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  • Faux frère

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    Cramer et Mouchet sont dans leurs petits souliers. La rémunération du président socialiste des Services industriels crée des jalousies et révèlent un secret de polichinelle. La participation aux Conseils d'administration des grandes régies de l'Etat est l'une des manières dont certains partis politiques se financent.

     

    Le plus beau reste pour l'heure le lâchage en plein vol du président socialiste du Conseil d'administration des SIG par les ex-amis socialistes genevois, qui signent un communiqués dans lequel ils précisent qui sont leur représentants au sein du Conseil d'administration et que ces deux-là versent bien leur dû à leur parti. A lire sur le blog de Carlo Sommaruga.

     

    Pas moins curieuses sont les déclarations du vert Hiler dans la Tribune qui plaide pour une augmentation des rémunérations des hauts cadres de l'Etat. Imaginons Brunschwig Graf faire une telle déclaration quand elle était ministre des finances et qu'un libéral était à la tête des SIG. Quels hurlements n'aurait-on pas entendu dans le camp socialiste!....

     


    Cela dit Hiler n'a pas tort. Oui les rémunérations des hauts fonctionnaires sont en effet plutôt basses par rapport à celles de leurs homologues d'autres cantons. La faute n'en revient pas au Conseil d'Etat, mais au Cartel intersyndical de la fonction publique qui n'a eu de cesse de resserrer l'échelle des traitements. C'est ainsi que jusqu'à un salaire de cent mille francs les fonctionnaires genevois sont mieux, voire beaucoup mieux, rémunérés que des travailleurs dans le privé exerçant une activité analogue (surtout si l'on prend en compte les avantages non salariaux dont bénéficie la fonction publique).

     

    Reste que toute cette affaire risque d'avoir deux conséquences. Soit une surveillance plus étroite des régies publiques par le Grand Conseil, comme le souhaite la gauche. Cette perte d'indépendance se payera au prix fort d'une perte de la valeur de ces entreprises. Soit au contraire, une autonomisation accrue des dites entreprises qui doivent disposer des marges de manoeuvres dans le marché concurrentiel dans lequel elles exercent leur activité. Et se doter pour cela des meilleurs compétences tant au niveau de leur direction qu'au niveau de leur conseil d'administration. Il ne devrait pas suffire d'être ou d'avoir été député pour siéger dans ces assemblées.

     

     

  • A l'Italienne!

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    Que pense Claude Blanc de la création du parti démocrate en Italien, ce mariage de raison entre les ex-communistes et la gauche radicale et le flanc social de l'ex démocratie-chrétienne? Claude Blanc fut maire démocrate-chrétien de Meyrin et fit sensation dans les année 70 en s'alliant un temps avec la gauche, dont le parti du travail, pour conquérir la majorité. Sans lendemain à l'époque, la guerre froide faisait encore rage. De l'histoire ancienne.

     

    Une grosse génération plus tard, l'Italie paraît en passe d'achever sa révolution politique. Après l'effondrement d'une démocratie-chrétienne à bout de souffle, la création autour de Berlusconi de Forza Italia, parti de droite sans état d'âme, la coalition centre-gauche de Prodi, dont le pouvoir vacille en raison des tiraillements internes de ses composantes, a-t-elle enfin trouvé l'assise politique qui lui permettra de durer?

     

    Reconnaissons à l'Italie une sacrée capacité d'innovation politique. La désignation du nouveau leader du centre-gauche s'est opérée via un scrutin populaire ouvert à tous. Membres ou non d'un des mouvements du centre-gauche, tous les Italiens, les résidents étrangers y compris, ont pu participer à la désignation du nouveau chef. Résultat 3,4 millions d'électeurs et un plébiscite pour le maire de Rome, l'ex-communiste, mais très consensuel, Walter Veltroni. Exit l'alliance entre les Démocrate-sociaux et la Marguerite, place au parti uni de l'Olivier!

