Une coupure d'une quinzaine de jours. À peine suffisant pour penser le monde avec des yeux ouverts sur d'autres espaces. D'autant que cette rupture surprise a pris la forme du tourisme de masse qui vient s'empiler sur les plages d'Antalya et visite la Cappadoce en meutes organisées.
Ils ne voient rien de la Turquie s'ils ne brisent pas leurs chaînes dorées et internationales. Peu le font. Tous ou presque affichent,matin et soir, à l'heure du buffet, un visage bleuté par le reflet de leur ordiphone qui les rattache au pays, à la famille et aux amis, aux images et vidéo qu'ils ont captées. Et postées à leur intention.
Le réseau m'a donc livré automatiquement mon édition hebdomadaire de The Economist. Tout à fait par hasard, les deux premiers articles que je lis pendant la traversée des monts Taurus évoquent la Turquie et rappellent combien ce grand pays compte aujourd'hui et que l'Europe, hélas vieillissante, apeurée et endettée, ferait bien de considérer avec respect et amitié.
Incroyable carrefour des peuples, héritière d'un empire de cinq siècles, brutalement entrée depuis bientôt 100 ans dans l'Europe et une modernité qu'elle n'a pas encore digérée et que l'élection parlementaire du 7 juin prochain pourrait, craint l'opposition divisée à Erdogan et à son souriant premier ministre, renvoyer davantage encore dans les rets d'un régime théocratique d'antan, la Turquie vit des mutations qui nous concernent directement. Deux tout petit exemple donc de mes lectures citées ci-dessus.
En 2017, une usine bâtie par une société australienne fera de la Turquie le premier pays à produire des panneaux capables de capter l'énergie photovoltaïque via un colorant. Elle a été mise au point en Suisse occidentale, dans l'une de ces usines que notre pays compte à profusion. En l'occurrence, l'EPFL et les laboratoires du professeur Michael Graetzel.
http://www.economist.com/news/science-and-technology/21651166-perovskites-may-give-silicon-solar-cells-run-their-money-crystal-clear
En 2016, peut-être, ou plus tard, la Turquie pourrait accueillir un détecteur à neutrinos capables de détecter la production de plutonium de son cher voisin, l'Iran. Les neutrinos qui traversent l'espace et la matière sans coup férir laissent parfois quelques traces de leur passage. Assez, dit The Economist, pour dépister l'activité des centrifugeuses souterraines. De quoi assurer un contrôle suffisant de l'accord de Lausanne?
http://www.economist.com/news/science-and-technology/21651165-it-may-be-possible-detect-plutonium-factories-distance-watcher
Pourquoi l'Algerie dans le titre de ce billet? Je ne connais pas ce pays, mais je ne comprends pas pourquoi il ne suit pas le cours du développement économique de la Turquie?
Commentaires
Article dense et riche: Merci du partage de lecture d'analyses et des émotions !