Doris, stp, abaisse le prix de ma Tribune! (19/10/2017)

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Doris Leuthard module à la baisse le prix de l'abonnement obligatoire à notre chère Radio Télévision Suisse. A l'avant-veille de la votation sur l'initiative No-Billag, la ministre suisse des Telecom, dont les amis PDC n'ont cessé de truster le fauteuil de la présidence de la SSR, passe donc la note annuelle de 451 à 365 francs par famille. Un discount de 19%.

"Dis Doris, quand est-ce que tu abaisses le prix de ma Tribune qui me coûte 636 francs par année?"

La question est au cœur de la votation du 4 mars.

La générosité de Doris pour la RTS/SSR provient d'une précédente votation qui a pour conséquence de faire passer  à la caisse tous les habitants de ce pays, ainsi que les entreprises. La baisse de 19% de l'abonnement obligatoire, appelé redevance, n'est donc pas un cadeau. La SSR est assurée de conserver son 1,2 milliard par an pour le bien commun.

Car l'impôt, la taxe, la redevance, peu importe leur nom, n'ont qu'une raison d'être: produire du bien commun collectivement, c'est-à-dire par le truchement de l'Etat (c'est nous) et de ses filiales, dont la SSR, La Poste, les CFF, l'assurance maladie de base, le Fonds national de la recherche et les EPF et quelques autres comme des usines d'armements et les paysans faisant fleurir leurs champs où paissent des animaux heureux (bientôt à nouveau cornés, ce que demande une initiative)...

La question du 4 mars, à 1,2 milliard ou à 365 francs par famille, est donc: quel bien commun la RTS/SSR  livre-t-elle que ma Tribune et tous ses copains et concurrents imprimés ou pas ne livrent pas?

Chacun a sa réponse, comme celle des jeunes PLR de Genève déjà en campagne et partisan de No-Billag. 

Effrayée à la perspective de perdre l'obole des Suisses (lequel sera remplacé, je n'en doute pas, par un subside, certes moindre mais substantiel, si No-billag devait l'emporter) , la RTS nous inonde d'une publicité subliminale qui dit combien elle est aimée par monts et par vaulx (Vaud aussi) , combien elle sert à la cohésion nationale (en retransmettant gratuitement les matches de la Nati et de Federer, le catch économique et les tchatches politiques), combien elle livre un regard indépendant (mais pas neutre), critique (mais mainstream tout de même), intelligent (mais parfois convenu), nouveau (mais pas aussi déjanté que Tracks sur Arte)...

Combien elle chérit les arts populaires (de la lutte au caleçon aux luttes arc en ciel en passant par les combats de reines et les infrared combats de coqs), combien elle cultive les cultures suisses (sans aller jusqu'à nous apprendre le switzerdütsch ou organiser de vrais débats nationaux en traduction simultanée), combien elle se démène pour nous raconter, matin, midi et soir, le monde "telle qu'il a été en Suisse et dans le monde à sa connaissance" (avec bien plus d'images sur (et fabriquées par) les Etats-Unis que sur (et par) la Russie, la Chine ou l'Inde)...

365 francs par an pour tout ça, un franc par jour, c'est évidemment donné.

Deux bémols cependant:

Pourquoi l'ouvrier doit-il payer autant que le banquier? Si la cohésion nationale est un bien commun et que la SSR sert à ça, alors ce service public doit être payé par l'impôt. 

Pourquoi la SSR devrait-elle être seule à bénéficier de la redevance et non tous les médias (y compris les blogs où fleurit la diversité des opinions?)? Je sais: quelques miettes tombent déjà de la table, au profit des radios et des télévisions locales, dont aucune n'a cependant les moyens de ses ambitions comme désormais la plupart des journaux de ce pays.

Les affamés ouvrent la bouche mais gardent le silence.

 

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