"L'excision est une barbarie! l'Egypte bastion de l'islam excise la plupart de ses filles, j'attends que les musulmans se réveillent et partent en guerre contre ce fléau." Une salve d'applaudissements accueille les propos de Mireille Valette (Lire ici et là). L'émotion est palpable dans la salle du théâtre de l'Espérance, où quelque 230 personnes, très majoritairement acquises à la cause de la journaliste genevoise, ont répondu à l'invitation de la Tribune et de Payot. La tension va monter encore d'un cran.
"Samedi a eu lieu à Genève une demi-journée sur les crimes d'honneur, poursuit l'oratrice. On y a présenté un film montrant la lapidation au Kurdistan irakien. Aucun article relatant ce colloque n'a précisé que la victime était musulmane. La liberté d'expression s'est gravement détériorée en Europe depuis l'affaire des caricatures de Mahomet. Et Mireille Valette d'asséner sa thèse: L'Islam ne s'exprime que par la bouche de quelques leaders. M. Ouardiri, quand vous parlez d'apostasie, d'adultère, d'homosexualité, vous me faites peur." Nouveaux applaudisssements.
Malaise! Sommes-nous si vertueux que nous pouvons donner des leçons à l'islam? Il n'y a pas si longtemps à Genève, catholiques et protestants se regardaient en chiens de faience et dénonçaient les mariages mixtes. Et les régimes communistes n'étaient pas en reste en matière d'exlusion des ennemis de la cause du peuple.
Hafid Ouardiri, ancien directeur de la Mosquée de Genève, ne tient plus en place. Avant le début du débat, il avait distribué une lettre ouverte intitulée "Réponse à la « légitime défiance » de Madame Valette". Il se lève, dit être interpellé de manière confuse: "Je n'ai jamais dit ce que vous écrivez dans votre livre. Vous avez tronqué mes propos:" Des huées montent dans la salle. "J'ai été pétri de culture juédo-chrétienne, poursuit le leader musulman, je suis respectueux des femmes et m'oppose à l'excision." Les cris redoublent. Un homme hurle: "Mensonge. Faites le taire!" Ouardiri se rassied. Il ne se relèvera qu'à la fin du débat pour une courte déclaration: "Je suis un être humain, je ne crois pas que la communauté musulmane de Suisse soit un fléau pour notre pays." Certes pas, mais ça n'était pas la question.
Malaise! Peut-on mener un débat démocratique sur l'islam? En fait, une fois n'est pas coutume, il aurait été correct d'inviter Hafid Ouardiri à la table du dialogue.