Entre la Cappadoce et Konya (l'ancienne Iconium - d'où le mot icône, dit le guide - aujourd'hui centre de pèlerinage des soufis - je n'aime pas trop les -isme, trop ghetto, trop idiot), la plaine s'étend à perte de vue juste barrée au sud par un volcan couvert de neige.
La première partie a été épierrée par MacDonald, explique Adlem. Un travail de Sisyphe accompli par la multinationale américaine pour pénétrer le marché turc. Etrange conquête du royaume du doner kebab, sans doute pour les jeunes, une manière de se raccrocher à la modernité occidentale. On voit à gauche et à droite du car des milliers de champ hérissés des sillons caractéristiques qui recouvrent les tubercules qu'on vient juste d'enfouir. Le climat est rude à mille mètres d'altitude.
Plus loin, la marqueterie agricole alterne le blé et la betterave à sucre qu'on arrose avec de petits jets, les même qu'on peut voir à Charrot, où le député Vuillod cultive des légumes en plein champ. On dirait dans la plaine de Konya des jouets d'enfant. Des ouvriers les déplacent régulièrement. Un autre travail de Sisyphe. L'irrigation abaisse la nappe phréatique. Déjà des diolines annoncent le risque d'effondrements du sous-sol. De temps en temps, des campements.
Ce sont des saisonniers, dit le guide, des Kurdes, ajoute-t-il sans plus de commentaires.