Quelques cubes de sel, des milliers de portions de Nescafé dans des boîtes en carton alignées sur des étagères en fer, un seul robinet et plus de gobelets dans la troisième tour, plus un sachet de pommes séchées dans la quatrième. Sur les rayonnages vides quelques mots du catéchisme minimaliste des concepteurs savants du stand suisse de l'Expo de Milan: développement, équilibre, solidarité.
Les marathoniens - une foire est toujours un marathon - redescendent les quatre étages de la structure de béton de métal et de verre obscurcie par des rideaux gris (et climatisée comme tous les autres pavillons, bien moins conceptuels mais bien moins intelligents aussi) comme ils sont montés, empaquetés dans ascenseur Schindler. On se demande comment la puissante Union suisse des paysans a pu se laisser embarquer dans une aventure qui (dé)montre, comme à Sevillle en 1992, que La Suisse n'existe pas ou n'existe que sous forme de prêchi-prêcha. Ce qui, à l'aune de la cinquantaine de stands visités, parfois juste traversés, est plutôt un compliment.
Le pire n'est jamais certain. Réjouissons-nous donc ce soir. Une lueur d'espoir nous vient de Turquie! La démocratie formelle fonctionne. Elle sanctionne le parti du président Erdogan tout en lui accordant une forte majorité. Et l'émergence au parlement d'Ankara d'un parti kurde, qui il y a peu était dénoncé comme le bras politique des indépendantistes armés, est elle aussi porteuse d'espoir.
137 maires et co-maires de Genève et leurs 924 conseillers ont donc saisi le gouvernail des 45 communes du canton. Il le tiendront jusqu'en 2020, date à laquelle les Lancéens pourront aller à la Nouvelle Comédie en moins de dix minutes (de gare à gare).