Quatre fois une heure et demie pour résumer quatre-vingt-cinq ans d'une vie exceptionnelle, fascinante, tonitruante, foisonnante, planétaire, qui aura marqué l'histoire de la fin du deuxième millénaire peut-être autant sinon plus que celle d'un Lénine ou d'un Staline, deux de ses adversaires irréductibles. Une mission impossible! Un défi insurmontable! Une pure folie!
Camilla Nesbitt et Pietro Valsecchi, les deux producteurs de "Karol, un homme devenu pape" ont tenté l'aventure. Résultat, le réalisateur, Giacomo Battiato, non croyant mais éduqué dans la tradition catholique, nous livre un roman vidéos de 360 minutes, une reconstitution hagiographique et linéaire d'un pape quelque peu réduit au rôle d'un Tintin en soutane. Un film catéchétique d'un pape globe-trotter, qui a évidemment remporté un immense succès dans le monde catholique dès sa sortie en 2005. Arte l'a diffusé en prime time cette fin de semaine.
Comment en effet rester insensible face au destin extraordinaire de ce Polonais?
Pas facile de représenter Karol. L'acteur Piotr Adamczyk s'en tire pas trop mal. Il campe un Karol au sourire un peu niais, pétri de bonnes intentions, un rien boy-scout, ayant réponse à tout: un prêtre sans doutes, un professeur de morale adulé, un évêque combattif et sans concessions, un pape infatigable, imprécateur et jusqu'au bout(iste).
«Si seulement je pouvais être le pape d’ici, et non pas du Vatican». C'est cette phrase prononcée en Inde qui a motivé le cinéaste italien à raconter toute la vie de Jean-Paul II, de ses années estudiantines, dans la Pologne occupée par les nazis, à son agonie la veille de Pâques 2005.
Que n'a-t-il pas rompu avec les ors de Saint-Pierre, se dit-on? Le film ne répond pas. En fait il ne pose même pas la question. Un oubli parmi de nombreux autres. Le pape était-il plus prisonnier de son rôle et peut-être de la Curie que ne le montre le film?