L'aide suisse aux montagnards gère une fortune d'une centaine de millions de francs. Des dons et des legs exclusivement. Elle octroie environ 30 millions de contributions par an à environ un millier de bénéficiaires principalement des paysans. C'est Willy Streckeisen qui me rappelle l'oeuvre silencieuse et inconnu au bout du lac de cette Fondation d'entraide suisse.
Retraité très actif depuis une dizaine d'années, Willy est expert bénévole auprès de cette institution et arpente les montagnes du Jura neuchâtelois et bernois et le Saanenland pour établir des dossiers. Aide d'urgence, assainissement des fermes, des fosses à purin et des étables, lois sur la protection des eaux et de l'environnement obligent, se taillent la part du lion. Mais l'aide suisse finance aussi des projets dans d'autres secteurs (énergie, santé, tourisme, etc.).
Ancien directeur de la Chambre genevoise d'agriculture, au temps où l'on demandait aux paysans suisses de s'occuper de la production seulement (la Confédération s'occupait alors du reste: de l'écoulement et de la valorisation des surplus notamment), Willy Streckeisen est désormais un militant d'une agriculture socialement durable, un sage critique des plans quadriennaux de la politique agricole qui conduisent la Suisse à l'aurée de 2015 dans les bras de l'Europe, le dernier en date étant PA 2011.
Proche d'Uniterre et de la Confédération paysanne, il plaide pour une agriculture libérée des chaînes du marché mondial (en clair du diktat de la politique agricole américaine). Il ne soutient pas le référendum contre PA 2011 qu'ont lancé les ultras emmenés par le viticulteur de Satigny Willy Cretegny, mais il pense qu'une initiative doit être lancée.
Elle devrait redonner aux agriculteurs des plaines, des coteaux, des collines et des montagnes de quoi poursuivre pour toujours le travail de préservation des sols et de conservation des paysages et de la diversité des espèces animales et végétales, des goûts et des saveurs. Vaste programme qui réclame vraisemblablement plus qu'une loi.
C'est le comportement de la majeure partie des consommateurs qu'il faudrait changer et convaincre de n'acheter plus que des produits arborant le triple label du respect: respect de l'environnement, respect des travailleurs agricoles et respect des ressources non renouvelables. Mais est-ce possible?