CO: Yves Scheller plombe l'initiative 134 malgré lui (05/05/2009)

Il n'avait pas tort Yves Scheller de dénoncer les dérives de l'enseignement genevois, notamment le "pack" des pédagogues de la Faculté de psychologie des sciences de l'éducation et ses dérives, qui, ayant mis l'enfant au centre de la classe et donc du monde, a fini par faire tourner une bonne partie des profs en bourrique. Mais il fut bien seul, hier soir, devant un auditoire Piaget à demi-plein, venu se forger une opinion à 12 jours de la clôture du scrutin du 17 mai sur la réforme du Cycle.

Sa défense de l'initiative 134 prononcé du ton doctoral du prof du collège - qui rêve au fond d'élèves brillants, à son niveau - a fait long feu. Personne ne l'a vraiment défendu. Au contraire, plusieurs intervenants dans les vingt minutes dévolues aux questions ont fustigé parfois maladroitement l'indiscipline et le bavardage de l'élève Scheller.

La critique était excessive. Elle a presque tourné au procès-d'intention. La tension est telle au sein du sanctuaire des enseignants que le premier déviant devient vite un bouc-émissaire. Le laïc Scheller a failli boire la coupe jusqu'à la lie. Mais au fond, il avait tressé les verges qui l'ont battu en infligeant, au baromètre de la Tribune, un 1 infamant au Cycle d'orientation sur un total de 10. C'était trop pour les profs de ce troisième cycle de l'enseignement obligatoire. Celui de l'âge ingrat. Le doyen des doyens s'est levé pour les défendre.

On ne fait pas ramer des matelots à coups de trique. Surtout lorsque les matelots sont des profs. Les élèves non plus d'ailleurs.

Le ministre socialiste de l'Instruction publique Charles Beer et le député démocrate-chrétien François Gillet qui présida la commission de l'enseignement auteure du contre-projet à l'initiative 134 n'ont pas eu de peine à expliquer le bien-fondé de leur projet. Au point, ils l'ont emporté haut la main. Même si Marc Fischer, président de l'ARLE, moins dogmatique que son compère de REEL, batailla ferme pour exposer les vertus de l'initiative qui veut plus de sélection dès la septième et réintroduit la note de discipline.

Ce que n'ont peut-être pas  compris les initiants, mais on ne peut leur en ternir rigueur, l'initiative 134 a été déposée avant le retour des notes à l'école primaire et la réintroduction du redoublement de la sixième, c'est que le gros des troupes du DIP a changé de casquette. Les tenants de la rénovation de l'hétérogénéïté, de l'élève au centre n'ont plus le vent en poupe.

Charles Beer et la majorité du Grand Conseil ont compris le message des deux votations, celle qui a refusé l'hétérogénéïté en 7e du Cycle et celle qui a réintroduit les notes au primaire. En outre, l'indiscipline d'un nombre croissant d'élèves, la violence, l'irrespect total, et la désinvolture de certains parents ont rendu nécessaire la défense des profs qui menaçaient sans doute de poser les plaques.

Pas au point de donner raison à l'initiative 134, mais assez pour rétablir le Cycle des origines, augmenté d'une bonne dose de soutien des élèves en difficutlé.

Cela ne suffira sans doute pas. Mais la consolidation proposée par le contre-projet, un compromis sans doute, inachevé certainement, est vraisemblablement un premier pas. Il en faudra encore beaucoup d'autres pour affronter les Chinois.

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