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Gauche: l'analyse éclairante de Pascal Lamy

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lamy_image02.jpgPeu de gens le savent à Genève, mais Pascal Lamy se revendique du courant socialiste. On comprend mieux ainsi pourquoi le référendum lancé par la gauche contre l'extension  de l'OMC est ringarde et petite bourgeoise. Le socialiste Lamy dirige l'OMC. L'OMC n'est certes pas le meilleur des monde, mais un monde sans l'OMC serait pire que ce monde.

Dans un long entretien qu'il a accordé au journal Le Monde, le "Genevois" Lamy - pour quelque temps encore, à moins que, comme Kofi Annan, il ne s'installe définitivement dans la région - analyse la lente mais peut-être inexorable descente aux enfers du Parti socialiste français. Son propos est également éclairant pour Genève dont les partis, on le sait, se calquent plus volontiers sur le modèle français que sur le modèle suisse, nonobstant le mode de scrutin proportionnel qui maintient une diversité de partis gouvernementaux que la France ne connaît plus depuis l'avènement de la cinquième République.

Que dit Lamy?

Principalement que le discours de la gauche restera inaudible et en marge de la réalité, tant qu'elle n'aura pas inclus la mondialisation dans sa réflexion. Tant également qu'elle ne parviendra pas à proposer des limites politiques, c'est à dire organisationnelles, crédibles, au capitalisme de marché non plus dans les termes classiques de la propriété collective contre la propriété privée ou de l'égalité contre la liberté mais dans une troisième perspective: "Quelles sont les limites anthropologiques à la pression consumériste sur le statut des personnes?"

"Alors que la concurrence est le concept fondamental de la droite, la solidarité est celui de la gauche. Je pense, dit Lamy, que l'écologie est une dimension de la solidarité." Voilà qui sonne comme une condamnation du mouvement écologie libérale qui tente ces jours de devenir un parti dans le canton de Vaud, mais demeure un mouvement dans le canton de Genève. Un mouvement singulièrement absent de la campagne électorale jusqu'à présent.

Comment penser la solidarité au niveau mondial demandent les journalistes Gérard Courtois et Frédéric Lemaître? 2Les instruments de la solidarité sont forcément des instruments d'organisation et de contraintes collectives, ce qui soulève immédiatement la question de leur légitimité."

Une réponse cinglante qui est une critique sévère du discours libéral, où le bien commun devrait découler comme par enchantement d'une gouvernance light et d'un sens des responsabilités élevés des individus. Ce qui est une fiction, car il suffit de quelques moutons noirs pour que toute une corporation se retrouve sur le banc des accusés. C'est le cas régulièrement des banquiers véreux, des médecins qui multiplient les examens inutilement ou des avocats qui cherchent la petite bête pour retarder les jugements.

A l'inverse les syndicats réclament à raison que les conventions collectives s'étendent à toutes les entreprises pour une raison tout à fait libérale qui consiste à éviter les distordions de concurrence. De même les paysans réclameront samedi que la régulation du marché du lait s'appliquent à toute la filière sans exception.

Pascal Lamy poursuit encore à propos de la légitimité de la gouvernance: "Jusqu'à présent, les seuls outils collectifs, dont nous disposons, résultent de processus démocratiques dont l'espace par excellence est celui de la nation. Nous devons partit à la recherche d'une démocratie-monde capable de légitimer une solidarité globale.

A Genève, le référendum contre l'OMCS [merci tatage] est municipal. Seul les citoyens de la Ville détermineront donc l'espace dévolu à cette institution mondial. C'est sans doute cela "penser global agir local!" Pauvre Genève!

Commentaires

  • C'est le grand problème de Genève, qui se veut ville internationale, centre d'une région transfrontalière, mais se révèle dirigée par des personnes qui seraient incapables de gérer un hameau.

  • Juste un petit détail : Lamy est socialiste, comme ségolène, mais n'est en tout cas pas de gauche.

    Lorsqu'il était à la tête de la commission européenne, il s'est évertué a appliqué une politique néo-libérale des plus dures.

    Pour ma part, j'ai une analyse toute différente : si les mouvements de gauches restent "inaudibles" c'est simplement que la majorité des media sont en main de conglomérat qui ont tout intérêt à promouvoir des politiques néo-libérales ... et les journalistes qui y travaille comprennent vite que s'ils veulent une perspective d'avenir dans le groupe, ils ont intérêts à ne pas avoir un oeil trop critique sur le Dogme.

