Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu du Salève - Page 685

  • Casseroles américaines: la faute à l'Etat!

    Imprimer

    Les banquiers font des dizaines de milliards de perte. Leurs actions s'effondrent entraînant dans leur chute ceux qui leur avaient fait confiance, dont nos caisses de retraite. Qui ne vont pas tarder à présenter aux futurs rentiers et/ou aux cotisants que nous sommes la facture de la débâcle pour conserver la mythique couverture à 100% des rentes futures à payer.

     

    La faute à qui? Aux casseroles des prêts hypothécaires pourris américains? A quelques traders plus aventuriers que leurs patrons? Tout faux! La crise financière n'a qu'un coupable: l'Etat!

     

    Coup sur coup, Le Monde du 19 février et le Temps de ce jour publient des tribunes libres sur le sujet. Qui nous expliquent doctement que la catastrophe n'a qu'une cause: l'impéritie des politiques.

     

    Philippe Dessertine dans le Monde laisse éclater sa colère. "Colère contre les hommes politiques d'Occident qui depuis des années portent une lourde responsabilité, une responsabilité qu'un jour peut-être il leur faudra assumer devant l'histoire." Leur faute? D'avoir jeter de l'essence sur sur le feu de la croissance sous forme de dettes: "Cette dette aberrante est avant tout publique, dénonce le directeur de l'Institut de Haute finance et professeur à l'Université de Paris X, le déficit budgétaire, premier coupable, première origine du désastre."

     

    "A partir de ce péché originel, poursuit le professeur, le déséquélibre se propage et s'amplifie par le jeu pervers des taux d'intérêt bas. Depuis des années, la Réserve fédérale américaine s'est faite le complice actif de la forfaiture."

     

    Même constat de Pierre Bessard dans le Temps: "La crise des marchés financiers n'a pas été provoquée par une défaillance présumée des marchés, explique le délégué général de l'Institut ultralibéral Constant Rebecque de Lausanne. Ce sont les banques centrales qui ont failli. Non seulement elles imposent les taux directeurs et le niveau des réserves obligatoires qui déterminent le niveau des prêts accordés, mais en leur qualité de prêteurs de dernier ressort, elles libèrent en partie les institutions financières de la responsabilité de leurs prises de risques."

     

    Quel remède proposent nos deux experts? Tout sauf de nouvelles règlementations sur les banques, plaide Pierre Bessard qui n'ose pas rêver privatiser les banques centrales comme le suggère son maître à penser Hayek. Là où il faut agir, c'est sur les banques centrales qui doivent introduire plus de discipline.

     

    En bon français jacobin, Philippe Dessertine estime que cela ne suffira pas: "L'Etat doit inventer sa nouvelle mission: tout faire pour éviter la fatalité d'un développement dcréateur de déséquilibres. La régulation des marchés, la régulation des agences de notation, la régulation des banques sont des chantiers gigantesques encore en friche." Et de conclure: "Par pitié, Monsieur Trichet, tenez bon!"

     

    Conclusion provisoire: le nouveau credo libéral, c'est plus d'Etat! 

     

  • Les petits cantons font la nique aux grands

    Imprimer

    Avant, après...

     

    A l'heure où le ministre des finances genevois ajoute quelques complexités à l'horloge de la péréquation financière entre les 45 communes du canton, l'Assemblée interjurassienne frappe fort en proposant de créer un grand canton, de Delle à la Neuveville, structuré en six grandes communes.

     

    Décidément après Glaris dont la Landsgemeinde a décidé de ne conserver que trois communes, les petits cantons montrent la voie aux plus grands. Small is beautiful? "La solution audacieuse à la question jurassienne" n'est certes pas encore réalité. Mais elle fait déjà débat.

     

    Elle murit au travers de rapport et de réflexion menée par ce qui pourrait bien tenir lieu d'Assemblée constituante du canton élargi. Au passage, on notera que le moteur de cette création institutionnelle relève des mêmes ressorts qu'ailleurs on nomme dédaigneusement épuration ethnique et qu'elle consacre si elle devait voir le jour la fin d'un canton bilingue de Berne. L'audacieux projet qui redessine le Jura n'a pas que des bons côtés. A ce niveau de la fiction politique, on peut sans peine franchir un pas de plus et songer à un canton uni entre le "new Jura" et Neuchâtel.

     

    Au cours des 50 dernières années, la Suède a fait passer le nombre de ses communes d’environ 2500 à 300, l’Allemagne de 34000 à 15000. D’autre pays ont fait pareil. A l’opposé, les structures suisses – tous les participants en ont convenu – sont très solides. Les fusions n’ont réduit le nombre des communes que de 3200 à 2800 et il n’y aura pas de changements importants ces prochaines années. Hans-Peter Fagagnini in http://www.horizons-et-debats.ch/35/35_11.htm

  • Devoir de mémoire et droit à l'oubli

    Imprimer

    Sarkozy aura tout de même atteint son but: précipiter l'intelligentsia française dans une diatribe dont elle cultive un goût immodéré et gourmand. L'espace d'une semaine, tandis que la mondialisation fait son œuvre chez Miko, à l'Oréal et dans nombre d'autres entreprises moins médiatiques, les Français sont divertis de leurs soucis quotidiens. au passage, le président prescripteur de la morale publique rappelle qu'il y a eu pire condition dans l'Histoire récente et que les Français seraient bien avisés de relativiser la perte de leur pouvoir d'achat.

     

    Laissons donc les psy, les pédagogues, les grands témoins et les professeurs d'Histoire (ou d'histoires) gloser sur la meilleure manière de sacrifier au devoir de mémoire. Il est certain que pour un élève évoquer la mémoire d'un enfant tué en raison de sa race ou de sa religion ressemble, quant à la méthode, à la cuillère d'huile de ricin ou de foie de morue qu'autrefois l'on infligeait aux gosses pour les remplir de vitamines.

     

    Cela dit, dans cette société où les héros des jeux vidéo ont plusieurs vies et "ressuscite" d'un clic, il n'est pas peut-être pas si faux de rappeler que sous nos cieux (ceux de l'Inde exceptés), les êtres humains n'ont qu'une vie et qu'il est criminel de la détruire ou de la souiller.

     

    J'écris ce billet parce que je suis tombé hier soir sur un bouquin dont la lecture des premières pages m'a impressionné. Sous les étoiles du Rwanda est une œuvre à deux voix, celle d'une Genevoise de 48 ans, Mathilde Fontanet, et celle d'une Rwandaise de 38 ans Odette Habykare. Leur dialogue remémore l'indicible génocide de ce petit pays des hauts plateaux africains.

     

    Combien de génocide le monde a-t-il connu? Quel sera le prochain? Le devoir de mémoire s'impose certes. Mais le culte des victimes, si en vogue aujourd'hui, n'est-il aussi, comme le dit Caroline Eliacheff, ce matin sur France Culture, une manière pour notre génération d'apparaître sous un meilleur jour que celle de nos grands-parents, alors que nous avons tant à faire pour intégrer les jeunes d'aujourd'hui dans une société plus altruiste et plus juste? (Pour écouter cette chronique intitulée Droit à l'oubli, cliquez ici)

     

    [Cliquez deux fois sur les images ci-dessous pour lire le texte]