Il n'avait pas tort Yves Scheller de dénoncer les dérives de l'enseignement genevois, notamment le "pack" des pédagogues de la Faculté de psychologie des sciences de l'éducation et ses dérives, qui, ayant mis l'enfant au centre de la classe et donc du monde, a fini par faire tourner une bonne partie des profs en bourrique. Mais il fut bien seul, hier soir, devant un auditoire Piaget à demi-plein, venu se forger une opinion à 12 jours de la clôture du scrutin du 17 mai sur la réforme du Cycle.
Sa défense de l'initiative 134 prononcé du ton doctoral du prof du collège - qui rêve au fond d'élèves brillants, à son niveau - a fait long feu. Personne ne l'a vraiment défendu. Au contraire, plusieurs intervenants dans les vingt minutes dévolues aux questions ont fustigé parfois maladroitement l'indiscipline et le bavardage de l'élève Scheller.
La critique était excessive. Elle a presque tourné au procès-d'intention. La tension est telle au sein du sanctuaire des enseignants que le premier déviant devient vite un bouc-émissaire. Le laïc Scheller a failli boire la coupe jusqu'à la lie. Mais au fond, il avait tressé les verges qui l'ont battu en infligeant, au baromètre de la Tribune, un 1 infamant au Cycle d'orientation sur un total de 10. C'était trop pour les profs de ce troisième cycle de l'enseignement obligatoire. Celui de l'âge ingrat. Le doyen des doyens s'est levé pour les défendre.
On ne fait pas ramer des matelots à coups de trique. Surtout lorsque les matelots sont des profs. Les élèves non plus d'ailleurs.