La France est entrée dans le silence qui précède le rituel républicain de l'élection, en l'occurrence le premier tour des élections des conseils municipaux des quelque 36000 communes de France. La France, comme la Suisse, est un paquet de confettis politiques où la majeure partie des municipalités sont petites, voire minuscules. Il n'y a pas que la météo qui est soudain d'humeurs gibouleuses, bien des maires, des dauphins legitimes ou autoproclamés doivent se demander qu'elle bourrasque va, demain ou dans quinze jours, les installer dans le fauteuil du pouvoir municipal jusqu'en 2020 ou les emporter.
Et mes voisins immédiats? Quel sort les électeurs, dans l'anonymat des urnes, vont ils leur réserver? Les maires voisins, ceux de Collonge sous Salève, d'Archamp, de Saint-Julien, de Bosset, de Beaumont, d'où mes aieux sont descendus au milieu du XIXe siècle en quête de travail, je les connais à peine. Je les ai rencontrés une fois ou deux. Comme la plupart de leurs collègues du Grand Genève, ils gèrent autant que faire se peu des communes que bouleverse la croissance échevelée de la région.
Démocratie - Page 150
-
Municipales 2014: mes voisins vont-ils changer de maire?
-
Ils manifestent. Combien ont voté?
Les étudiants défilent. L'imagination va-t-elle prendre le pouvoir, la plage va-t-elle surgir sous les pavés? Non, il s'agit de défendre ses subsides. Sans lesquels, veut-on nous faire croire, la mobilité serait entravée. Comme si les millions du budget distribués par Bruxelles étaient essentiels.
Mais au fait, combien d'étudiants sont donc allés voter le 9 février dernier? Un petit tour sur le site internet de la Conférence universitaire des associations d'étudiants (CUAE) est édifiant. Une mobilisation contre le racisme le 14 février (qui a laissé pas mal de traces sur les murs de la ville), une assemblée générale extraordinaire le 26 février et une manifestation ce 5 mars. Et avant ce 9 février fatidique? Rien! Pas un mot, pas un communiqué pour dire combien le vote, cette action citoyenne, que l'on mène sans bruit, pouvait être déterminant.
Les rêves de 14 ne sont décidément pas ceux de 68. Mao est mort. La Chine communiste s'est réveillée en oligarchie capitalistique. Pire, son modèle de gouvernement commence à séduire bien des pays de monde. Jusqu'à l'Inde que l'on donne en contre-exemple: 3400 kilomètres de TGV en Chine, pas un dans le voisin du sud!
-
Le réchauffement climatique et le refoidissement démocratique
Qu'est-ce qui menace le plus l'avenir du monde, le réchauffement climatique ou le refroidissement démocratique? Le premier diront ceux qui craignent l'enfer. Le second expose cette semaine un long essai de The Economist.
L'Inde, dont j'ai de la peine à me défaire, est, dit-on, la plus grande démocratie du monde. Elle est en campagne électorale et voit s'affronter un Blocher local, chantre de l'identité hindou, Narendra Modi, maître 2001 de l'Etat du Gujarat (un Etat, entre Mumbai et le Pakistan, presque aussi vaste et aussi peuplé que la Grande Bretagne), et le dernier rejeton de la dynastie Gandhi, Rahul, qui s'affiche en noir et blanc sur d'immenses placards dans la posture du penseur de Godin.
Mais comment peut-on gouverner un pays si grand? On ne le gouverne pas, défend cette semaine The Economist (Une démocratie de carnaval).