La Suisse romande n'existe pas. Pas plus que l'Occident ou le Bonheur. Mais pour nombre de Romands, cette absence de réalité politique est un manque. Ils en font donc une quête, la quête d'un pays, d'un chez soi, d'une identité: comme si être suisse était pour un Romand inconfortable, incongru, inconcevable même. On n'ose plus trop être européen - l'ogre fabriqué de l'administration bruxelloise a fait son oeuvre - ou alors seulement comme on peut être occidental. Dans l'idéal. Alors on reste genevois ou vaudois ou jurassien ou valaisan. Mais le monde a grandi, le village planétaire est peu ou prou une réalité.
La semaine dernière un hebdo créé par un éditeur alémanique a remis le couvert pour la cinquième fois: les cent personnalités qui font la Suisse romande. Et de triturer le rêve l'espace d'un jour. A coups d'indicateurs économiques, de discours. Nous serions de ce côté-ci de la Sarine, pour une fois, les bons élèves. Et serions même face à la crise "mieux armés que les Alémaniques". On veut bien le croire. La méthode Coué a vu sa valeur exploser à mesure que dégringolaient les cotations boursières.
Quant à la Romandie, elle continue de faire rêver ceux qui sont frappés du syndrome de Gulliver, comme l'explique François Chérix, dans un ouvrage un peu laborieux emballé dans une couverture rouge.
Au fait, quel seraient le drapeau, les couleurs, l'hymne de ce non pays romand?