    Sinon, petit lapsus, qui montre l'amalgame que vous croyez faire passer : vous avez écrit "A Genève, le référendum contre l'OMS est municipal.[...]" ...

  • "A Genève, le référendum contre l'OMS est municipal. Seul les citoyens de la Ville détermineront donc l'espace dévolu à cette institution mondial."

    L'OMC n'est pas l'OMS! Institutions mondiales toutes les deux, mais bien différentes. Attention aux confusions ;-)
    http://www.wto.org/french/thewto_f/cwr_f/cwr_f.htm

  • Sur la pression "anthropologique" :"La politique de l'Oxymore" de Bertrand Méheust. Ed. La Découverte...

    sur la pensée unique l'irremplaçable: "Manufacturing Consent" E Chomsky et Herman (en traduction française:"La fabrique du consentement" chez Agone)

    et bien sûr : "La montés de l'Insignifiance" de Castoriadis au Seuil.

    Les deux derniers ne datent pas d'hier!


    bonne lecture.

    p.s.Que vient donc faire l'extension des bâtiments de l'OMC dans ce contexte?

  • Saines lectures Azrael!

    En effet, l'extension de l'OMC n'a pas grand chose à faire ici... cela dit, l'article de Lamy dans le Temps du jour est étonnamment lucide et intéressant : la pression consumériste, les limites anthropologiques du capitalisme, on est en plein dans les idées de la décroissance! Sauf que celles-ci sont antinomiques avec les politiques criminelles menées par l'OMC depuis sa création... "faites ce que je dis, pas ce que je fais"!

  • @ Djinius,

    C'est marrant ce que vous dites.Car pour beaucoup de libéraux et des gens de droite,les médias et les journalistes sont des ramassis de gauchistes.

    D.J

  • Azrael et Sandro, croyez-vous sincèrement, de bonne foi, que le référendum contre l'extension de l'OMC existerait s'il s'agissait par exemple de l'OMS ?
    Bien sûr que non.
    Salika Wenger me prétendait la même chose... Que c'était juste une histoire de parc, et que cela n'avait rien à voir avec l'OMC, qu'il était évident pour tout le monde qu'il faut une organisation pour réguler le commerce mondial. Sauf que lors de sa récolte de signatures, Salika allait chercher les personnes du 3ème âge une par une dans la rue pour leur expliquer que c'était à cause de l'OMC que la poste de leur quartier avait ou allait fermer et qu'il y avait du chômage et qu'il fallait donc signer le référendum...
    Lorsque l'on voit fleurir sur les murs de Genève des petits auto-collants bleus "détruisons l'OMC", croyez-vous sincèrement qu'il ne soit pas pertinent de rappeler que tout est lié et que l'extrême gauche se plante dans les très grandes largeurs en diabolisant l'OMC depuis dix ans à Seattle?
    Que, par exemple, la non-signature des accords de Doha, due en grande partie à la pression des mouvements altermondialistes sur les gouvernements démocratiques des pays riches, a causé un tort considérable aux pays en développement en leur fermant nos marchés et en permettant le maintien de subventions abusives ?
    Mais c'est logique, l'altermondialisme n'est rien d'autre que la manifestation de classe des pauvres et des jeunes des pays riches qui refusent de partager avec les vrais pauvres, ceux du sud.
    "Ceux" du sud comprenant même les cadres de ces pays, qui gagnent moins qu'un rmiste en France. L'assistance sociale minimale à Genève ou à Lausanne égale ou dépasse le salaire de ministres de plusieurs pays africains. Hors, même si le coût de la nourriture de base n'est pas le même, celui des biens de consommation (voiture, frigo, téléphone, thon en boîte etc... ) est au moins aussi élevé en Afrique.
    Les 3/4 des membres de l'OMC sont des pays en développement, et chacun à l'OMC peut faire entendre sa voix. Il est évident qu'une forme de gouvernance mondiale est devenue nécessaire et qu'elle doit être démocratique. Ce qui forcément affaiblira notre leadership occidental, car nous ne sommes pas majoritaires. Mais c'est le prix à payer pour une planète plus sûre, plus équilibrée socialement et écologiquement...
    Cela permettra aussi d'éviter une 3ème guerre mondiale qui serait forcément nucléaire, car si elle ne l'est pas, l'Europe et les Etats-Unis périront sous le nombre. Et si elle l'est, c'est l'holocauste puissance dix.
    Djinius, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas. J'ai rencontré au Cambodge et en Afrique des gens, nombreux, qui sont infiniment reconnaissants de ce que Lamy a fait, à la commission européenne, pour soutenir le développement de leurs pays, pour lutter contre la vraie misère. Pas celle de socialistes fonctionnaires ou même salariés du privé ou même assistés genevois... Concrètement, son action a permis de créer des centaines de milliers d'emplois, peut-être des millions. Là où il n'y avait rien.
    Le protectionnisme mène à la guerre, tous les historiens vous le diront. Et les trois pouvoirs législatif, exécutifs et judiciaires sont nationaux alors que l'argent, lui est global, depuis maintenant pas mal de temps. On ne reviendra pas en arrière, car c'est un progrès considérable et un gage de paix pour l'avenir. Mais il faut que les trois pouvoirs, législatifs, exécutifs et judiciaires deviennent globaux eux aussi. Et le plus tôt sera le mieux, pour pouvoir encadrer l'argent et lui fixer des règles. Mais pour comprendre cela, il faut jeter ses lunettes du XXème ou même du XIXème siècle et ouvrir les yeux sur le monde moderne, un monde qui bouge très vite.
    Les accords actuels sur la fiscalité vont dans ce sens. La Suisse va y perdre, c'est certain. Elle va y gagner aussi, d'abord parce qu'en échange, elle recevra des informations sur les résidents helvètes qui ont des comptes à l'étranger, en France voisine par exemple, dans le cas de Genève. Et sur le plan moral, elle n'aura plus ce sentiment diffus de profiter des malheurs du monde et de vivre en parasite sur les fortunes bâties ailleurs.
    Avec une structure mondiale établie, les petits dictateurs locaux pourraient être traduits en justice s'ils dérogent aux règles, comme par exemple d'arrêter ou de retenir des gens en otage sans raison valable.Et les accords sur la fiscalité concerneraient TOUS les paradis fiscaux, même ceux encore protégés par les grandes puissances. C'est un travail de longue haleine, ne serait-ce que pour convaincre les opinions publiques de la Chinamérique, qui cherche à se profiler en leader bipolaire global... Un jeu risqué pour tout le monde, mais il n'y a pas que la géopolitique qui soit sur le tapis.
    Comment faire pour améliorer le sort des plus pauvres sans passer par la case croissance économique générant un pression accrue sur l'environnement ? C'est l'une des questions que j'ai posées dans mon film "Le Secret des Dieux", aux leaders de la planète et à ceux de l'extrême-gauche. Personne n'a de réponse miracle, mais les dirigeants du monde essaient, réfléchissent, agissent. L'extrême-gauche n'a aucun début de réponse. Elle n'essaie même pas, se contentant de critiques très arrêtées et souvent fausses de ce qui s'est fait jusqu'à présent.

