Mireille au théâtre de l'espérance: c'est David contre Goliath? (08/04/2009)

valette mireille.jpg"L'excision est une barbarie! l'Egypte bastion de l'islam excise la plupart de ses filles, j'attends que les musulmans se réveillent et partent en guerre contre ce fléau." Une salve d'applaudissements accueille les propos de Mireille Valette (Lire ici et ). L'émotion est palpable dans la salle du théâtre de l'Espérance, où quelque 230 personnes, très majoritairement acquises à la cause de la journaliste genevoise, ont répondu à l'invitation de la Tribune et de Payot. La tension va monter encore d'un cran.

"Samedi a eu lieu à Genève une demi-journée sur les crimes d'honneur, poursuit l'oratrice. On y a présenté un film montrant la lapidation au Kurdistan irakien. Aucun article relatant ce colloque n'a précisé que la victime était musulmane. La liberté d'expression s'est gravement détériorée en Europe depuis l'affaire des caricatures de Mahomet. Et Mireille Valette d'asséner sa thèse: L'Islam ne s'exprime que par la bouche de quelques leaders. M. Ouardiri, quand vous parlez d'apostasie, d'adultère, d'homosexualité, vous me faites peur." Nouveaux applaudisssements.

Malaise! Sommes-nous si vertueux que nous pouvons donner des leçons à l'islam? Il n'y a pas si longtemps à Genève, catholiques et protestants se regardaient en chiens de faience et dénonçaient les mariages mixtes. Et les régimes communistes n'étaient pas en reste en matière d'exlusion des ennemis de la cause du peuple.

Hafid Ouardiri, ancien directeur de la Mosquée de Genève, ne tient plus en place. Avant le début du débat, il avait distribué une lettre ouverte intitulée "Réponse à la « légitime défiance » de Madame Valette". Il se lève, dit être interpellé de manière confuse: "Je n'ai jamais dit ce que vous écrivez dans votre livre. Vous avez tronqué mes propos:" Des huées montent dans la salle. "J'ai été pétri de culture juédo-chrétienne, poursuit le leader musulman, je suis respectueux des femmes et m'oppose à l'excision." Les cris redoublent. Un homme hurle: "Mensonge. Faites le taire!" Ouardiri se rassied. Il ne se relèvera qu'à la fin du débat pour une courte déclaration: "Je suis un être humain, je ne crois pas que la communauté musulmane de Suisse soit un fléau pour notre pays." Certes pas, mais ça n'était pas la question.

Malaise! Peut-on mener un débat démocratique sur l'islam? En fait, une fois n'est pas coutume, il aurait été correct d'inviter Hafid Ouardiri à la table du dialogue.

Le rédacteur en chef adjoint de la Tribune Denis Etienne tente de calmer le jeu. Il reprend non sans peine le cours du dialogue qu'il avait entamé avec l'auteur du controversé livre rouge: «Islamophobie ou légitime défiance», paru aux Editions Favre et qui semble faire un tabac en librairie. N'y a-t-il pas des voix libérales qui expriment le point de vue de la majorité silencieuse?

- Le Forum pour un islam progressiste défend une ligne d'une clarté absolue: l'humanisme prend le pas sur les préceptes religieux. Mais il ne compte qu'une centaine de personnes. Je connais une musulmane athée. Elle a renoncé à faire entendre sa voix. L'islam est une culture qui saisit l'être humain tout entier.

Nos démocraties sont aveugles, sans fierté, dénonce la journaliste. Voyez, à propos de la campagne sur les minarets, la Suisse qui s'excuse par avance auprès de chefs d'Etat qui bafouent la liberté d'expression et la liberté de conscience. Le prosélytisme des leaders islamiques est agressif en Europe: des carrés dans les cimetières, des mosquées, des dispenses de gymnastique, des refus d'examens par des médecins d'un autre sexe, des demandes de certificats de virginité, des actes chirurgicaux pour refaire l'hymen. En Belgique francophone, 238 femmes ont été opérées en 2007.

Mireille Valette est une féministe sans concession. Elle s'enflamme pour ces femmes recluses, martyrisées, elle semble ressentir leurs douleurs leur claustration. Le courant passe avec la salle. Comment en effet tolérer aux XXIe siècle de tels actes!

Ailleurs, en terre d'islam, celui qui renonce à la religion musulman est menacé de mort en Arabie, au Soudan. Les coptes d'Egypte sont discriminés. Il n'y a bientôt plus de chrétiens au Proche-Orient. Les Bahà'i sont persécutés en Iran. A l'ONU, au Conseil des droits de l'homme, l'offensive islamique est immense.

Prudemment Denis Etienne ouvre le débat.

Une femme évoque la Tente du dialogue que les musulmans de Genève avaient organisée, elle raconte y avoir agressée et protégée par M. Ouardiri. Une autre félicite l'auteure et s'inquiète pour sa sécurité. Une troisième remarque que les limites à la liberté d'expression ne sont pas le fait que des musulmans. Au club des aînés de Champel, dit-elle, on interdit d'aborder les questions de religion et de polique. C'est contraire à la Constitution! Le prix Nobel Shirin Ebadi, cite une autre intervenante, dénonce la prise en otage de la religion à des fins politiques. L'Occident, explique encore un autre participant, n'a-t-il pas mis le feu aux poudres par ses interventions militaires, sa domination économique? J'habite Annemasse, témoigne encore une autre, l'intégration n'est pas sans lien avec la pauvreté. Ce n'est pas la même chose de chercher un emploi quand on s'appelle Dupont ou Bensoussan

J'ai vécu 20 ans en Egypte et 50 ans en Europe, dit un retraité dont le propos et le ton de la voix calment pour un temps le débat. Je retourne régulièrement dans ce pays. Je me souviens du temps où les fêtes musulmanes, catholiques, juives étaient les fêtes de tous. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ce qui a changé, c'est la situation économique et politique. L'islam n'est que le reflet identitaire des problèmes du pays. Ce n'est pas la religion qui influence la culture, c'est la culture qui influence la religion. Ainsi les musulmans qui naissent en Europe finissent par adopter la culture européenne.

Mireille Valette remercie le vieille homme de son intervention. Mais elle ne croit pas que les musulmans s'intègrent aussi facilement en Europe. Des jeunes de la troisièmes générations entrent à l'école en Allemagne sans savoir un seul mot d'allemand. Quant à l'intervention de l'Occident, la journaliste se félicite que l'Occident a chassé les talibans du pouvoir en Afghanistan. "Ce régime était une sainte horreur surtout pour les femmes."

 

 

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