Le réchauffement climatique et le refoidissement démocratique (05/03/2014)
Qu'est-ce qui menace le plus l'avenir du monde, le réchauffement climatique ou le refroidissement démocratique? Le premier diront ceux qui craignent l'enfer. Le second expose cette semaine un long essai de The Economist.
L'Inde, dont j'ai de la peine à me défaire, est, dit-on, la plus grande démocratie du monde. Elle est en campagne électorale et voit s'affronter un Blocher local, chantre de l'identité hindou, Narendra Modi, maître 2001 de l'Etat du Gujarat (un Etat, entre Mumbai et le Pakistan, presque aussi vaste et aussi peuplé que la Grande Bretagne), et le dernier rejeton de la dynastie Gandhi, Rahul, qui s'affiche en noir et blanc sur d'immenses placards dans la posture du penseur de Godin.
Mais comment peut-on gouverner un pays si grand? On ne le gouverne pas, défend cette semaine The Economist (Une démocratie de carnaval).
Dans un article de plusieurs pages (Qu'est-ce qui cloche avec la démocratie) l'hebdomadaire britannique voit la démocratie indienne, comme beaucoup d'autres, la française ou l'italienne par exemple, rongée par le clientélisme et des gouvernements si tentaculaire qu'en France 56% du PND passe par un budget public. Résultat trop de gens ont trop à perdre et continuent de sucer la mamelle publique jusqu'à la dessécher.
Les bons de nourriture, les cylindres de gaz, les pensions de vieillesse ou de maladie précipitent ces pays dans des déficits abyssaux, autant de dettes qui entravent leur futur. Et brident les investissements qui assurent que les trains roulent, que les camions irriguent le territoire, que l'enseignement développe les stocks des savoir faire (et aussi un peu du savoir être), que le pays demeure un compétiteur sur la scène ouverte internationale.
En Inde, comme en Espagne avec la Catalogne ou en Grande-Bretagne avec l'Ecosse, des cantons, qui ont la dimension et la culture de nations, veulent voler de leurs propres ailes. De quoi miner les démocraties qui les tient ensemble.
Le journal dresse la liste d'autres menaces qui sapent la démocratie: la classe politique qui a tendance à se perpétuer au travers de liens familiaux, la chute de l'adhésion des gens à une parti politique, l'habitude que la population a désormais de voter tous les jours pour la meilleur chanson, d'être sondée sur la qualité du savon, de zapper à tout bout de champ ou encore de choisir son supermarché comme cela lui chante alors qu'elle ne vote au mieux que trois ou quatre fois tous les cinq ans pour désigner ses élus dont les promesses, elle le sait bien, ne sont que rarement tenues.
Je reviendrai sur ce long article qui propose quelques maigres pistes sans citer la démocratie suisse.
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