Mais que fait donc la police?! (29/03/2009)

levée de corps.pngQuel est le pire travail d'un policier? La question est d'actualité, à l'heure où la publication du prix de revient pour l'Etat d'un simple agent rallume la polémique. C'est la publication récente du rapport Anoni et surtout celle du rapport de la Cour des comptes qui braquent le projecteur sur les mécanismes complexes de la rémunération de la police. Sur son blog, le député Pierre Weiss mène la charge, tandis que sur le sien le président de l'Union du personnel du Corps de police Walter Schlechten réplique coup pour coup. Le Conseil d'Etat reste coi prenant le risque d'être complice d'un Laurent Moutinot qui compte les mois qui le séparent de son terme au gouvernement sans gloire.

Que que fait donc la police? Il faut pour le savoir ouvrir un autre bréviaire que les deux rapports cités. Un ouvrage paru il y a un an bientôt chez Labor et Fides, qui ne s'affiche donc plus ostensiblement sur les gondoles des libraires. Sa mise est toute de pudeur, de misère, de prière presque. Il nous a fallu, hier chez Payot Chantepoulet - c'est un fait - le quémander au sous-sol. Il conte, cet ouvrage singulier, les derniers pas des hommes déjà froids avant que les Pompes funèbres les portent en leur ultime demeure, six pieds sous terre, ou ne les réduisent en cendres au crématoire de Saint-Georges. A moins de ne pas être retrouvés et d'échapper ainsi aux policiers, à ces inspecteurs en particulier, qui, cinq au six semaines par an, sont commis aux "Levées de corps".

Près d'une par jour à Genève.

Mes confrères Thierry Mertenat et Steeve Iuncker, deux travailleurs silencieux de la Tribune de Genève, restituent par l'image et par la plume, admirables toutes les deux, les dernières formalités qui précèdent la nuit du tombeau et que la loi enclenche comme l'on dit d'un interrupteur, lorsque la mort a saisi des humains au détour d'un crime, d'un accident, d'un suicide, d'une solitude. Toutes causes fatales qu'il faut élucider aux yeux de la société et des proches qui veulent, pas tous, savoir pourquoi, comment.

On ne lira sans doute pas ce livre d'une traite. C'est un bréviaire qu'il faut prendre chaque jour en main. Pour se souvenir que la vie humaine est bien étrange et que nul ne connaît son destin.

Merci à Thierry et à Steeve. Votre bouquin est formidable, au sens Ogi du terme. Et merci aux inspecteurs, aux légistes, aux thanatologues, aux employés des Pompes funèbres et à tous ceux dont le livre ne tire pas le portrait, pasteurs, curés, infirmières, médecins, fossoyeurs, dont la vie est d'être auprès des morts au quotidien.

Un travail qui n'a pas de prix.

 

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