Le Courrier a été pendant plus d'un siècle le fer de lance des catholiques à Genève. Il était pour beaucoup le journal du Parti indépendant chrétien social et des Syndicats chrétiens, du Mouvement populaire des familles, bref la voix des migrants économiques (parfois politiques?) qui débarquaient en nombre des cantons catholiques dans la Genève protestante.
Le prestigieux Journal de Genève était, lui, l'organe inofficiel des libéraux, tout comme la NZZ se réclame aujourd'hui encore du courant de pensée incarné par le PLR. Le journal La Suisse était rouge pas seulement par sa couleur. Quant à la Tribune de Genève, fondée en 1879 par un colonel américain qui voulait donner à la ville un journal non partisan, elle était associée au plus grand parti qui avait fait la république, le parti radical, aujourd'hui disparu, bien qu'un de ses éminents rejetons siège pour quelques mois encore à la présidence du Conseil d'Etat genevois.
Hier après-midi, François Longchamp s'est donc fait l'ardent défenseur de la Tribune de Genève et s'est opposé à la décision entrepreneuriale de son éditeur, le groupe zurichois Tamedia, de délocaliser ses rubriques Monde, Suisse, Economie et Sports à Lausanne. Quatre cinquième du parlement genevois ont voté la motion Mettan (un ancien rédacteur en chef de la Tribune) non sans l'avoir émasculée en commission.
Ainsi va Genève.