Va-t-on atteindre la barre des 30% de participation dimanche? J'entends déjà le chœurs des démocrates et sa litanie culpabilisante du citoyen qui scie la branche sur laquelle il est endormi... Mais avouez, Mesdames et Messieurs les élus, que cette fois-ci, la soupe civique est particulièrement indigeste. Je connais même une ex-conseillère municipale - 12 ans de bons et loyaux services derrière elle tout de même - qui s'apprête à voter blanc à 7 des 8 sujets soumis au vote ce 16 décembre prochaine. C'est dire l'opacité des sujets et plus encore l'incroyable jargonnage du libellé des questions et de la brochure officielle.
J'ai personnellement dû m'y prendre à deux fois pour comprendre les questions 1 et 2. Cherchant en vain l'avis d'une opposition étrangement silencieuse, je me souviens soudain que toute modification de la loi fiscale passe obligatoirement par un vote populaire, même lorsqu'il s'agit de corriger une bourde, ce qui est précisément le cas dans le sujet no 2. Et, grâce au seigneur Christian Grobet, c'est maintenant le même régime du référendum obligatoire qui s'applique aux lois sur le logement. Contesté par personne, le sujet no 3 vient donc alourdir le menu civique de ce dimanche inutilement.
Je résume donc pour les quelques citoyens que la perspective d'appartenir à la majorité silencieuse irrite, les raisons pour lesquels j'ai voté
Concocté par la droite en période de récession, le cadeau fiscal aux entreprises tombe en pleine période de surchauffe. Il a en outre été édulcoré par le Grand Conseil au point qu'il n'a plus beaucoup de sens. D'autant que le 24 février prochain , nous aurons à voter sur un paquet fiscal fédéral en faveur des entreprises autrement plus important. Et puis il n'est pas bon, s'agissant des entreprises, que les cantons se fassent concurrence.
En 2 il s'agit de corriger une bourde. En 3 de dire un amen très politiquement correct à l'encouragement aux économies d'énergie dans la construction.
La gestion genevoise du chômage (une véritable fabrique à chômeurs de longue durée) a montré ses limites et sa perversité. Il faut en changer. La nouvelle loi n'est pas la panacée (qui n'existe d'ailleurs ni en politique ni en médecine), mais elle promet un traitement plus dynamique du chômage. Tout le monde a à y gagner.
Les sujets 5 et 6 (à l'origine unis mais scindés par le Tribunal fédéral) relèvent de l'idéologie pure. Déclarer l'eau et l'électricité biens publics est louable en soi, mais exiger en conséquence que la gestion de ces biens doive échapper à l'économie de marché relève de la supercherie. Là comme ailleurs, la concurrence est un aiguillon indispensable, gage d'une meilleure efficacité économique. Ne nous privons donc pas de ces effets bénéfiques, contentons-nous d'éviter que les règles du marché soient perverties et, cas échéant, d'assurer aux plus démunis le droit d'accès à ces biens.
La justice fiscale est nécessaire. Et au fond, j'ai un petit faible pour les initiatives fiscales d'A Gauche toute. J'ai déjà eu l'occasion dans ce blog de dénoncer la campagne de la Chambre de commerce dont le slogan "les Genevois paient deux fois plus d'impôt qu'ailleurs en Suisse" est faux. Mon non est motivé par la prudence et la Realpolitik. Je ne peux pas ignorer le chantage des riches qui menacent de fuir notre minuscule République pour échapper à leur devoir de solidarité en s'installant ailleurs. Non aussi parce que l'Etat a bien assez d'argent et qu'il n'a toujours pas assez démontré sa capacité de le mieux gérer. Non enfin, car s'il faut redresser le barème fiscal, c'est en faveur des classes moyennes qu'il faudrait le faire. Encore que, tant que ces classes moyennes ne réduisent pas leurs exigences à l'égard de l'Etat, il n'y a pas d'urgence dans ce domaine.