Du fond de la cathédrale de Genève, la Création de Joseph Haydn n'éveille pas une émotion débordante. L'acoustique de Saint-Pierre y est sans doute pour quelque chose. La vague américaine du créationnisme n'a pas encore submergé les esprits ici. Et, arias et récitatifs ne sont plus trop en cour.
Créé en 1798, à la veille de l'aventure européenne du grand Napoléon, l'oratorio du compositeur austro-hongrois est un chef d'oeuvre, témoin d'un temps, où les riches et les puissants vivaient inconscients des dangers qui les menaçaient. Au tourant du siècle, comme aujourd'hui le monde changeaient. Brutalement.
L'interprétation mercredi soir de la Création par l'orchestre de chambre de Genève renforcé par les élèves de la Haute école de musique et l'Ensemble vocal de Villars-sur-Glâne fut généreuse et sensible sous la baguette énergique du chef titulaire Patrick Lange. On sentait des chanteurs et des musiciens libérés. L'oeuvre était rodée. C'était leur troisième et dernière prestation, après celle plus intimiste de l'Eglise Saint-Michel à Fribourg et la première genevoise mardi soir.