     

    La Suisse et ses cantons sont à cent lieux d'une pareille révolution. Les élections fédérales de ce dimanche prochain reconduiront au pouvoir une grande coalition. D'aucuns songent a bouter un Christoph Blocher trop insolent hors du Conseil fédéral, comme on sort de la classe un élève trop turbulent, mais l'UDC reste bienvenue autour de la table. Les socialistes ne parlent plus de quitter le gouvernement. Même les Verts rêvent désormais tout haut de participer au festin du pouvoir.

     

  • Un triste débat digne d'une élection municipale

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    "Nos sondages ne sont pas scientifiques. Et on peut les manipuler..." Il est près de 23 heures hier soir. Romaine Jean tente maladroitement de redresser une émission ubuesque. Le dernier des six mini-débats qui ont rythmé le grand débat électoral sur la TSR portait sur la question (scandaleuse en soi): Faut-il interdire les minarets en Suisse? Plus populiste, tu meurs! Résultat du sondage par SMS: 68% des téléspectateurs votent oui. Applaudissements de Freysinger et cris d'orfraie de ses malheureux contradicteurs, réduits au rang de faire valoir d'une émission de télé-achat, et d'une flopée de candidats à l'Assemblée fédérale, réduits au rôle de spectateurs potiches et applaudissant.

     

    Télé-achat ou télé à l'italienne. Mais la TSR n'a pas (encore) oser assumer jusqu'au bout les règles du jeu du cirque cathodique: offrir des speakers et des speakerines glamours et entrelarder les séquences de concours et de spots publicitaires. Deux-heures trente durant, la première chaîne romande a servi hier soir une soupe écœurante, un bien triste spectacle. Heureusement, une grosse majorité des téléspectateurs ont préféré les séries américaines ou la xème rediffusion du Casse sur TSR2 ou carrément se priver de télé. Un rapide sondage dans la rédaction révèle qu'ici personne n'était devant le petit écran. (Mais les journalistes ne sont pas représentatifs de la population.)

     

     

    Organiser un débat politique à la tv relève du casse-tête. L'idée de réaliser six mini-débats de 20 minutes n'était pourtant pas mauvaise. Elle a donné du rythme à l'émission. Celle d'introduire chaque question par une scénette sur le mode de la télé-achat aurait pu se révéler séduisante si les acteurs avaient été excellents. Mais la télé-achat est par définition une télé bon marché. Il fallait donc s'entendre au pire.

     

    Pas mauvaise non plus l'idée de demander leur sentiment à des témoins extraits de la "société civile" à l'issue de chaque séquence. Mais le choix des trois témoins a achevé de donner un tour caricatural à l'émission. L'entrepreneuse bernoise n'avait rien à dire (merci pour les femmes), le jeune de service s'est opportunément et habilement réfugié dans la dérision. Seul l'avocat Marc Bonnant s'est tiré de se guêpier à son avantage et sans trop forcer son talent oratoire qui est grand. En distillant dans des plaidoiries distanciées, à la limite de la suffisance et de la vacherie, une pensée somme toute bien droitière.

     

    En revanche, hautement risquée était la décision de sonder les téléspectateurs par SMS. Les questions choisies forcément simples pour ne pas dire simplistes ont favorisé la dérive populiste et rabaissé le débat au niveau d'une séance de conseil municipal ou de café du commerce.

     

    Tout aussi risquée fut le choix de retenir des thèmes "choisis" par les téléspectateurs (où sont les journalistes?). Salaire des managers, augmentation du nombre de crèches, congé paternité, interdiction des voitures polluantes, interdiction des minarets. Le ton était donné et l'UDC avait gagné.

     

    Jusqu'au propos surréaliste d'André Baud qui introduit le résultat du sondage sur les minarets par cette phrase: "On reproche souvent à la TSR d'être éloignée du peuple". Voilà le résultat. L'état zéro de la politique.