Taizé à Genève: un sacré défi pour l'Euro 2008. (01/01/2008)
Mais où était donc la police? Pas un agent dans le périmètre de l'aéroport, autour de la cathédrale, à la porte des églises et à Palexpo où 40'000 personnes étaient rassemblées durant quatre jours. Pas une canette de bière, pas un papier gras dans les rues, pas un décibels, pas de bannières, pas ou si peu de drapeaux nationaux, pas d'écharpes frappées du nom d'un club, pas d'hymnes hurlés à plein poumons, pas de gros mots. Taizé à Genève n'est pas l'Euro 2008.
La fête du foot, ce sport roi, ce sport matrice de fraternité dont Michel Platini chante les louanges dans l'édition spéciale de Business Week 2008, a un sacré défi à relever. A commencer par supprimer le championnat des nations. Rompons avec la logique de la fierté nationale. Contentons-nous de vibrer pour une ville, puisque l'homme est ainsi fait qu'il lui faut une cause pour se dépasser.
Sur les pas de frère Roger qui s'était installé sur la ligne de démarcation entre la France occupée et la zone libre, Taizé a franchi le rideau de fer bien avant que celui-ci ne s'effondre, en 1989. Aujourd'hui presque 20 ans après, des milliers de jeunes Polonais, Croates, Slovaques, Ukrainiens, Roumains, Tchèques, Lituaniens, et des centaines d'autres de la "vieille Europe" ont convergé vers la "Rome protestante".
Ces jeunes venus de l'est sont venus à Genève pour secouer les responsables des églises, dépasser les haines historiques qui les taraudent encore, se libérer de la peur de l'autre qu'ici et là on entretient au nom d'une identité insensée. apprivoiser le vivre ensemble dans une expérience communautaire exceptionnelle.
Taizé a aussi un formidable défi à relever.
Janvier est le mois de l'unité des chrétiens. Qu'est-ce que cela veut dire? Ne pas se contenter de l'émotion de quatre journées, faire place aussi à la raison. Inventer une unité des chrétiens qui ne saurait être la mise au pas de tous sous le fanion d'un seul homme, sinon le Christ. Vaste programme! Les bonnes paroles d'espérance ne suffiront pas.
Il est temps d'ouvrir de nouveaux espaces. Il est temps pour Benoît XVI de reconnaître, sans volonté d'annexion des églises sœurs, que la succession sacerdotale n'a pas été rompue par les réformateurs du XVe et du XVIe siècle. Et pour les réformés de l'accepter.
Lire quelques réflexions sur Taizé sur ce blog http://taizegeneve.blog.tdg.ch et sur http://bertrandbuchs.blog.tdg.ch
22:58 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Oui, elle a été très belle cette année la Rome protestante. Je ne sais si Calvin aurait apprécié... Mais on voit que l'oecuménisme lancé par Jean XXIII, le dernier des grands papes, est un ferment qui a pris. Et contre lequel les Benoit XVI et ses conseillers de la Sainte Congrégation de la Foi de peuvent rien....
Écrit par : Eddy | 02/01/2008
Deux remarques à propos de votre contribution M.Mabut.
1) Pas besoin de gendarmes ni de forces de l'ordre pour de simples raisons. La première est que ni l'argent ni le "nationalisme" ne sont les carburants de cette manifestation. Taizé est la démonstration que ce qui apporte réuni et que ce qui rapporte divise. Tout simplement parce que fraternité a pour but premier le partage.
A l 'inverse, les manifestations type Euro 2008 sont centrées autour des vanités. Celle d'amasser le plus d'argent possible dans un minimum de temps et celle de tenir un trophée qui fait croire de façon très illusoire qu' "on est les meilleurs".
2) Si l'unité chrétienne est en péril c'est précisément dû au fait que l'une des "équipes", celle du Vatican, pense être la seule à être légitimée à porter "la coupe".
Vous remarquerez au passage que c'est aussi la seule qui a une trésorerie.... d'enfer !
Bien entendu que votre propos sur l'unité à venir est juste et fondé. Il y a toutefois deux préalables. Le premier est que les chrétiens soient bien tous d'accord pour dire que ce qui compte c'est le MESSAGE et non la méthode pour le transmettre. Le second, qui découle du premier, est une fois que toutes seront d'accord sur le seul centre qui compte est bien le MESSAGE qu'elles décident de pacifier leurs rapports.
Ce qui me semble hors de propos c'est l'attitude rétrograde de l'actuel locataire de St Pierre. Elle traduit en fait une peur, celle de perdre le "pouvoir". Assez triste non?
Son prédécesseur, qui est certainement l'une des personnalités majeures du XXe, a démontré par son sacerdoce totalement dévoué au MESSAGE, qu'au contraire l'unité suit l'ouverture.
Que la curie romaine pense que les femmes n'ont pas leur place dans l'ordination est son problème. Qu'elle se paie le luxe de jeter l'anathème sur ceux qui pensent que le MESSAGE peut être transmis autrement est tout simplement intolérable. Cette vision manque totalement de respect de l'autre . Elle est, de fait, hors de l'éthique.
Bien que déiste et non christique, je marcherais volontiers sur les chemins de Damas aux côtés de ceux qui le sont si cela devait contribuer à diffuser le MESSAGE de Jésus, qui est le Pardon et l'Amour.
Qu'il ait été ou non fils de Dieu est, de ce point de vue, une question marginale.
Ce sont bien là toute les deux dimensions qui font si cruellement défaut aux athées!
Cordiaux voeux pour un belle et fructueuse année 2008 et que l'on puisse dire à tous ceux de bonne volonté "Taizé vous que l'on entende la seule vraie prière, celle du partage"!
Écrit par : Patrick Dimier | 02/01/2008