Qu'y a-t-il de commun entre le lait, Kappel et Luscher? Les fins connaisseurs de l'histoire suisse savent que le chaudron de Kappel contenait une soupe de lait, dans laquelle les soldats confédérés trempèrent leur pain en attendant que les arbitres règlent le conflit entre le canton de Zurich, fraîchement réformé et déjà impérial, et cinq cantons catholiques au lieu-dit Kappel. Nous étions le 8 juin 1529. Une légende, qui appartient au mythes fondateurs de la Suisse, note l'encyclopédie en ligne wikipedia.
Et Luscher? Rien à voir. Le Genevois était inconnu outre-Sarine - nonobstant son idylle avec Lolita Morena, dont le Blick s'était fait l'écho - jusqu'à ces derniers jours et son envie de Conseil fédéral. Un signe pourtant, au-delà de ce magistral coup de pub. L'avocat d'affaires, qui admet dans la Tribune de ce jour que son élection représenterait pour lui un sacrifice salarial - "mais le revenu des Conseillers fédéraux est confortable" - est le pur produit de cette suisse "embed", moderne et prospère, où l'on retrouve pêle-mêle, la finance, le tic-tac horloger et la vache en ses alpages.
Or la finance est en crise, l'horlogerie bat de l'aile et la vache se porte très mal depuis quelque temps. Du côté des céréaliers, on broie aussi du très noir. Quant aux avocats d'affaire, nul plan de licenciements annoncé, la crise semble faire leur beurre autant que la surchauffe.