  • Je précise qu'en vérité, l'OMC n'est évidemment pas responsable de la disparition des postes de quartier. C'est un choix économique de la direction de la poste, dont l'ayant droit économique reste la Confédération, donc chacun d'entre nous, qui a décidé que cela lui coûtait trop cher d'entretenir des employés en nombre et qu'il était préférable que ses clients propriétaires (donc nous) fassent davantage la queue ou doivent aller plus loin pour trouver un guichet.
    A aucun moment l'OMC n'a dit qu'il fallait fermer le moindre bureau de poste, elle n'en aurait d'ailleurs pas le pouvoir. En revanche, les accords passés par les Etats membres entre eux prévoient l'ouverture à la concurrence. Ce qui à priori profite au client. Libre ensuite à chaque gouvernement de décider ou non de maintenir un service public là où le privé ou les autres concurrents ne vont pas. De le décider en connaissance de cause, en payant le vrai prix.

  • Au dela de savoir si l'OMC fait du bon boulot ou non et cette histoire de parc publique, il y le sentiment de frustration qu'on certains genevois vis à vis des organisations internationales. En effet, leurs employés sont considéré souvent comme des privilégiés, qui on des parkings gratuits devant leurs bureau. Ils peuvent acheter des produits détaxés et ne payent pas d'impôts. Dans un petit canton comme Genève, dans un lieu très convoité (les rives du lac), l'attitude de l'OMC est un peu arrogante. De plus, beaucoup souhaiteraient voir l'OMC faire ses valises, car elle source de manifs et donc de nuisances.

  • j'ai rencontré au Cambodge et en Afrique des gens, nombreux, qui sont infiniment reconnaissants de ce que Lamy a fait, à la commission européenne, pour soutenir le développement de leurs pays, pour lutter contre la vraie misère. Pas celle de socialistes fonctionnaires ou même salariés du privé ou même assistés genevois...

