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Air du temps - Page 255

  • Devoir de mémoire et droit à l'oubli

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    Sarkozy aura tout de même atteint son but: précipiter l'intelligentsia française dans une diatribe dont elle cultive un goût immodéré et gourmand. L'espace d'une semaine, tandis que la mondialisation fait son œuvre chez Miko, à l'Oréal et dans nombre d'autres entreprises moins médiatiques, les Français sont divertis de leurs soucis quotidiens. au passage, le président prescripteur de la morale publique rappelle qu'il y a eu pire condition dans l'Histoire récente et que les Français seraient bien avisés de relativiser la perte de leur pouvoir d'achat.

     

    Laissons donc les psy, les pédagogues, les grands témoins et les professeurs d'Histoire (ou d'histoires) gloser sur la meilleure manière de sacrifier au devoir de mémoire. Il est certain que pour un élève évoquer la mémoire d'un enfant tué en raison de sa race ou de sa religion ressemble, quant à la méthode, à la cuillère d'huile de ricin ou de foie de morue qu'autrefois l'on infligeait aux gosses pour les remplir de vitamines.

     

    Cela dit, dans cette société où les héros des jeux vidéo ont plusieurs vies et "ressuscite" d'un clic, il n'est pas peut-être pas si faux de rappeler que sous nos cieux (ceux de l'Inde exceptés), les êtres humains n'ont qu'une vie et qu'il est criminel de la détruire ou de la souiller.

     

    J'écris ce billet parce que je suis tombé hier soir sur un bouquin dont la lecture des premières pages m'a impressionné. Sous les étoiles du Rwanda est une œuvre à deux voix, celle d'une Genevoise de 48 ans, Mathilde Fontanet, et celle d'une Rwandaise de 38 ans Odette Habykare. Leur dialogue remémore l'indicible génocide de ce petit pays des hauts plateaux africains.

     

    Combien de génocide le monde a-t-il connu? Quel sera le prochain? Le devoir de mémoire s'impose certes. Mais le culte des victimes, si en vogue aujourd'hui, n'est-il aussi, comme le dit Caroline Eliacheff, ce matin sur France Culture, une manière pour notre génération d'apparaître sous un meilleur jour que celle de nos grands-parents, alors que nous avons tant à faire pour intégrer les jeunes d'aujourd'hui dans une société plus altruiste et plus juste? (Pour écouter cette chronique intitulée Droit à l'oubli, cliquez ici)

     

    [Cliquez deux fois sur les images ci-dessous pour lire le texte]

  • Comptabiliser le bonheur dans le PNB

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    Toujours en campagne (n'a-t-il pas déclarer vouloir donner un écho national aux prochaines élections municipales de mars et avril prochains?), le président français a un avis sur tout. Rien ne semble lui échapper. Rien de ce qui compte à ses yeux en tout cas et s'impose désormais à la vulgate de tous, puisque ses choix sont ceux de la France et des Français. Nous voilà revenu au temps où la religion du prince est la religion du peuple.

     

    Ses conseillers sont capables pour sacrifier au rituel du 20 heures de lui fournir une annonce par jour. Il y ajoute un geste sensible, un mot qui fait débat, un pas de côté qui prend la bulle médiatique à contre-pied. Ses adversaires sont anesthésiés. Les plus en vogue, il les exilent ou les invitent à sa table. Les journalistes s'épuisent à le suivre. Et voilà qu'il les divise et leur donne un nouvel os à ronger: supprimer la pub à la télé publique, c'est lui assurer des émissions de qualité. Faut-il applaudir ou taper des pieds?

     

    Pourfendeur des soixante-huitards, il n'hésite pas à récupérer leurs idées pour mieux les détourner ou les broyer avec le grain que moud les multiples missions et groupes de travail qu'il met en place. Ainsi la France est-elle menacée de tomber en panne de croissance, qu'il invite deux prix Nobel d'économie très en vogue dans les milieux alternatifs, Joseph Stiglitz (64 ans ) et Amartya Sen (74 ans) pour recompter le PNB de la France.

     

    Il s'agira, rapporte le Figaro de mercredi, de "réféchir aux limites de la comptabilité nationale et du PNB et à la meilleure manière de les surmonter pour que la mesure du progrès économique soit plus complète, qu'elle prenne mieux en compte les conditions réelles de la qualité de vie des Français".

     

    Il est vrai que le travail des mères au foyer n'est pas compté dans le PNB, ni le travail au noir. Et qu'en revanche, les accidents de la circulation et la production des usines d'armement concourt entièrement au calcul du PNB. Mais le président n'a pas proposé, je crois, de réduire l'activité des dites usines et de les transformer en machines à fabriquer le bonheur. "Le bonheur, note encore le Figaro, dont le professeur Layard, ex-conseiller économique de Tony Blair, a tenté d'établir une véritable "science". Selon lui, le premier critère d'une société heureuse est le nombre de gtens "qui pensent qu'on peut faire confiance aux autres"."

  • Le poids des jeunes

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    Ce matin, sur France Culture, un démographe rappelle quelques évidences. En 1960, l'Afrique comptait une ville de un million d'habitants. Elle en compte 30 aujourd'hui et avec une moyenne de 4 à 8 enfants par femme selon les pays. A ce rythme, le nombre de villes décuplera d'ici 2050. Au Niger, plus d'un homme sur deux a moins de 25 ans et 40% de la population aurait moins de 15 ans. Comment scolariser même sommairement cette jeunesse. Comment transmettre une culture dans des pays qui n'ont connu souvent que l'affrontement et parfois la terreur? Assurément l'Afrique perd la mémoire.

     

    Au même moment de passe devant cette affiche sensée interpeller les Suisses sur notre problème de société. La curiosité de ce placard, c'est l'absence du sujet. Il ne reste plus que le jouet. Au fond ce visuel campe parfaitement notre situation, celle d'une population vieillissante qui se préoccupe trop tard de son avenir et donc de ses enfants. Et qui face à sa propre disparition se dépense sans compter dans des gestes de mémoire (symbolique, informatique, urbanistique). Les archives comme les assurances vie, est-ce bien raisonnable?