A-t-on réalisé le pas de géant pour l'humanité que représente le nouveau gouvernement suisse? La photo officielle qui ne va pas tarder à s'afficher partout (et pourquoi pas en dazibao sur les murs du pays!) du Conseil fédéral présentera côte-à-côte quatre femmes et quatre hommes! Une première historique.

Voilà un des effets collatéraux de l'éviction de Christoph Blocher qui est bienvenu. Il y en a d'autres.

De quoi alimenter les gazettes et accroître la pipolisation de nos institutions? Il faut craindre cette dérive. Elle perturbe le système politique suisse bien plus que la bataille rangée que nous promet un Blocher revenchard.

La presse est d'ailleurs le jouet et l'instrument souvent amplificateur de cette bipolarisation. A force de simplifier le débat, de présenter des duels sur les plateaux de télévision, de titrer à l'emporte-pièce, on finit par pervertir l'image de la politique. Qui est bien plus subtile, plus complexe, plus équilibrée que les médias la montre.

Je suis fier de ce pays. Je suis fier des quelques hommes et femmes politiques qui ont eu le courage du changement. Certes, il leur en faudra encore du courage pour transformer l'essai et faire taire les caciques que l'éviction d'un conseiller fédéral déstabilise. Du courage pour expliquer aux électeurs UDC qu'ils font fausse route en suivant la ligne blochérienne. De la méthode pour regagner la confiance d'economiesuisse qui a singulièrement manqué le coche en s'alarmant de la non élection de Blocher.

Le parti radical doit absolument se trouver un chef à la Sarkozy qui a réussi à vider le Front national de ses thèmes de combat.

Le PDC doit capitaliser sur un discours éthique, retrouver et proclamer ses fondements que sont l'indépendance, la doctrine sociale des églises. Indépendant, chrétien, social, vous connaissez?

Le parti socialiste et les Verts doivent avoir la victoire modeste. Et surtout ne pas retomber dans la litanie du tout à l'Etat. Où sont les Blairs, où sont les tenants du New Public Management, la nouvelle gestion publique qui fait confiance aux mécanismes de marché pour gérer nombre de service public? Levrat comme Beer à Genève est de cette trempe.

Les femmes savent davantage que les hommes ce que signifie le mot ménage. Faire le ménage et mettre de l'ordre, quand les hommes font de la théorie. La Suisse a tout pour réussir.

Il a eu 18 heures pour préparer son discours on a eu droit à un baragouinage d'arrière salle de bistrot.

Christoph Blocher quitte le conseil fédéral plein de rancoeur. Trois fois il a répété qu'il restait en politique pas un mot sur le bien du pays, pas un mot sur les défis qui attendent la Suise.