Scorie de marmite: "
Tout le monde veut sauver la planète, mais personne veut descendre les poubelles."
Une pensée de l'inénarable et regretté Jean Yanne trouvée dans un pétard d'Escalade.
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Scorie de marmite: "
Tout le monde veut sauver la planète, mais personne veut descendre les poubelles."
Une pensée de l'inénarable et regretté Jean Yanne trouvée dans un pétard d'Escalade.
Bonne nouvelle pour La banque suisse. L'Etat de Singapour vole au secours d'UBS en versant 11 milliards de francs pour combler le trou des prêts hypothécaires pourris américains qui ont fait fleurir les résultats de la première banque suisse naguère, avant de la précipiter dans les soucis que l'on sait.
La différence avec la Banque cantonale de Genève sauvée de la faillite par l'Etat de Genève pour 2,3 milliards de francs environ (les comptes ne sont pas bouclés), c'est que l'Etat de Genève n'a pas investi dans sa banque comme la Government of Singapore Investment Corporation Pte. Ltd dans l'UBS. Il s'est contenté d'éponger les pertes, sans aucune contrepartie. Quand donc les députés vont-ils se réveiller et corriger leur vote précipité le 19 mai 2000 sous l'ère Calmy-Rey?
Pour ceux qui voudrait en savoir plus, on conseille la lecture d'un article plublié dans ce journal par Denis Roy, ancien directeur des services financiers du canton de Genève et biensûr le livre "Hold-up démocratique à deux milliards et demi" de S. Guertchakoff et Fr. Membrez.
Quelle Suisse pour demain? Adieu Alpes, vaches et horloges, le bi-mensuel Bilan hésite dans sa dernière édition entre l'image d'une mégalopole futuriste ou celle d'une terre vitrifiée et assène d'emblée son credo: "Sans croissance, point de salut!" Ce qui renvoie au fond à la vérité biblique bien connue: croissez et multipliez. Suivent les réponses d'une brochette de 25 leaders, plutôt âgés et très mâles (seules cinq femmes), à la question "quel est le futur de l'idée suisse?". Chacun y va de son dada du moment.
Hayek parie sur les énergies renouvelables. Darbellay veut réformer le fédéralisme, dont la version actuelle prive la Suisse des Jeux olympiques de 2018. Merz au contraire qualifie le fédéralisme de matière première. Le banquier genevois Mirabaud tisse sa toile en Asie. L'incontournable et politiquement correct Isabelle Chevalley cherche l'équilibre écologique. Jacques Hainard, transplanté au MEG, veut éjecter la lenteur de la tradition suisse. Le vice-recteur Flückiger réclame sans surprise plus de sous pour sa fabrique de chercheurs. Le secrétaire d'Etat Gerber, conforme à son rôle de patron du Seco, se fait casseur de frontières. Le patron de la TSR mise sur la diversité, Loretan sur un libéralisme humaniste. Metin Arditi estime que l'Etat a besoin de vrais chefs. Enfin le vieux Ogi (qui n'a pas pleuré depuis l'échec de la candidature de Sion aux JO) rêve d'une Suisse chaleureuse et la vieille Sandoz rêve tout court.
Rêver le pays? C'est peut-être bien la meilleure idée suisse d'avenir. C'est aussi ce que réclame Nicolas Bideau, dont je vous livre la réflexion ci-dessous. La Suisse est en mal d'histoires, en mal de scénarios.
Oui le chef de la section cinéma à l'Office fédéral de la culture a raison. Sans conteurs, la Suisse s'effiloche ou se raidit. Elle s'ennuie aussi. Les vaches, les Alpes, le Grütli alimentent encore l'imaginaire collectif, mais sur le mode de la frilosité et du repli. Et les argumentaires rationnels, ripolinés, chiffrés que livrent nos politiciens au fil de leur discours très formatés ne font qu'amplifier ce vague à l'âme national.
Hier soir, sur le coup de 8h, je croise un 40 tonnes illuminé comme un sapin de Noël. Le poids lourd roule à petite vitesse sur une route secondaire dans la région de Compesières. Que fait-il à cette heure en pleine cambrousse? S'est-il égaré? Que nenni. Le maousse débarque de Turquie. Il s'en vient livrer dans une micro-usine agricole de la région des tronçons de poireau blanchi sous le soleil oriental. C'est ainsi que la mondialisation tombe sans bruit dans la soupe de légumes de la mère Royaume.
Sacré défi que celui de raconter des histoires suisses.
La Suisse est en mal d'histoires, en mal de scénarios pour parler cinéma. Par le passé, on nous a raconté pas mal d'histoires. Cela a commencé par l'histoire de l'industrie, du chemin de fer, du néo-corporatisme, du syndicalisme, du réduit national, de la formule magique, de l'AVS, du vote des femmes, j'en passe et des meilleurs. Notre pays est un pays laïc, sans véritables mythes fondateurs, sans concentration du pouvoir sur des hommes providentiels.
La Suisse s'est faite sur des récits racontés par des conteurs de premier ordre. Je ne dis pas ici qu'on nous a raconté du vent, bien au contraire, j'affirme que notre développement politique, économique et social a besoin de se raconter, de se mettre en scène pour s'incarner au sein de la société. J'ai suivi attentivement, comme citoyen, notre automne politique. Et cela m'a frappé: mais où sont les histoires?
J'en ai bien entendu çà et là, mais bon sang, pas vraiment d'HISTOIRES NATIONALES, de ces récits qui vous font rêver du pays et de son avenir. J'en appelle aux conteurs qui dirigent ce pays, aussi bien nos hommes politiques que nos chefs d'entreprise ou nos intellectuels: racontez-nous la Suisse! Comprenons-nous, ce ne sont pas les idées qui manquent mais la manière de les raconter: pas assez de rêve, pas assez de dramaturgie, et cela à gauche comme à droite de l'échiquier.
Nos ancêtres nous ont livré de solides contes, mais j'ai bien peur qu'ils soient un peu dépassés. Je suis intimement convaincu que les nouvelles générations de Suisses ont soif de nouveaux récits, qu'il ne sert (presque) à rien de les assommer d'arguments alignés mécaniquement. La Suisse a dramatiquement besoin d'histoires et de conteurs.