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  • Stop! Écoutez cet épisode des Racines du ciel toutes affaires cessantes

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    Je l'avais je crois déjà entendu dans cette émission matinale et qui réveille. Mais ce matin - lendemain de Saint Valentin ? - son propos, sa science, sa synthèse de ce qu'elle a découvert dans la relecture de la Genèse en hébreu, des liens qu'elle tissent avec le soufisme, la médecine chinoise, la kabbale, le christianisme oriental, le bouddhisme me sont apparus comme autant d'éclairs, de portes rouvertes vers une compréhension de la religion enfin libérée des interprétations enfantines, infantilisantes, culpabilisantes, qu'en font les clercs, trop souvent au service ou esclaves des pouvoirs politiques et économiques.

    Même Satan prend une allure nouvelle dans la voix de cette femme dont on entend la joie débordante. Elle connaît les textes dans leur intimité. Elle ne leur fait pas dire des choses nouvelles ou inconnues. Rien qui ne soit connaissable d'un lecteur attentif. Et qui était connu.

    Pourquoi, demandent les deux animateurs de l'émission, qu'on sent sous le charme, le catéchisme ne l'enseigne pas? Parce que l'église s'est muée en une église enseignante et une église enseignée, or l'église enseignante a perdu cette connaissance qu'avaient les Pères de l'église. Et parce que ces choses s'expérimentent plus qu'elles ne s'apprennent, c'est un cheminement, c'est une découverte de soi, accompagnée, guidée sans doute, mais qui s'inscrit dans une quête faite de mutations successives et balisée d'épreuves redoutables que le Christ à toutes franchies. Annick De Souzenelle ose une autre explication qui me plaît bien: L'homme doit encore mûrir pour que le fruit se forme. Belle idée qui dit que nous ne sommes pas prédestinés...

    Quelques fulgurances:

    "Ève n'est pas tirée de la côte d'Adam, elle est son côté." Comme les humeurs de l'humain ont de tout temps été symobolisé par les animaux que l'humain doit nommer pour les maîtriser. Son côté, devenu la femme, est aussi son inconscient qu'il doit découvrir pour être, lui et elle, pleinement homme. 

    "Les Sephiroth sont un peu comme les chakras indiens." La Kabbale est très présente dans la connaissance d'Annick De Souzenelle. Est-ce la raison qui fait que cette prêtresse est tenue à l'écart par les théologiens? A entendre sa joie de vie, à la veille de sa mort, - une folle diront les rationnels et ceux qui ne croient en rien - elle fait plus envie que les gueules d'enterrement des cardinaux de la Curie romaine, dont François a osé - c'est un grand pape -dénoncer les quinze maladies avant Noël.

    "Au commencement était le verbe...", lit-t-on dans la Genèse, ne signifie pas qu'il y a un commencement dans un passé fini. Il faudrait plutôt lire, dit Annick De Souzenelle, non pas Au commencement mais Dans le principe. Ce qui soudain, en effet, projette ce commencement dans un présent éternel qui nous concerne à chaque instant.

    Et pourquoi, y a-t-il tant de traditions, tant de religions, demandent encore Frédéric Lenoir et Leili Anvar? Les religions sont comme l'arc en ciel dont les couleurs ne sont que le spectre d'une unique source de lumière blanche, répond Annick De Souzenelle.mabut

    image.jpgTrouvez une heure dans votre agenda, posez-vous dans un fauteuil, plantez un casque sur vos oreilles, allez chercher le podcast de l'émission Les Racines du ciel de ce 15 février sur France Culture. Et écoutez, sans préjugé, sans stress, mais avec attention. Je vous préviens, c'est très dense, c'est même assez rock 'roll. Pas au sens du King, mais au sens du retournement, devant lequel le monde est, dit Annick De Souzenelle, grande prêtresse du jour, une femme (d)étonante, une femme qui accomplit ce que dit le poète: la femme est l'avenir de l'humain.

  • Quand hommes et femmes étaient séparés à l'église de Compesieres

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    Les chanteuses et les chanteurs ne se retrouvaient ensemble qu'aux fêtes carillonnées, Noël, Pâques, l'Ascension, Pentecôte, la Fête Dieu, L'Assomption, la Toussaint et quelques autres.

