La presse est en ébullition. Les fortunés du web ou des télécoms s'achètent de grands quotidiens qu'ils sauvent de la faillite ou d'une mort lente. Les fortunés suisses ont, eux, lâché leur journal de Genève. De ses cendres, est né Le Temps. Et voilà que ce quotidien suisse de référence est en vente. Est-ce ce choix stratégique qui a décidé Éric Hoesli à présenter ce jour sa démission? Soumis à la question, il reste coi ou capable de dix minutes de langue de bois sur la RSR. Quoi d'autre sinon? La chute d'Hoesli serait la rupture d'une digue éditoriale romande contre des Zurichois forcément avides de profit comme la RSR l'affirme? Cette vision manichéenne me laisse songeur.
Les entreprises de presse, pas moins, pas plus que les autres, détestent laver leur linge en public. Les lecteurs, comme les clients, qu'on sonde régulièrement, n'ont rien à dire. La plupart ne sont pas des actionnaires. Ils se sont donc privés de la possibilité de participer aux choix stratégiques. Le serait-il qu'il faudrait qu'une majorité d'entre eux parvienne à s'unir pour peser un peu. Idéal ou utopie? Même La Cité n'a pas demandé à ses abonnés généreux leur avis sur la décision de sa direction de passer au rythme mensuel ou de placer Jean-Noël Cuénod à la barre.
Il y a, en Suise romande, un titre qui poursuit vaillamment sa course et va le 31 octobre prochain fêter ses 50 ans. Domaine Public, le périodique des sociaux démocrates suisses romands, passé en pionnier, en 2006 déjà, au tout numérique, me demande si la Tribune pourrait signaler cet anniversaire.
Par curiosité, j'ai passé au crible les événements survenus en Suisse en 1963, tels qu'ils sont répertoriés par quelques anonymes sur Wikipédia. Ça donne ceci. Une année étonnante 1963... J'attends avec intérêts vos réponses aux questions que j'adresse à ceux qui font DP aujourd'hui.
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Réaction du XIXe aux périls du XXIe
"Menacée, la presse magazine se met en grève". Le titre de mon quotidien préféré, ce mardi 22 octobre, illustre hélas que trop bien l'état de la presse française (et mondiale). La radio et la télévision, les médias du XXe siècle, n'avaient que peu érodé la domination de la presse écrite, née au XIXe siècle grâce à une invention magnifique, la rotative. La machine avait permis de multicopier, par centaines de milliers, en quelques heures, des feuilles dont l'audience ne dépassait guère celle d'une ville ou d'une province. La presse est née avec la démocratie, l'émancipation du citoyen, celle du peuple et - évolutions plus dramatiques - l'émergence du populisme et la montée de la nation et du nationalisme.
Le XXIe démarre avec une machine plus formidable encore que la rotative. Si formidable qu'elle va tuer la presse et bouleverser sans doute aussi les mass média du XXe. L'Internet, l'ordinateur et ses logiciels commandent deux révolutions: celle des éditeurs et celle des lecteurs.
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Zut, la science devient incroyable!
Dans une note récente, j'évoquais le mot prêté au patron de presse Pierre Lazareff, directeur de feu France Soir! qui n'hésitait pas à dire qu'une information fausse faisait deux informations, la fausse et sa rectification. Un jour plus tard, l'hebdomadaire britannique The Eonomist, que je télécharge deux jours avant sa parution en kiosque, fait sa une sur la science qui ment et qui ment de plus en plus, en pensée, en parole, par action et par omission, comme on disait autrefois (n'est-ce pas Anastase!).
Le mal ne frappe pas que les sciences molles dont les résultats sont difficilement reproductibles mais aussi les sciences dures comme les biosciences, assure The Economist dont le long article, désormais publié sur le net sous le titre How science goes wrong, cite plusieurs sources. Amgen, par exemple, a constaté que seulement 6 de 53 découvertes sur le cancer étaient en fait reproductibles. Or que vaut une science, donc une connaissance, que l'on ne peut pas expérimenter?