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Dans quel état j'erre - Page 157

  • Adonis et les juifs

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    Pourquoi achète-t-on tel ou tel livre? Une critique opportune, la renommée d'un auteur, un prêt amical, un heureux hasard, une curiosité, un titre ou une couverture attractive? Qui sait?

     

    "Le livre des savoirs" m'a séduit pour cette dernière raison. Je ne connais pas son auteur, Constantin von Barloewen né en 1952 à Buenos Aires, professeur honoraire d'anthropologie à Karlsruhe, membre de conseils scientifiques à Harward et à Berlin. Je ne connais guère les "grands esprits de notre temps" qu'il a interviewés, sinon de nom pour certains: Boutrous Boutros-Ghali, Stephen Jay-Gould, Samuel Hutington, Régis Dedray, Federico Mayor, Ilya Prigogine, Amos Oz, Elie Wiesel, Tu Wei-Ming, entre outre. Le premier se nomme Adonis.

     

    Adonis est un pseudonyme. Celui d'Ali Ahmed Saïd Esber qui est considéré, nous dit l'auteur, comme le plus grand poète arabe vivant. Je ne cite qu'une question et sa réponse. D'emblée elles situent notre homme et ouvrent de larges horizons. Sans commentaires.

    "Vous avez été exclu de l'Union des écrivains sytiens pour avoir plaidé en faveur d'un dialogue avec les auteurs israéliens

    Oui, j'ai assisté à un colloque à Grenade, organisé par l'Unesco, répond Adonis. Et j'ai dit que maintenant, Israël fait partie d'une région géographique dont l'héritage est multiple: il y a eu les Sumériens, les Assyriens et ensuite les Grecs, le christianisme, les pharaons, la génération égyptienne, y compris le judaïsme. donc, c'était un métissage culturel extraordinaire et le christianisme est à la fois religion et culture, comme l'islam. L'islam était aussi une culture, il était ouvert à toutes les autres religions, il y avait des ministres juifs au sein du régime musulman à Bagdad et à Damas, et il y avait aussi des chrétiens; les juifs et les chrétiens faisaient partie intégrante de la société arabe et de la culture arabe. Et j'ai soulevé cette question. Maintenant Israël, s'il veut réellement la paix, et s'il veut vivre réellement avec les Arabes, doit accepter ce métissage, il doit entrer lui-même dans ce métissage. C'est pourquoi je me demande si, un jour, on ne pourrait pas avoir, par exemple, un ministre chrétien au sein du gouvernement israélien, pas pour représenter la minorité chrétienne, mais pour représenter la totalité de la société; et de même il y aurait un ministre musulman, de la même façon qu'il y a au Maroc deux ministres juifs qui représentent la totalité de la société marocaine ; si. de plus, il y a un enseignement mixte ouvert et si on change la loi du mariage chez les juifs, si vous faites ça, vous prouverez, cher israëlien, cher juif, que vous voulez vivre ensemble dans cette société. Mais si vous restez à l'école entre vous et rejetez les autres, ça ne peut pas aboutir à une paix politique, pas à une paix entre les peuples, à une paix culturelle, à une paix humaine."

    Publié chez Grasset, septembre 2007

  • Y'a pas l'feu!

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    Cette semaine, les Belges vont pulvériser leur propre record: 150 jours sans gouvernement! A croire qu'en Belgique, les gouvernements, c'est un peu comme les carrefours, ça marche parfois mieux quand les feux sont en panne.

     

    Est-ce que ce serait vraiment différent ailleurs. A Genève par exemple, la crise du logement, l'enseignement, la police, la justice, les TPG tous ces services indispensables à notre quotidien rouleraient-ils  moins bien sans gouvernement?

     

    Et la France? Sans Sarkozy, ne s'éviterait-elle pas une semaine de cauchemar telle qu'on n'en a point vu depuis soixante-huit? 

     

    C'était notre rubrique "Dans quel état j'ère". A ne prendre qu'avec des pincettes. 

  • Karol, un homme devenu pape

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    Quatre fois une heure et demie pour résumer quatre-vingt-cinq ans d'une vie exceptionnelle, fascinante, tonitruante, foisonnante, planétaire, qui aura marqué l'histoire de la fin du deuxième millénaire peut-être autant sinon plus que celle d'un Lénine ou d'un Staline, deux de ses adversaires irréductibles. Une mission impossible! Un défi insurmontable! Une pure folie!

     

    Camilla Nesbitt et Pietro Valsecchi, les deux producteurs de "Karol, un homme devenu pape" ont tenté l'aventure. Résultat, le réalisateur, Giacomo Battiato, non croyant mais éduqué dans la tradition catholique, nous livre un roman vidéos de 360 minutes, une reconstitution hagiographique et linéaire d'un pape quelque peu réduit au rôle d'un Tintin en soutane. Un film catéchétique d'un pape globe-trotter, qui a évidemment remporté un immense succès dans le monde catholique dès sa sortie en 2005. Arte l'a diffusé en prime time cette fin de semaine.

     

    Comment en effet rester insensible face au destin extraordinaire de ce Polonais?

     

    Pas facile de représenter Karol. L'acteur Piotr Adamczyk s'en tire pas trop mal. Il campe un Karol au sourire un peu niais, pétri de bonnes intentions, un rien boy-scout, ayant réponse à tout: un prêtre sans doutes, un professeur de morale adulé, un évêque combattif et sans concessions, un pape infatigable, imprécateur et jusqu'au bout(iste).

     

    «Si seulement je pouvais être le pape d’ici, et non pas du Vatican». C'est cette phrase prononcée en Inde qui a motivé le cinéaste italien à raconter toute la vie de Jean-Paul II, de ses années estudiantines, dans la Pologne occupée par les nazis, à son agonie la veille de Pâques 2005.

     

    Que n'a-t-il pas rompu avec les ors de Saint-Pierre, se dit-on? Le film ne répond pas. En fait il ne pose même pas la question. Un oubli parmi de nombreux autres. Le pape était-il plus prisonnier de son rôle et peut-être de la Curie que ne le montre le film?