    Vatican II a bouleversé ces traditions séculaires. Quelques cierges restent allumés, mais le mystère semble avoir disparu. Et plus grand monde ne croit à la présence réel du Fils de Dieu dans le pain et le vin consacré. Plus grand monde ne semble croire à grand-chose d'ailleurs.

    Je pense à cette histoire vieille de 50 ans, en regardant Temps présent sur les imams actifs en Suisse L'émission de ce 30 avril est heureusement bien plus pointue que celle de la veille. Mais elle n'échappe pas à la caricature. Le script tire excessivement parti de la vidéo de Blanchot. S'il est si minoritaire, pourquoi diffuser ce brûlot aussi longtemps? Et pourquoi cette image d'une décapitation? Elle est odieuse. Temps présent en l'associant à son émission sur l'islam en Suisse alimente la polémique, accrédite l'idée que cette assassinat serait le vraie, l'ultime visage de l'islam. Tout comme d'aucuns considèrent que la Shoah n'est au fond que le stade ultime de l'antisémitisme ou que le goulag est le vraie visage du communisme.

    Bon point en revanche pour le quiz. Démonstration efficace que, sans joker, les imams sont bien contraints de de répéter la doxa de ceux qui les paient. Mais là encore un gros bémol. Les trois questions posées ne sont que des caricatures de l'islam. On trouve dans Saint Paul et dans la Bible des phrases qui pourraient aisément transformer le christianisme en une religion obscurantiste: sur le péché originel, sur les femmes, sur la virginité, sur les homosexuels, sur la résurrection de la chair, sur la foi seule salvatrice, sur la communion des saints, sur Dieu même, que toute l'iconographie représente au masculin.

    Islam et christianisme ont sans doute béni des canons, mais ces religions sont aussi des creusets du vivre ensemble, de l'amour du prochain, de la solidarité, de la justice, de la résistance contre le mal, de l'espérance et de la foi qui fait bouger les montagnes et donne un sens à l'absurde couple du hasard et de la nécessité. 

    Temps présent a raté cette cible. 

    Quant à l'Islam, il lui faudra sans doute plus d'un concile pour se réformer et accepter que la foi religieuse et les savants qui l'interprètent ne peuvent pas imposer leur loi à toute la société, même là où les musulmans sont majoritaires.

    Quant au monde occidental, il a trop d’injustices et d'exactions à son bilan, trop à se faire pardonner pour donner des leçons de bonne gouvernance et exiger aujourd'hui un alignement des autres mondes sur son modèle.

    Capture d’écran 2015-04-30 à 22.44.05.pngJe me souviens, enfant, avoir assisté à la messe, chaque dimanche à 10 heures, et aux Vêpres, à 15 heures,  dans ma paroisse de Compesières. Les chanteuses étaient installées dans la nef. Le choeur des hommes était perché sur la galerie, blotti contre le grand orgue. Son souffle puissant transformait en épopées lyriques et fantastiques les histoires du Tohu Bohu, d'Adam et d'Ève, du Déluge, des Dix Commandement, de Samson, de la Passion et de la Résurrection. L'islam était alors un mot inconnu.

    Point de femmes dans le chœur de l'église. Les grands mères  portaient un chapeau, un foulard ou une mantille. Les grands-pères enlevaient leur couvre-chef. Le curé tout de noir habillé sondait régulièrement  les âmes des fidèles dans une boîte grillagée. Il officiait à l'autel, surchargé de fleurs et de cierges et parfois enveloppé d'un brouillard odorant, l'encens. Le mystère était présent comme le Christ dans l'hostie. Une fois l'an, il bénissait les maisons et les moissons. Point de filles parmi notre cohorte d'enfants de chœur, qui servions la messe en latin, à 7h30, juste avant l'école... 

  • L'écospiritualité de Marie Cénec, une démocratie-chrétienne peinte en vert?

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    monod cenec.jpgQuelque 80 chrétiens des trois confessions écoutent sagement. Marie Cénec donnait hier soir à Lancy sa conférence de Carême à l'invitation du groupe œcuménique de Genève Sud. La pasteure retombe enfin sur ses pieds et cite ses sources (Corinthiens 15 36 notamment). Si le grain ne meurt, il ne porte pas de fruit... Le passage par la mort est au cœur du message chrétien. Paradoxalement, c'est sur ce chemin qu'on découvre la joie. Simplement. C'est à la portée de chacun. Il suffit de débrancher, dit Marie Cénec qui avoue être accro au téléphone portable, d'arrêter la course folle du quotidien, de faire des choix, bref de faire carême. Le propos s'éclaire soudain. Mais quel rapport avec l'écospiritualité?

