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Dans quel état j'erre - Page 152

  • Le choc des images

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    Insoutenables ces images vues hier soir au 19.30 de ces prisonniers russes tabassés en direct à l'heure du souper. Mais tellement nécessaires.  La vision de ces des horreurs, plus forte que n'importe quel discours, nous rappelle de quoi sont capables des brutes endoctrinées, des hommes pourtant prisonniers eux-mêmes d'une chaîne de commandement démente. La honte et l'écoeurement nous gagnent.

     

    Mais comme me le rappellait encore, hier après-midi, mon ami Gorgui, les Russes sont inatteignables. Et comme beaucoup d'autres régimes, ils disposent d'une réponse terrible à qui leur reprocherait ces traitements inhumains: Abu Ghraib et Guantanamo. Et chez nous, sommes-nous irréprochables dans nos prisons?

  • Conversation avec Hani Ramadan

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    Longue conversation ce matin avec Hani Ramadan. Conversation de bistrot un peu décousue, sans autre prétention que le plaisir de l'échange intellectuel, où perce de temps en temps le besoin retenu de convaincre l'autre. Confrontation avec une pensée toute entière animée par la foi et son commandement: transmettre la connaissance véritable autour de soi.

     

    Un croyant, quel qu'il soit, peut-il se soustraire à cette obligation du prosélytisme? N'est-ce pas un acte d'humanité, de charité que de faire connaître à son prochain les paroles vérité? L'Europe y consent dans l'espace public, non sans crainte, non sans résistance. Genève s'en préserve absolument dans ses institutions, où la transmission du savoir est la raison d'être. L'école est ici laïque et ne tolère pas la connaissance religieuse. Etrange paradoxe d'une cité dont l'esprit, dont elle est si fière, ainsi s'appauvrit.

     

    Mais Genève n'est pas la seule, loin s'en faut, à dresser des murs contre les religions allogènes. En Inde et dans bien d'autres pays les chrétiens sont régulièrement la cible de croyants aveugles et extrémistes. Ils restent discrets sans arborer aucun signe ostentatoire d'appartenance. Ils sont souvent victimes en retour du prosélytisme des évangélistes (américains) qui battent la campagne en quête de nouvelles ouailles. Devenir chrétiens ou musulmans est pour les intouchables un moyen d'échapper à la hiérarchie illégale mais encore bien établie des castes.

     

    A l'inverse, les musulmans qui viendraient à se détourner d'Allah sont partout les victimes de l'ostracisme et de la vindicte parfois meurtrière de leur communauté. Il n'est pas si loin le temps où sous nos cieux les couples mixtes protestants-catholiques étaient mis au ban de la "bonne" société alors pratiquante. Notre vernis de tolérance est aussi opaque que ténue.

     

    Hani Ramadan étudie une sourate où il est question de l'olivier, du figuier, de la Mecque pour faire l'homme. L'olivier renvoie peut-être au Jardin des oliviers, la Mecque sûrement au Prophète. L'imam des Eaux-Vives s'interroge sur le sens qu'il faut donner au figuier. Ne serait-il pas l'arbre sous lequel le Boudha s'est éveillé? Pourquoi pas? Je lui rappelle que le figuier est cette arbre que Jésus sauve d'une coupe certaine par son propriétaire lassé d'entretenir un arbre qui ne porte plus de fruit. Le figuier n'est-il pas le signe de l'espérance infinie, du travail des hommes qui finit parfois par "faire des miracles". Bref l'homme en interaction perpétuelle avec son créateur, l'homme co-créateur du monde au jour le jour. L'homme à l'image de Dieu.

     

  • Taizé à Genève: un sacré défi pour l'Euro 2008.

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    Mais où était donc la police? Pas un agent dans le périmètre de l'aéroport, autour de la cathédrale, à la porte des églises et à Palexpo où 40'000 personnes étaient rassemblées durant quatre jours. Pas une canette de bière, pas un papier gras dans les rues, pas un décibels, pas de bannières, pas ou si peu de drapeaux nationaux, pas d'écharpes frappées du nom d'un club, pas d'hymnes hurlés à plein poumons, pas de gros mots. Taizé à Genève n'est pas l'Euro 2008.

     

    La fête du foot, ce sport roi, ce sport matrice de fraternité dont Michel Platini chante les louanges dans l'édition spéciale de Business Week 2008, a un sacré défi à relever. A commencer par supprimer le championnat des nations. Rompons avec la logique de la fierté nationale. Contentons-nous de vibrer pour une ville, puisque l'homme est ainsi fait qu'il lui faut une cause pour se dépasser.

     

    Sur les pas de frère Roger qui s'était installé sur la ligne de démarcation entre la France occupée et la zone libre, Taizé a franchi le rideau de fer bien avant que celui-ci ne s'effondre, en 1989. Aujourd'hui presque 20 ans après, des milliers de jeunes Polonais, Croates, Slovaques, Ukrainiens, Roumains, Tchèques, Lituaniens, et des centaines d'autres de la "vieille Europe" ont convergé vers la "Rome protestante".

     

    Ces jeunes venus de l'est sont venus à Genève pour secouer les responsables des églises, dépasser les haines historiques qui les taraudent encore, se libérer de la peur de l'autre qu'ici et là on entretient au nom d'une identité insensée. apprivoiser le vivre ensemble dans une expérience communautaire exceptionnelle.

     

    Taizé a aussi un formidable défi à relever.

     

    Janvier est le mois de l'unité des chrétiens. Qu'est-ce que cela veut dire? Ne pas se contenter de l'émotion de quatre journées, faire place aussi à la raison. Inventer une unité des chrétiens qui ne saurait être la mise au pas de tous sous le fanion d'un seul homme, sinon le Christ. Vaste programme! Les bonnes paroles d'espérance ne suffiront pas.

     

    Il est temps d'ouvrir de nouveaux espaces. Il est temps pour Benoît XVI de reconnaître, sans volonté d'annexion des églises sœurs, que la succession sacerdotale n'a pas été rompue par les réformateurs du XVe et du XVIe siècle. Et pour les réformés de l'accepter.

     

    Lire quelques réflexions sur Taizé sur ce blog http://taizegeneve.blog.tdg.ch et sur http://bertrandbuchs.blog.tdg.ch