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Vu du Salève - Page 687

  • Manifeste pour les villes des architectes français

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    Dans une pleine page du Monde daté d'aujourd'hui, l'Ordre des architectes de France publie son manifeste pour les villes. Elections municipales obligent.

     

    Sous l'exergue empruntée à Alvar Aalto - "L'architecture ne peut sauver le monde mais elle peut donner le bon exemple" - les architectes français posent quelques principes de bon aloi et suggèrent des pistes urbanistiques à contre courant du banlieusisme et du mitage dévoreur de territoire que nos villes et villages ont connus ces dernières années. Où l'on retrouve bien sûr le mot clé de l'éco-quartier. Citations: (Le texte complet est ici)

     

    1) Dès maintenant, les emplois, les commerces, les services, l’habitat, sans oublier les centres commerciaux devenus de nouveaux lieux de convivialité, doivent être reliés entre eux par un ensemble de réseaux de transports en commun et des circulations douces permettant une desserte satisfaisante de l’agglomération et de ses périphéries.


    2) La maîtrise foncière publique et volontaire reste la condition indispensable à la réalisation de ces objectifs.

     

    3) Les villes doivent être la fierté de leurs habitants. Pour qu’elles le deviennent ou qu’elles le demeurent, les architectes souhaitent promouvoir une architecture du quotidien, de l’audace et de l’art de vivre.

     

    On reconaîtra sans peine que le quartier de La Praille Acacias réunit tous les atouts: mixité des activités, maîtrise publique du foncier, audace et art de vivre (? on compte sur Mark Muller). Faute de savoir moderniser, la rade en y bannissant les voitures (grâce à une traversée du lac), les Genevois trouveront peut-être dans les tours de la Praille et de la Jonction l'espoir de ne pas sombrer dans le syndrome des villes d'eau.

     

    Pour le reste, le projet d'agglomération franco-valdo-genevois est quelque peu en décalage avec les principes évoqués par les architectes français. Incapable de construire la ville en ville, notamment dans les zones villas des années 30 et 50 (par exemple entre la Servette et l'aéroport) Genève s'apprête à construire le long des tentacules que représentent le futur réseau des trams et du RER. Un peu plus de compacité préserverait davantage les zones agricoles et naturelles.

     

     

     

  • Genève 1847, 1864, 1932

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    A propos de la révision totale de la constitution genevoise, je joins à ce billet un article de Dominique Wisler découvert dans son long cv sur coginta.com. Ce politologue fribourgeois, habitant Genève, spécialiste en organisation policière, y analyse finement le mitraillage du 9 novembre 1932.

     

    Tirant un parallèle avec la guerre civile qui faillit éclater à Genève en août 1864, il explique combien ce tragique événement est le résultat aussi de l'incapacité des partis politiques d'alors d'accepter le jeu de la représentation proportionnelle. Dominique Wisler prépare un ouvrage à ce sujet et en donne les ébauches sur son site:  La démocratie absolue, émeute et innovation politique dans l'histoire moderne suisse.

     

    Intéressant à l'heure où rode le fantôme radical d'un gouverneur pour Genève (ville et canton) et où les Vaudois ont introduit, au détour de la révision de leur constitution, un président du Conseil d'Etat pour quatre ans.

  • Conversation avec Hani Ramadan

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    Longue conversation ce matin avec Hani Ramadan. Conversation de bistrot un peu décousue, sans autre prétention que le plaisir de l'échange intellectuel, où perce de temps en temps le besoin retenu de convaincre l'autre. Confrontation avec une pensée toute entière animée par la foi et son commandement: transmettre la connaissance véritable autour de soi.

     

    Un croyant, quel qu'il soit, peut-il se soustraire à cette obligation du prosélytisme? N'est-ce pas un acte d'humanité, de charité que de faire connaître à son prochain les paroles vérité? L'Europe y consent dans l'espace public, non sans crainte, non sans résistance. Genève s'en préserve absolument dans ses institutions, où la transmission du savoir est la raison d'être. L'école est ici laïque et ne tolère pas la connaissance religieuse. Etrange paradoxe d'une cité dont l'esprit, dont elle est si fière, ainsi s'appauvrit.

     

    Mais Genève n'est pas la seule, loin s'en faut, à dresser des murs contre les religions allogènes. En Inde et dans bien d'autres pays les chrétiens sont régulièrement la cible de croyants aveugles et extrémistes. Ils restent discrets sans arborer aucun signe ostentatoire d'appartenance. Ils sont souvent victimes en retour du prosélytisme des évangélistes (américains) qui battent la campagne en quête de nouvelles ouailles. Devenir chrétiens ou musulmans est pour les intouchables un moyen d'échapper à la hiérarchie illégale mais encore bien établie des castes.

     

    A l'inverse, les musulmans qui viendraient à se détourner d'Allah sont partout les victimes de l'ostracisme et de la vindicte parfois meurtrière de leur communauté. Il n'est pas si loin le temps où sous nos cieux les couples mixtes protestants-catholiques étaient mis au ban de la "bonne" société alors pratiquante. Notre vernis de tolérance est aussi opaque que ténue.

     

    Hani Ramadan étudie une sourate où il est question de l'olivier, du figuier, de la Mecque pour faire l'homme. L'olivier renvoie peut-être au Jardin des oliviers, la Mecque sûrement au Prophète. L'imam des Eaux-Vives s'interroge sur le sens qu'il faut donner au figuier. Ne serait-il pas l'arbre sous lequel le Boudha s'est éveillé? Pourquoi pas? Je lui rappelle que le figuier est cette arbre que Jésus sauve d'une coupe certaine par son propriétaire lassé d'entretenir un arbre qui ne porte plus de fruit. Le figuier n'est-il pas le signe de l'espérance infinie, du travail des hommes qui finit parfois par "faire des miracles". Bref l'homme en interaction perpétuelle avec son créateur, l'homme co-créateur du monde au jour le jour. L'homme à l'image de Dieu.