Gauche: l'analyse éclairante de Pascal Lamy (28/08/2009)

lamy_image02.jpgPeu de gens le savent à Genève, mais Pascal Lamy se revendique du courant socialiste. On comprend mieux ainsi pourquoi le référendum lancé par la gauche contre l'extension  de l'OMC est ringarde et petite bourgeoise. Le socialiste Lamy dirige l'OMC. L'OMC n'est certes pas le meilleur des monde, mais un monde sans l'OMC serait pire que ce monde.

Dans un long entretien qu'il a accordé au journal Le Monde, le "Genevois" Lamy - pour quelque temps encore, à moins que, comme Kofi Annan, il ne s'installe définitivement dans la région - analyse la lente mais peut-être inexorable descente aux enfers du Parti socialiste français. Son propos est également éclairant pour Genève dont les partis, on le sait, se calquent plus volontiers sur le modèle français que sur le modèle suisse, nonobstant le mode de scrutin proportionnel qui maintient une diversité de partis gouvernementaux que la France ne connaît plus depuis l'avènement de la cinquième République.

Que dit Lamy?

Principalement que le discours de la gauche restera inaudible et en marge de la réalité, tant qu'elle n'aura pas inclus la mondialisation dans sa réflexion. Tant également qu'elle ne parviendra pas à proposer des limites politiques, c'est à dire organisationnelles, crédibles, au capitalisme de marché non plus dans les termes classiques de la propriété collective contre la propriété privée ou de l'égalité contre la liberté mais dans une troisième perspective: "Quelles sont les limites anthropologiques à la pression consumériste sur le statut des personnes?"

"Alors que la concurrence est le concept fondamental de la droite, la solidarité est celui de la gauche. Je pense, dit Lamy, que l'écologie est une dimension de la solidarité." Voilà qui sonne comme une condamnation du mouvement écologie libérale qui tente ces jours de devenir un parti dans le canton de Vaud, mais demeure un mouvement dans le canton de Genève. Un mouvement singulièrement absent de la campagne électorale jusqu'à présent.

Comment penser la solidarité au niveau mondial demandent les journalistes Gérard Courtois et Frédéric Lemaître? 2Les instruments de la solidarité sont forcément des instruments d'organisation et de contraintes collectives, ce qui soulève immédiatement la question de leur légitimité."

Une réponse cinglante qui est une critique sévère du discours libéral, où le bien commun devrait découler comme par enchantement d'une gouvernance light et d'un sens des responsabilités élevés des individus. Ce qui est une fiction, car il suffit de quelques moutons noirs pour que toute une corporation se retrouve sur le banc des accusés. C'est le cas régulièrement des banquiers véreux, des médecins qui multiplient les examens inutilement ou des avocats qui cherchent la petite bête pour retarder les jugements.

A l'inverse les syndicats réclament à raison que les conventions collectives s'étendent à toutes les entreprises pour une raison tout à fait libérale qui consiste à éviter les distordions de concurrence. De même les paysans réclameront samedi que la régulation du marché du lait s'appliquent à toute la filière sans exception.

Pascal Lamy poursuit encore à propos de la légitimité de la gouvernance: "Jusqu'à présent, les seuls outils collectifs, dont nous disposons, résultent de processus démocratiques dont l'espace par excellence est celui de la nation. Nous devons partit à la recherche d'une démocratie-monde capable de légitimer une solidarité globale.

A Genève, le référendum contre l'OMCS [merci tatage] est municipal. Seul les citoyens de la Ville détermineront donc l'espace dévolu à cette institution mondial. C'est sans doute cela "penser global agir local!" Pauvre Genève!

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