Deux vertes antimâles coupant les ambitions d'un Hodgers, Latin looser, exilé à Berne. Un Didier Bonny déchaîné parodiant un Décaillet obséquieux en diable. Un tir à vue cruel sur les vieux cons(tituants), passagers éphémères d'un EMS à la dérive [cliquer sur le lien pour voir le tableau]. Sept femmes en culottes courtes singeant les morveux du Conseil d'Etat dans un remake de l'école des fans. Un Jornot acerbe dans la peau d'Halperinus César, notoirement sans ego, enfin sans égal: "Ave moi!". Une Elisabeth Chatelain chéduigeante en Lolly B-olé!, elle-même fidèle à elle-même: spagnol!
Et encore: une Emilie Flamand bien vache dans le rôle de Michèle Kunzler v.e.r.t.e. Le chien Renaud Gautier compissant la statue du commandeur Grobet, Johnny Hohl Stauffer hurlant "mais qu'est-ce qu'elle a ma gueule?!"
La Revue des députés, dont c'était la première hier soir au Théâtre de l'Espérance, a reçu un accueil enthousiaste. Et mérité, même si quelques private jokes nécessitent de bien connaître le triangle des Bermudes de la vie parlementaire genevoise: Glôzu, la Tour Baudet et la salle de l'Alabama, où la crème des députés, ceux de la commission des finances, "posent leur cul", comme le précise le Pâquisard Pierre Losio dans un délicat petit intermède fiscal.
Les dix-sept député-e-s dont dix femmes - parité non respectée! - ont relevé un sacré défi. Pourquoi cette roborative capacité de monter en six semaines une revue décapante ne produit pas autant de dynamique sur les bancs du Grand Conseil? Pierre Naftule a, ce n'est pas un secret, taillé joyeusement dans les textes initiaux. "80% de la copie vient de plumes libérales, révèle le vert Losio sur scène, le reste c'est de l'humour."
Le Grand Conseil sans doute gagnerait en qualité et son image sur Léman Bleu aussi, s'il se dotait de quelques censeurs de même acabit!