La question peut paraître saugrenue. Pourtant qui peut dire qu'il n'y aura jamais plus de conflit nécessitant une armée et des soldats? Jadis c'était les Suisses qui fournissaient les meilleurs militaires du monde, un trafic d'humains très lucratif pour nombre de cantons de la Confédération*.
La raison de ce billet tient dans les déclarations de ce dimanche à la Sonntagszeitung du ministre de la guerre, l'UDC Maurer, en prélude à son rapport sur la politique de sécurité de la Suisse horizon 2020 attendu en décembre. L'armée va maigrir de 120'000 à quelque 80'000 troufions. Une bonne nouvelle pour les antimilitaristes qui n'ont plus qu'à siroter leur capïrinha dans leur lounge favori en attendant la mort lente de la Grande Muette. D'où vient cette soudaine conversion de l'ancien bras droit de Blocher à l'armée light?
D'un événement démographique que tout un chacun peut vérifier. Les citoyens suisses vieillissent. On sait, écrit le journaliste, parfaitement combien il y aura de jeunes conscrits en 2020 pour la bonne et simple raison qu'ils sont déjà nés. La fonte de l'armée, c'est la fonte de la jeunesse. Voilà qui ne devrait réjouir personne. D'où l'idée de préparer nos concitoyens à accepter l'idée de mercenaires étrangers dans les rangs de l'armée. On commencera par la police, comme le réclamait véhémentement l'avocat Poncet la semaine passée sur les ondes de la RSR. A moins évidemment d'établir la conscription obligatoire pour les femmes.
Monsieur Hiler devrait se faire des cheveux blancs à cette perspective démographique, lui qui laisse à son successeur aux finances les délicates tâches d'augmenter les cotisations pour renflouer la caisse de retraite des fonctionnaires et de calculer leurs rentes non plus sur le dernier salaire touché mais sur les cotisations réellement versées, ce qui est la règle de la plupart des travailleurs de ce pays.
(Le magistrat vert concède l'augmentation des cotisations au 2e pilier à la toute fin de la page que la Tribune lui consacre ce matin. Il fait par ailleurs dans le même article acte de rébellion face à Couchepin qui veut que les caisses de retraite publiques soient capitalisées à 100% comme les caisses privées.)
* Qui voudrait s'en convaincre lira avec intérêts Le mercenaire que Jacques Donzel et son fils Olivier viennent de publier et qui raconte la vie du fameux Major Davel.