Honte d'être suisse? Quelle drôle d'idée! Je reste pour ma part fier du fonctionnement de nos institutions. Peu d'Etats, pour ne pas dire aucun sur la planète, soumettent leurs gouvernants à de tels exercices d'humilité et de remises en question. L'Europe - et aucun de ses membres - n'a sur ce plan de leçons à nous donner. Le verdict populaire est un fait incontournable de la démocratie. C'est sans doute pour respecter si peu ce principe que les institutions politiques finissent par se dévaloriser aux yeux des gens.
En 1992, on nous avait annoncé les pires catastrophes, elles ne sont pas survenues. Aujourd'hui le vote est en fait bien moins important que celui de l'EEE. Dans l'esprit des Suisses, le vote de ce 9 février ne consistait pas à remettre en cause les bilatérales, mais à donner un coup de frein à une de ses conséquences jugée, à tort ou à raison, fâcheuse par une petite majorité: la croissance démographique. Vu d'Inde, ça ne manque pas d'interroger...
Inde 2014 - Page 4
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Fier d'être suisse!
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Ôm
Ôm est un son primordial que l'on entend à proximité les temples hindous. À Puri, le temple dédié à un dieu de la parenté de Vishnou est fermé pour nous. Nous imaginons, en arpentant les rues aux alentours, occupées par les marchands et les primeurs, que les rituels qui s'y déroulent sont semblables ou proches de ceux que nous avons pu vivre, il y a 10 ans, à Kanyakumari, à Madurai ou à Tanjur.
Il se trouve que, durant ce voyage, j'ai emporté trois livres "Mosaïque de feu", un journal d'Olivier Germain-Thomas redigé à Auroville et dans le sud de l'Inde peu après la tempête Lothar fin 1999, le "Dictionnaire amoureux de l'Inde" de Jean-Claude Carrière et "Désir d'infini" de Trinh Xuan Thuan. Ce dernier, né au Vietnam, professeur d'astrophysique aux États-Unis, est un maître dans l'art de vulgariser sa science en français
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Rama voit la vie en rose pour ses enfants
Rama C. voit l'avenir en rose. Ses fils auront des opportunités. Ils ne seront pas fonctionnaires comme lui. Ils seront juristes, médecins, ingénieurs, commerciaux. Entre nous, le mensuel Frontline fait sa premiere page sur le récent succès de la fusée indienne qui a placé le 5 janvier dernier un satellite de communication de près de deux tonnes sur une orbite géostationnaire grâce à un dernier étage cryogénique "indigienisé" - dix-sept pages spéciales sur l'aventure spatiale indienne, issue de la coopération avec la Russie. Bien loin des slums et des taudis des centres-villes et des pujas qui font de si jolies photos. Une Inde que les touristes ne connaissent pas. Pas plus que les joutes politiques qui décident, dans cette démocratie géante que le petit Suisse a peine à comprendre, des majorités parlementaires à Delhi et dans les trente États de l'Union.
Frontline est ouvert à la page 29. Sous le titre "Fuzzy start", Un départ en fanfare, la photo du nouvel homme fort de Delhi, Arwind Kejriwal, un arriviste pour les uns, un populiste, possible premier ministre dans 10 ou 15 ans pour les autres. C'est l'avis de notre compagnon de voyage.
Comme le commerçant de Khajuraho, le fonctionnaire de Rairangpur espère que le jeune tribun du parti Aam Aadmi réduira la corruption endémique qui permet à des minorités parfois des mafias de s'accrocher comme des sangsues aux jambes des centaines de millions de travailleurs de ce pays. En attendant, estime Rama, l'alternance que propose le leader du BJP vaudra mieux que la poursuite de la dynastie Gandhi dont le dernier rejeton, Rahul, est décrit comme un dandy prépubère.