    L'écospiritualité (un mouvement qui remonte aux années 80), c'est comme l’œcuménisme, résume Marie Cénec, c'est s'inscrire dans un vivre ensemble. C'est donc mobiliser les ressources de la spiritualité - ce grain qui germe et mue et devient cent grains vigoureux, la saison venue - pour nourrir un engagement. Bref, un vivre ensemble animé par les fins fraternelles, solidaires, justes, équitables, sobres, pacifiques de la bonne nouvelle dont les chrétiens sont les porteurs. En quelque sorte, me dis-je in petto dans un raccourci un brin réducteur, une écologie chrétienne, ou, pour citer le seul mouvement politique qui l'affiche dans son nom, une démocratie chrétienne peinte en vert vif car l'urgence est là. Il faut sauver la maison commune.

    Marie Cenec ne cite évidemment pas le courant politique, qui s'est embourgeoisé, pas davantage l'encyclique Lautato Si de François, un pape qui s'efforce de se libérer de la chrysalide desséchée qu'est la Curie et l’histoire longue et terrible du Vatican. Mais la pasteure s'inscrit manifestement dans cette veine... 

    On a donc osé une question d'actualité politique: La terre est limité, dites-vous, ce fait, posé d'emblée au début de la soirée comme une évidence et que personne ne semble contester, reste tout de même à démontrer, mais posons-le comme pertinent, que pensez-vous dans ce cas du discours émergent 2) qui veut stopper la croissance de la population voire réduire le nombre des humains sur la terre?

    Question délicate, commence Marie Cénec,... la difficulté est de tenir un discours de responsabilité sans tomber dans un propos alarmistes, terrorisant d'une fin du monde annoncée... L'écologie doit prendre garde à ne pas devenir une dictature... Je crois que je ne vais pas répondre à la question... Puis elle ose ce dernier propos: Ici, nous contrôlons les naissances et c'est bien, c'est un geste de solidarité, ça compense un peu la natalité ailleurs... Un ange passe, les politiques natalistes dans une main, le planning familial dans l'autre.

    Une autre question, dit l'animatrice qui tire la pasteure de cette pente glissante.

    Philippe Roch est présent dans la salle. C'est lui qui a converti Marie Cénec à l'écospiritualité. Il ne dit rien. Il mène un autre combat. On lui tient les pouces.

     

    Source: Pain pour le prochain, section transition intérieure

     

    1) "La mort est en nous, avec nous, mais nous développons toutes sortes de stratégies pour en fuir la conscience. Cette esquive coïncide avec le refus des limites de la planète. Il nourrit la démesure suicidaire et la destructivité à l’œuvre dans le monde..." Aunis commence la conférence de Marie Cénec qu'on peut relire sur le site trilogies.ch (entre le cosmique l'humain et le divin)

    2) Émergent mais aussi récurrent. Le malthusianisme a toujours existé. La peur de manquer, la quête de l'espace vital, la peur de mourir sous l'avalanche humaine, polluante et agressive, a il y 12 ans déjà inspiré un fameux thriller à Jean-Christophe Rufin: Le Parfum d'Adam, un avant-goût des réducteurs de têtes actuels qui bouillent dans la marmite verte, dont je recommande la lecture à l'auditoire. 

     

     

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    Au bout d'une demi-heure de glose sur notre finitude 1), je me dis: comment une femme, dont le genre peut seul - jusqu’à présent - donner la vie, comment un esprit aussi vif, peut-elle parler de la mort à un auditoire dont l'âge moyen a dépassé largement celui de l'AVS.

    Cette mort est horrible témoigne l'oratrice qui s'y connaît. Pourtant,  elle est là, présente tous les jours. Pas un un ne passe sans que des millions de nos cellules meurent et se renouvellent. Jusqu'à l'instant final où, même si l'on croit en la vie éternelle, plus jamais ce ne sera comme avant.  

    Cependant, "à ne plus accepter de mourir – ce qui se traduit par les excès du transhumanisme ou du « prolongisme » – l'humanité est prise dans une fuite en avant qui semble contribuer de manière de plus en plus active à l’extinction de son espèce… C’est une forme de logique suicidaire dans laquelle notre espèce s’est engagée."