Les députés genevois votent le budget 2008. Un acte majeur de l'année parlementaire, encore que, à l'exception des impôts et des emprunts, la loi budgétaire soit la seule qui ne puisse pas être contestée par le peuple par un référendum. La raison de cette exception: la loi budgétaire, qui autorise tout de même le Conseil d'Etat à dépenser plus de 7 milliards de francs l'an prochain, est le réceptacle et l'expression en francs et centimes de la mise en œuvre de toutes les autres lois et règlements de la République.
Les députés vont donc chipoter ici et là, passer un coup de rabot général ou même réduire une subvention à telle ou telle association, mais pour les grandes réformes, il leur faudrait s'attaquer au corps des lois. Et là le Parlement a encore des efforts à faire.
En attendant un nouvel audit général de l'Etat - le dernier a été imposé par une initiative cantonale du groupement Halte aux déficits - ce à quoi semble s'appliquer la France, je livre à la réflexion générale cette brève histoire des finances publiques genevoises en deux graphiques.
Le premier montre les résultats du compte de fonctionnement de 1970 à aujourd'hui. Les bâtonnets rouges illustrent l'excédent annuel de charges ou l'excédent annuel de revenus (déficit ou bénéfice). Les bâtonnets verts indiquent le cumul des déficits du compte de fonctionnement au fil des ans, réduits quelquefois des bénéfices, comme dans les années 80 en l'an 2000 ou aujourd'hui. Au total une dette de 4 milliards de francs cumulée en 30 ans. Une dette de consommation seulement, car ces graphiques ne montrent pas la dette résultant des investissements, ni les 2,5 milliards que le canton a engagé pour renflouer sa Banque cantonale.
Le deuxième graphique est une simple projection d'une opération de remboursement de cette dette de consommation. En clair pendant combien d'années le canton de Genève devrait-il dégager des bénéfices (de l'ordre de 300 millions de francs par année...) pour éponger cette dette?
Conclusion: quand on sait les appétits à droite comme à gauche que déclenchent les bénéfices, autant dire que tous les discours réclamant le remboursement de la dette sont vides de sens, s'ils n'indiquent pas comment faire.
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