Triste clown, certes! Je fais partie de cette minorité d'Helvètes qui ont eu à un moment ou à un autre l'occasion d'exercer un modeste pouvoir public ou d'en être proche. Cette proximité me fait regarder d'un oeil compréhensif le chemin de Damas de Hans-Rudolf Merz. Je ne fais donc pas partie des 79% d'internautes de la Tribune qui dénoncent l'action présidentielle.
Présenter ses excuses au peuple libyen n'est pas présenter ses excuses au clan Kadhafi.
Le peuple llbyen suit son leader parce qu'il n'a pas le choix. Comme les Allemand ont suivi Hitler, les Français Pétain (qu'il avait tous deux une légitimité démocratique initiale) et nous autres suisses avons été aveugles, car pour la plupart longtemps désinformés, par rapport aux fonds juifs ou à l'évasion fiscale, dont sont victimes encore des pays amis et démocratiques.
Comme dans le cas UBS et bien d'autres situations, un bon accord vaut mieux qu'un mauvais procès. La canicule contribue sans doute à chauffer les esprits. Dans quelques mois, l'affaire sera oubliée et ont sera redevable au président de la Confédération d'être allé à Tripoli. Des erreurs il y en a eu à tous les échelons dans cette affaire. L'engrenage s'est montré cette fois fatal à l'honneur de la Suisse. Mais croyez-vous que Kadhafi et les démocraties qui nous entourent et sont restées muettes du moins officiellement en sortent grandit? Notre fierté nationale aurait-il été moins écornée si nous avions attendu encore une année?
Savoir s'excuser, pardonner sont des armes qui peuvent se révéler redoutables.
A lire à ce propos le billet de Philippe Souaille à qui je présente mes amitiés pour le décès qui l'affecte. Sur les blogs de la Tribune, trois blogueurs (ici, là et là) ont régulièrement rappelé le sort des otages dans chacun de leur billet. Pourquoi les intellectuels de ce pays et la presse n'ont-ils pas pris fait et cause pour ces compatriotes?