à l'italienne. Mais la TSR n'a pas (encore) oser assumer jusqu'au bout les règles du jeu du cirque cathodique: offrir des speakers et des speakerines glamours et entrelarder les séquences de concours et de spots publicitaires. Deux-heures trente durant, la première chaîne romande a servi hier soir une soupe écœurante, un bien triste spectacle. Heureusement, une grosse majorité des téléspectateurs ont préféré les séries américaines ou la xème rediffusion du Casse sur TSR2 ou carrément se priver de télé. Un rapide sondage dans la rédaction révèle qu'ici personne n'était devant le petit écran. (Mais les journalistes ne sont pas représentatifs de la population.)

     

     

    Organiser un débat politique à la tv relève du casse-tête. L'idée de réaliser six mini-débats de 20 minutes n'était pourtant pas mauvaise. Elle a donné du rythme à l'émission. Celle d'introduire chaque question par une scénette sur le mode de la télé-achat aurait pu se révéler séduisante si les acteurs avaient été excellents. Mais la télé-achat est par définition une télé bon marché. Il fallait donc s'entendre au pire.

     

    Pas mauvaise non plus l'idée de demander leur sentiment à des témoins extraits de la "société civile" à l'issue de chaque séquence. Mais le choix des trois témoins a achevé de donner un tour caricatural à l'émission. L'entrepreneuse bernoise n'avait rien à dire (merci pour les femmes), le jeune de service s'est opportunément et habilement réfugié dans la dérision. Seul l'avocat Marc Bonnant s'est tiré de se guêpier à son avantage et sans trop forcer son talent oratoire qui est grand. En distillant dans des plaidoiries distanciées, à la limite de la suffisance et de la vacherie, une pensée somme toute bien droitière.

     

    En revanche, hautement risquée était la décision de sonder les téléspectateurs par SMS. Les questions choisies forcément simples pour ne pas dire simplistes ont favorisé la dérive populiste et rabaissé le débat au niveau d'une séance de conseil municipal ou de café du commerce.

     

    Tout aussi risquée fut le choix de retenir des thèmes "choisis" par les téléspectateurs (où sont les journalistes?). Salaire des managers, augmentation du nombre de crèches, congé paternité, interdiction des voitures polluantes, interdiction des minarets. Le ton était donné et l'UDC avait gagné.

     

    Jusqu'au propos surréaliste d'André Baud qui introduit le résultat du sondage sur les minarets par cette phrase: "On reproche souvent à la TSR d'être éloignée du peuple". Voilà le résultat. L'état zéro de la politique.