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Politique genevoise - Page 206

  • Cour des comptes: l'habit fait le moine

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    Ainsi la Cour des comptes a livré ses trois premiers rapports. Quel événement! Sans mettre en doute la qualité notoire de nos trois magistrats et de leurs treize collaborateurs, force est de constater que leurs rapports auraient tout aussi bien pu (ou dû) émaner des Secrétariats généraux des Département concernés ou de leur directions financière, s'ils avaient fait correctement leur travail. Ou encore de l'Inspection cantonale des finances qui publient plusieurs dizaines de rapports par année. Rapports qui, s'ils ne sont pas publics, sont livrés aux Commissions des finances et de gestion du Grand Conseil.

     

    Mais voilà, dans notre République, il y a belle lurette que les Secrétariats généraux n'exercent plus guère leur devoir de surveillance ou que de manière routinière ou lacunaire. Pour une raison simple, la plupart d'entre eux ont en fait perdu leur pouvoir de direction et de surveillance générale des très grandes Administrations. Réduits à la fonction d'états-majors au service de la politique des conseillers d'Etat, ils se contentent de filtrer les informations qui remontent des directions. Quant à l'Inspection des finances, ses rapports sont souvent "schubladisés" par ces mêmes états-majors départementaux quand ce n'est pas par le Conseil d'Etat lui-même.

     

    L'habit faisant le moine, les Genevois ont donc créé leur Cour des comptes. Le millefeuille du contrôle a gagné une couche de crème et de biscuit. Les amendes d'ordre en seront-elles pour autant enregistrées dès demain matin avec plus de célérité et d'exactitude? Sûrement pas! Les juges ne s'attendent d'ailleurs pas à des améliorations avant 12 mois!

     

    Restent ouvertes plusieurs questions: pourquoi la Cour des comptes n'a-t-elle pas mis en cause le devoir de surveillance du Secrétariat général du Département? Pourquoi Genève doit-il réinventer la roue alors que des milliers de corps de police dans le monde sont confrontés à la même tâche de comptabiliser les amendes? N'existe-t-il pas au moins une solution suisse déjà opérationnelle dans un canton ou mieux une seule solution nationale? Le fédéralisme gagne-t-il à doter ses 26 polices cantonales, sans parler des polices municipales, de systèmes différents de comptabilisation des amendes d'ordre? Qui est responsable de répondre à cette dernière question?

     

    Et cerise sur le gâteau, quel est le coût direct (à charge de la Cour) et indirect (à charge de l'administration contrôlée) de cet audit? Pour mémoire, l'inspection des finances signalent le coût de chacun de ses rapports.

  • Trafic: la carte qui dit tout

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    La Tribune publie ce matin deux cartes du canton que l'on devrait imprimer sur les pupitres des conseillers d'Etat et des députés et leur imposer comme image de fond d'écran. A elles deux, elles en disent long sur les défis que notre canton doit affronter et sur les difficultés qu'a notre classe politique d'y faire face. Difficultés amplifiées par l'effet de contraste de l'activisme débordant du nouveau président français et les images et échos qui nous parviennent de Valencia, la belle espagnole endormie, soudain réveillée par la volonté politique de ses édiles et d'un défi suisse...

     

    La première carte illustre la charge de trafic automobile à Genève et dans sa proche région. (La deuxième carte est relative à la géographie communale, elle fera l'objet d'un prochain billet)

     

     

    Cela saute aux yeux: une grande traversée de la rade, du Vengeron à Vésenaz, est indispensable et le plus tôt sera le mieux et non en 2040 comme nous le propose le Conseil d'Etat. Un tel ouvrage permettrait de soulager les quais et de restituer à la ville un joyau environnemental et touristique que le monde entier nous envie. Mais la richesse des banques et des horlogers semblent suffire à nos autorités. Aucun investissement de ce côté, dont les retombées permettraient de financer en partie des ouvrages routiers et ferroviaires indispensables.

     

    Deuxième enseignement de cette carte: le CEVA ne résoudra que très partiellement la demande de mobilité des Genevois entre Arve et Lac (on ne voit pas les habitants du bord du lac aller à Annemasse prendre la Micheline à Cramer). Le haut fonctionnaire interrogé par la Tribune n'est guère qu'un porte-parole d'une politique idéologique d'un homme politique qui veut contraindre ses concitoyens à adopter son propre comportement.

     

    Troisième enseigment de cette carte. Il manque clairement plusieurs pénétrantes nouvelles dans le canton, du type des routes de Meyrin et de Ferney, qui offrent des accès rapides aux zones d'activités sans polluer les localités campagnardes. De Divonne à Versoix (le raccordement au futur RER du Pay de Gex?). De Viry à Bernex (sans alternative ferroviaire). De Bosset au Bachet de Pesay (le contre-projet des initiants opposés au CEVA). Du carrefour d'Etrembière à la route de Jussy (puis à la traversée de la rade, ce qui serait le tracé d'un CEVA, plus logique et probablement moins coûteux). De Douvaine au tunnel de Vésenaz (embranchement sur la traversée de la rade).

     

    Qui osera tenir ce discours concurrent à la pensée unique?

     

     

  • Genève-les-bains (des Pâquis) et Valencia

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    Je ne résiste pas à l'envie de citer le papier d'un de nos envoyés spéciaux à Valence. David Haeberli y a suivi nos politiciens locaux. C'est intitulé "Valence inspire nos politiciens". La lecture vaut tout commentaire sur les maux dont souffre Genève. A croire que le vent du large inspire les Espagnols tandis que la bise gèle nos méninges.

     

    Est-ce le sort de Vichy ou d'Evian qui attend Genève-les-bains? Ou plutôt Genève le bain des Pâquis puisqu'il est nulle part possible en ville de se baigner ou de déjeuner au bord du lac.

    (...) Il est un élément qui a impressionné les politiciens genevois autant que les performances sportives: le dynamisme politique qui a permis à Valence de se métamorphoser en quelques années seulement. «Ce qui a été fait du port est remarquable, a noté Pierre Maudet, nouveau responsable de la Voirie municipale. Les quais sont aménagés de manière très simple. Ils sont bien éclairés, bien balisés, les poubelles sont nombreuses. L’ensemble est magnifique. Cela m’inspire pour ce que j’ai envie de faire de nos quais.»
    Autre élément qui a impressionné le radical: la force symbolique avec laquelle les Valenciens ont détourné, suite aux multiples crues, le fleuve dans le coude duquel la vieille ville était lovée depuis des siècles. Une immense coulée verte a pris sa place: «Les autorités ont eu l’intelligence de consacrer cet espace de verdure à des activités culturelles et de loisir ouvertes à la population C’est remarquable.»


    «Ça fait rêver, lance Pierre-François Unger. Les Valenciens ne connaissent certes pas la même organisation démocratique que nous. Pas de Société d’art public, ni de commission des monuments et des sites. Pas de référendum. Mais la capacité de la région à se transformer profondément est incroyable. Comme Barcelone, Valence était une ville tournée vers l’intérieur des terres. Le nouvel aménagement du port pour l’America a totalement réorienté les activités vers la mer.»
    «Après Valence, Saragosse va encore démontrer, à l’occasion de l’exposition universelle, que les Espagnols savent se mobiliser pour des projets forts, reprend Pierre Maudet. J’aimerais que l’on arrive chez nous à fédérer autant d’énergies.» (dvh)