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Pays, paysans - Page 60

  • Caves ouvertes, ça ne suffit pas!

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    Les vins genevois sont bons. C'est désormais acquis. Encore qu'à une ou deux exceptions près personne ne se risque à se frotter aux meilleurs vin monde. Ne va pas en Champion's League qui veut. Samedi, les Caves ouvertes ont fait le plein. Le soleil était de la partie. Une journée vraiment magnifique.

     

    On démarre avec un chasselas chez Marc Barthassat à Charrot. Superbe, fruité, délicat. Faut-il redonner le nom de perlan au chasselas pour que ce cépage romand retrouve sa vraie place chez les amateurs? Trop d'assemblages hasardeux qui font penser parfois à des mariages de fonds de cuve ou des vins standardisés malmènent nos palais! Et cette barrique qui s'est invitée dans nos caves, tous ne la maitrisent pas, loin s'en faut. Surtout n'abordez pas le sujet des copeaux. Aussitôt nos fiers vignerons sortent le dernier slogan: les copeaux, c'est bon pour les castors.

     

    Voir! La barrique c'est du folklore qui est au vin ce que le moine est au fromage et Heidi à l'économie laitière. Les vins sont faits en cuve inox. Si on les élève en barrique aujourd'hui, ça n'est ni pour les conserver ni pour les transporter, c'est pour leur donner un goût et une structure particulière. Un sachet de copeaux parvient au même résultat pour bien moins cher et en permettant bien plus d'expériences sapides et olfactives. ça finira d'ailleurs comme le champagne qui affiche les besogneux manipulateurs de bouteilles, mais en réalité fait tourner l'essentiel de la production en machine.

     

    Mais hier, l'heure n'était pas à la raison mais à l'émotion. Dommage, car il est un domaine où la viti-viniculture genevoise se cherche: la vente. La plupart des consommateurs boivent en flux tendus, de la Coop, Manor ou Denner à la table. Or combien sont-ils les vignerons genevois à être présents dans les linéaires des grands distributeurs? Ils se comptent sur les doigts d'une main. A peine plus. Sans parler de ces bistrots qui vous servent un côte du Rhône qui comme chacun sait coule du Valais à Marseille, mais curieusement ne passe pas par Genève. L'Esprit de Genève qui tente de séduire les Suisses allemands pourrait au moins être présent dans quelques grandes surfaces.

     

    Le jura est bien noir. Allez on s'embarque pour la rive gauche. Arrêt à la Chena, chez Daniel Fonjallaz, un grand brun pince sans rire qui élève des vins bien personnalisés. Arrêt encore chez Neury à Corsier, un petit producteur sans façon, qui en fait voir de toutes les couleurs à un gamay du terroir. Pressé en blanc, c'est étonnant!

     

    Dernière halte entre Arve et lac chez Philippe Villard à Anières. Le caveau est minuscule. Sur un rayonnage, les gamay de Papiers gras montent la garde sans bouger. Ces étiquettes des dessinateurs genevois, c'était il y a 15 ans, une sacrée bonne idée. A renouveler sans délai.

     

    Tiens le bus de l'Etat arrive. Sans Cramer! Le ministre de tutelle de l'agriculture a dû aller à l'assemblée générale des Verts pour se faire introniser candidat officiel aux Etats. Tant pis pour lui, on déguste le muscat sec maison, toujours aussi enchanteur et on découvre un savagnin encore tout laiteux. Un savagnin? Oui, le cépage du Jura qui devrait nous apporter de la fraîcheur et un peu d'acidité que nos chasselas n'apportent plus tant, réduction des rendements et réchauffement climatique obligent, expliquent Philippe Villard. Très prometteur, juge tout sourire l'œnologue cantonal Alexandre de Montmollin, à l'issue d'une rude journée.

     

    Avec le tablier des vignerons encaveurs Philippe Villard et son père Pierre.

     

    Il est déjà plus de 19 heures, mais il y a encore du monde chez Patricia et Michel Bidaux à Troinex. On pousse l'impressionnant portail du domaine Lehmann, où le dynamique paysan vend ses poulets et ses vins. L'accueil est chaleureux. Chacun compose sa pizza sur une pâte fraichement levée. Sous un auvent, un moulin familial a moulu 20 kilos de blé toute l'après-midi. Clou de la soirée, un coq en chocolat est brisé comme une marmite d'Escalade.

     

    Ah, encore un mot! Ici on parle copeaux avec fierté. Non pour aromatiser le merlot ou le cabernet, mais pour chauffer les bâtiments. L'entreprise Bidaux va alimenter bientôt la chaudière de plusieurs immeubles locatifs de la commune de Chêne-Bougeries.

  • Les vignerons découvrent un nouveau monde

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    "Fantastique, incroyable, nous vivons sur le terroir le plus diversifié du monde." la Satignote Nicolas Bonnet, une des figures de proue de la viticulture genevoise, n'a pas perdu une miette de la description par le menu des sols où prospère sa plante fétiche, la vigne. Jean Hutin, le "patriarche" de Dardagny, veut déjà mettre en oeuvre ces nouvelles connaissances. "Nous avons soulevé le tapis, explique l'œnologue cantonal Alexandre de Montmollin, encore tout étourdi par tant d'informations, et découvrons un nouveau monde".

    Etrange découverte en vérité. Les vignerons savent depuis des millénaires que la vigne est bonne fille et peu exigeante. Palladius au Ve siècle après Jésus-Christ écrivait déjà: " La nature de la vigne est telle qu'elle supporte tout sol quelconque pourvu que les variétés soient adaptées au sol". Mais c'est là un secret dont seulement quelques vignerons Genevois ont découvert les arcanes. "ça fait à peine vingt ans, explique Nicolas Bonnet, que nous recherchons la meilleure formule entre le porte-greffe, le cépage, le terroir, l'exposition, le climat, une équation à multiples inconnues et un nombre de combinaisons énorme. Les Français ou les Italiens ont une expérience de cinq siècles. Nous allons gagné du temps grâce à cette mine d'informations, s'enthousiasme le vigneron, encore sous le choc des félicitations de trois Valaisans accueillis le matin même et admiratifs devant un verre de chasselas genevois issu d'une vigne de 50 ans.

    Donner à cette connaissance empirique des fondements scientifiques et une systématique, tel est le but de l'étude des pédologues de de la station agronomique de Changins rendue publique mercredi à Lullier. Dès le mois de juin prochain, les Genevois pourront voir les résultats cartographiés de ces milliers de données patiemment enregistrées dans la poussière ou dans la boue, en se branchant sur le Système d'information du territoire.  Et ce sera gratuit a souligné le directeur du service de la géomatique, François Mumenthaler, pas peu fier d'ajouter une nouvelle couche à son mille-feuille de données géoréférencées.

    Stéphane Burgos et ses collègues Nathalie Dakhel et Martine Docourt de Changins ont donc mis l'eau à la bouche des vignerons. Mais leur étude ne représente que le pain de la tartine. Ils veulent y ajouter le beurre et la confiture. Ils mesurent actuellement les microclimat et veulent croiser leur base de connaissances pédologiques avec celle des ampélographes ces magiciens des cépages. Prochaine livraison en 2009.

    Le vignoble en sortira-t-il transformer? Je ne me suis pas trop trompé avoue Nicolas Bonnier qui a planté dix hectares avec 14 cépages différents, mais si j'avais eu ces données avant, j'aurais sûrement permuté deux cépages.