C'est le temps de la moisson. Le temps est beau. Les blés sont drus. Les épis s'inclinent vers la terre, signe qu'ils sont bientôt mûrs. Dans les campagnes, la grogne gronde pourtant. Les céréaliculteurs arborent un brassard noir au bras.
Ce matin, les céréaliculteurs ont convié la presse pour signaler leur mécontentement. Doris Leuthard a décidé d'appliquer au 1er juillet 2010 un accord qui aurait dû être mis en oeuvre il y a un an déjà. Cet accord abaisse la taxe prélevée à la frontière pour la farine de blé panifiable de 14 frs les 100 kg. Conséquence le pris de la farine diminue.
Les meuniers gueulent un peu, mais on ne les entend, car ils sont trop peu nombreux. Et de toute façon, qu'ils broient du grain importé ou du grain suisse, ils broient. D'autant que cette baisse de la protection à la frontière, c'est les paysans qui vont en sentir le coût. Le prix du blé va diminuer de 10% environ. Le prix du pain ne devrait pas bouger. La matière première compte pour moins de 10% dans la boulangerie.
Les paysans genevois vont-ils jeter des tomates, dont c'est la fête samedi à Carouge, sur la présidente de la Confédération? On n'est plus dans les années 60 où la guerre froide et le souvenir de la guerre assurait une protection du revenu des paysans. Ont-il raison les céréalicuteurs de dénoncer Leuthard? Oui et non