    Cher Philippe, que vous fricotiez avec les élites corrompues du Tiers-Monde qui profitent temporairement de la mondialisation ne regarde que vous.je suis en revanche un peu moins tolérant avec un citoyen français qui traite certains genevois d'assistés. Pour qui vous prenez-vous pour vous prononcer de la sorte? sachez monsieur Souaille que lorsque l'on n'a pas le droit de cité, et vous ne l'avez pas, on évite de se mêler de la vie politique locale, en particulier pour vomir de telles âneries. Allez proposer vos services à Bayrou, il adore s'entourer de nains pour conserver son pouvoir, vous êtes le candidat idéal. quant à vos commentaires historiques, achevez vos études universitaires et on en parlra plus tard.

  • Anastase, les nains de Bayrou vous saluent bien.
    Parmi les gens que j'ai rencontrés, il y avait des travailleurs et des travailleuses, comme dirait Arlette, tout simplement ravis d'avoir un job certes mal payé en regard de nos standards occidentaux, mais multipliant par trois ou quatre le revenu d'un ménage de petits paysans. Ce qui leur permet de payer les médicaments, les frais scolaires des enfants et un peu de protéine de temps en temps.
    Ce n'est pas beaucoup, mais c'est beaucoup mieux que rien, et c'est surtout le mieux de ce qui est possible, car personne n'a de baguette magique pour faire passer d'un coup le revenu d'un paysan dans un PMA de 25 Francs par mois (et encore les bonnes années) à 2500 francs par mois, revenu d'un asssisté genevois.
    Car il y a des assistés genevois, et c'est très bien que ces aides existent, elles sont d'ailleurs dues à l'initiative d'un éminent radical de mes amis depuis 30 ans, un vrai visionnaire, Guy-Olivier Segond. Mais elles doivent être un tremplin, aider à remonter à la surface lorsqu'on touche le fond, pas un oreiller de paresse comme c'est malheureusement souvent le cas.
    J'ai le droit de le dire, et j'aurais même le droit de le dire, selon moi, si je n'étais qu'un frontalier payant, sur le fruit de son labeur, les impôts qui permettent de financer ces aides aux divers cas sociaux de la République. Il se trouve que si j'ai longtemps été frontalier, bien que résident en Suisse depuis l'âge de six ans, je ne le suis plus. J'ai un passeport suisse qui me donne les mêmes droits de cité que vous. Pour autant que vous l'ayez vous-même, M. le censeur anonyme.
    Vous êtes mieux renseigné sur mes études universitaires (en dépit de vos fautes de frappe) que j'ai effectivement interrompues en refusant de réécrire mon mémoire de diplôme en ethnologie de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EPHE VIè section), équivalent d'une maîtrise de 2ème cycle, parce qu'un éminent professeur n'était pas d'accord sur mes constatations et mon analyse, qui remettaient en cause ses convictions et son travail.
    Tant qu'à faire d'être subjectif, autant l'être officiellement ais-je alors pensé et j'ai choisi le journalisme, ce qui m'a valu d'entrer à la Tribune de Genève. Je m'en félicite encore aujourd'hui.
    Accessoirement et c'est le plus important, si quelqu'un avait une baguette magique pour faire que d'un coup tous ceux qui travaillent avec acharnement dans le monde aient des revenus au moins équivalents à ceux qui ne font rien à Genève, nous aurions une catastrophe écologique de première grandeur sur les bras. Donc il devient urgent de repenser tout le système... C'est en vomissant ce genre d'âneries que j'ai fâché l'un de mes profs. Le constat n'en reste pas moins vrai...

  • Un gouvernement mondial pour rendre cohérente la politique de solidarité, c'est vrai que c'est ce qui manque. Le socialisme restreint aux limites d'une nation, alors que le commerce ne s'y restreint pas, n'a pas de vrai sens. L'écologie est du reste dans le même cas, mais précisément, je trouve que les écologistes sont souvent plus unis d'un pays à l'autre que les socialistes, qui sont souvent enracinés dans la classe des notables propres à chaque pays. Pour les radicaux, je crois que souvent ils ont un tel culte de la Cité, à la manière antique, qu'ils sont fréquemment eux aussi liés, sur le plan de la solidarité, à un seul pays (au moins dans leur esprit, sur le plan psychologique), tandis que leur libéralisme naturel, hérité de Voltaire, les fait quand même prôner le commerce mondial.

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