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Vu du Salève - Page 325

  • À Bénarès, je retombe en enfance

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    Les cloches, les tambours, les flûtes, les trompes des temples ne s'arrêtent que quelques heures par jour. Et quelques heures au mitan de la nuit. De 11 heures à 16 ou 17 heures, les dieux et leurs servants font la sieste. Tous les hommes n'ont pas ce loisir et continuent à trimer toute la journée. Les frappeurs d'instruments doublent d'ardeur pendant les fêtes qui sont nombreuses en Inde, un peu comme chez nous, naguère, quand les saints étaient à la fête. S'ajoute le fléau des hauts-parleurs. La rumeur monte partout, dans une compétition entre les quartiers qui prend des airs de défi et accroît les tensions, quand les voisins sont poli- et monothéistes. Alors les militaires sont mobilisés, armes à la main, gilets par balles, détecteurs de métaux, fouilles corporels.

    Tel est le quotidien des habitants de deux quartiers de la vieille ville de Bénarès. Du côté du Dasaswamedh, le Gast des dix chevaux sacrifiés, le bazar indien étend ses venelles tortueuses. Au bord du fleuve, à 19 heures le soir et 6 heurs le matin, monte la prière à Ganga, la mère Gange, et à quelques autres avatars de Shiva, né ici. Du côté du Harishchandra gaht, s'étend un quartier musulman. Tous les jours, une centaine de crémations - les guides improvisés affirment que 200 à 300 tas de bois brûlent chaque jour.

    Entre les deux un temple hindou, le temple de Vishwanath, dont les coupoles portent 800 kilos d'or, et une mosquée, laquelle, nous dit un desservant du sanctuaire hindou, a été bâtie sur les cendre d'un temple dédié à Vishnu. Ambiance... Un peu comme si, à Genève, Saint-Pierre était flanqué d'une mosquée ou que les catholiques rappellaient que la cathédrale fut la leur durant trois siècles et qu'elle a été bâtie sur une première église remontant ou IVe ou Ve siècle...

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  • En Inde, l'alcool, l'air des villes et le Gange sont frelatés

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    L'alcool indien fabriqué localement est souvent frelaté, met en garde Lonely Planète. Des distillateurs y ajouteraient de l'alcool méthylique. Une pratique qui ferait des dizaines de morts par an. La mort dit aussi le guide n'est ici qu'un passage dans une long voyage, de vie en vie, dont les sages indiens ont tenté depuis des millénaires, sur les bord de l'Indus, puis, il y a 1500 ans, après la colonisation des Aryens, venus des steppes au nord de l'Afghanistan, de comprendre le sens, la forme et la raison, afin d'en raccourcir la durée et d'en précipiter le terme. Mourir à Varanasi serait une manière de mettre un terme au cycle des reincarnations dont on ne dit pas s'il est divin ou infernal. Un questionnement bien occidental au demeurant dans ces contrées où la fin ne justifie pas les moyens, car la fin demeurant inconnue, la sagesse consiste seulement à bien faire son chemin

    Dans une des deux mosquées, celle de l'est, qui gardent le Taj Mahal, l'Etat indien à fait installer une station de mesure de la qualité de l'air. L'air qui s'ecoule et envelope le joyau d'Agra est pur, affirment les instruments officiels. Ils prouvent que la pollution des villes - l'Inde est le 5e pays le plus pollué du monde, selon un article du Times of India du 3 février - n'atteint pas les proches campagnes...

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  • Les feuilles d'or de Sarnath et la sébillle des mendiants

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    À Khajuraho, village de quelque 7000 habitants, des statues suggestives attirent la foule des touristes. Des investisseurs ont donc construit un aéroport. Une seconde aérogare tout en verre sera inaugurée l'an prochain. L'avion met ces temples de l'an 1000 à une petite heure d'Agra ou de Varanasi. Pour rejoindre cette ville sainte, vieille de 4000 ans et grosse aujourd'hui de plus d'un millions d'âmes, à son aéroport, dont la nouvelle aérogare porte le nom de l'enfant du pays, un premier ministre de l'Inde libérée du joug anglais, dont plus personne en Occident ne se souvient du nom tant les Nehru et autre Gandhi sont omniprésents, il faut plus d'une heure de route.

    On emprunte la même route chaotique et encombrée pour rejoindre Sarnath, où Bouddha commença sa prédication. L'hindou dit à ses cinq premiers moines, il y a 2500 ans environ, un sermon, qui est pour les bouddhistes ce qu'est pour les chrétiens le sermon de Jésus sur la montagne ou pour les Juifs la table des Dix Commandements ou encore les premiers versets du Coran pour les musulmans.

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