Je ne me suis pas ennuyé, j'ai même passé un bon moment hier soir au parc des Bastions devant le Mur centenaire des Réformateurs, fermé aux yeux d'une audience bien sage par de grands blocs de pierre, le temps - trop court en regard de la force du personnage - que le jeu des acteurs ne sculpte un Calvin au fond très conforme à son image de seigneur taliban*, le terrorisme international et l'asservissement des femmes en moins, le prosélytisme également chevillé au corps.
Un Calvin un peu coincé, très protestant genevois, nonobstant le Cantique des Cantiques qu'il impose dans le canon de la Bible contre l'arien Castellion et qui donne lieu à un très prude quiproquo avec sa mie Idelette. Un Calvin saisi par le doute, la peur de la putréfaction des corps et de la mort si commune alors, passionné par la science de Copernic et qui impose l'étude des classiques contre des pasteurs trop zélés, un rien bornés de la vénérable compagnie, et des hommes volontiers paillards et âpres au gain du Consistoire et du Conseil.